Depuis que McLaren est repassée dans le giron Mercedes, Renault est le seul motoriste F1 à n’équiper qu’une seule écurie, la sienne, Alpine. Cette situation est bien sûr gênante pour Viry, qui ne peut compter sur l’accumulation des données, tout en ayant une écurie-sœur en moins, ce qui apparaît préjudiciable pour placer des jeunes pilotes comme Oscar Piastri ou Christian Lundgaard, récemment parti vers l’IndyCar, faute de baquets.
Pour autant, alors que la grille F1 reste bloquée à 20 voitures, de nouvelles équipes pourraient-elles devenir les clients de Renault dans un futur proche ? Sans dévoiler de noms précis en effet, Marcin Budkowski, directeur exécutif, a fait part de discussions avec certains intéressés – car il faut dire que les budgets plafonnés ou le nouveau règlement 2021, resserrant la hiérarchie, rendent la F1 plus attractive.
A demi-mot, on comprend que le projet « Monaco » (ex Campos F1) est toujours sur les rails : mais il n’est plus tout seul.
« Il y a des gens qui veulent se lancer dans ce sport. Certains d’entre eux se sont fait connaître et leurs projets ont été couverts par la presse au cours des deux dernières années. D’autres n’ont pas cherché à faire de la publicité ou à être connus du public. »
Pour Budkowski, cet intérêt est bien la preuve du nouvel intérêt provoqué par la F1, grâce à l’action de Liberty Media et des nouveaux Accords Concorde.
« Il y a beaucoup de gens qui s’intéressent à la Formule 1 parce que c’est un sport formidable et il faut espérer qu’il va devenir un business durable et peut-être rentable avec le plafonnement des coûts et une meilleure redistribution des revenus. »
« Il y a donc beaucoup d’intérêt. Nous avons parlé à des participants potentiels. Pour l’instant, cela n’a pas vraiment porté ses fruits pour avoir un nouvel entrant. »
Cependant le dirigeant d’Alpine sait bien que tout nouvel entrant doit, théoriquement, s’acquitter d’une gigantesque prime d’entrée, à hauteur de 200 millions de dollars ; de quoi faire peur aux projets trop fragiles.
« Évidemment, ce n’est pas si facile. La FIA doit ouvrir un appel d’offres et ensuite il faut que le processus se déroule. »
« S’il y a un bon projet en cours de montage avec quelqu’un qui dispose d’un financement et qui a une bonne approche pour construire une nouvelle équipe, alors nous sommes ouverts à la discussion et nous pouvons envisager de soutenir cette opération en fournissant un moteur ou un groupe motopropulseur. »
« Il n’est pas facile de créer une équipe de Formule 1 en partant de zéro. Il n’est pas non plus facile de rivaliser en F1 avec une équipe existante. Mais partir de zéro est un effort considérable. »
Une nouvelle équipe, pour plus de données indispensables…
Trouver une équipe-cliente est d’autant plus essentiel pour Renault que la firme française développe un tout nouveau moteur pour l’an prochain, alors que celui de 2021 n’a quasiment pas évolué. Mais sans les données des équipes-clientes, le risque est plus important et le dirigeant du motoriste ne l’ignore pas, même s’il y a des garde-fous prévus par la FIA.
« Dans notre cas avec un nouveau moteur, c’est bénéfique [d’échanger les données avec d’autres équipes] mais je pense que cela s’applique à tous les systèmes de la voiture en général. »
« La préoccupation est vraiment que vous arrivez avec un nouveau moteur [l’an prochain], et puis il y a un gel de moteur, vous avez toujours le droit de faire des changements pour des raisons de fiabilité, donc si nous avions un gros problème de fiabilité, nous pourrions toujours le résoudre. »
« Évidemment, le gel des moteurs rend plus difficile l’évolution de l’unité de puissance. Nous sommes donc très concentrés sur le fait de fournir le bon package dès le début de la saison, en rendant son utilisation aussi peu risquée que possible pendant l’hiver. »
« Vous avez des bancs d’essais pour cela. Vous pouvez faire des tests approfondis. Mais rien ne remplace le fait de boulonner un moteur dans une voiture et de la faire tourner sur un circuit. »