Est-on passé tout proche de l’arrêt du programme de Renault en F1 ces derniers mois ? Luca de Meo, le PDG de Renault, a confirmé que l’équipe aurait bien pu plier bagage, après des saisons décevantes en F1, marquées par une certaine stagnation.
Avec la crise Covid en effet, le groupe Renault était au bord du gouffre et son PDG a confirmé que sans son intervention personnelle, la tentation aurait été grande de devoir tout arrêter.
« Je me souviens que j’étais en larmes à la fin du Grand Prix de Hongrie (victoire d’Esteban Ocon, ndlr). Vous devez comprendre que cette équipe n’aurait probablement pas continué sans mon engagement en tant que PDG du groupe, car naturellement, quand une entreprise comme Renault au premier semestre 2020 perdait environ 8 milliards d’euros en six mois, la chose la plus facile à faire était de dire : "arrêtons la F1 parce que nous ne savons pas quel est le retour". »
Cependant c’est le projet Alpine qui a sauvé le projet Renault F1, poursuit de Meo.
« Mais j’ai dit, inventons un moyen de revaloriser quelque chose, et c’est pourquoi nous avons commencé avec le projet Alpine, qui va au-delà de la course. C’est une marque qui se construit avec ses produits, avec son réseau, avec son activité, qui a la course au cœur. Et cette activité va nous donner une visibilité, une crédibilité par rapport à tout le reste. C’était une façon d’utiliser les ingrédients d’une manière différente, de les combiner, d’avoir quelque chose qui, dans quelques années, pourrait générer des revenus. »
« Après 43 ans de jaune, beaucoup de gens chez Renault m’ont demandé : pourquoi voulez-vous peindre la voiture avec le tricolore français ? Mais maintenant tout le monde dans l’entreprise aime vraiment le projet, ils aiment Alpine. Nous le considérons comme la crème de la crème de notre organisation, cela donne de la fierté aux gens. Lorsque j’ai vu Esteban remporter le premier GP de l’histoire d’Alpine en F1, ce fut un moment important, car c’était une façon de dire que la décision que j’avais prise quelques mois plus tôt était la bonne. Maintenant, nous ne parlons plus de doutes. »
Il est frappant de noter que dans l’argumentaire de Meo, le rôle l’électrification, la pertinence de la F1 pour les voitures de route, n’occupent pas une grande place…
Quel est ainsi le rapport du PDG de Renault à l’électrification ? Voudrait-plus moins d’hybride en F1 et plus d’électrique pour la prochaine génération d’unité de puissance ?
« A mon avis, comme toute chose, le monde n’est pas que noir et blanc, il y a des gris, sinon ce serait un peu triste. Noir et blanc, pour moi, qui suis un "juventino" (supporter de la Juventus de Turin, ndlr), c’est très bien. Mais je pense que la F1 a du potentiel et c’est la discussion que nous avons pour les règles de 2025 à 2030, pour changer cette perception de non-durabilité. Lorsque nous parlons d’hybridation accrue, de carburants synthétiques... il y a beaucoup de potentiel. »
« Le moteur de la F1 est aujourd’hui le moteur à combustion le plus efficace au monde. Je ne suis pas un grand fan de l’électrique, car les voitures de course doivent faire du bruit. J’ai quelques idées sur la façon dont vous pourriez avoir un impact nul sur un moteur à combustion, mais je vais garder tout cela pour moi. »