Invité du podcast « Beyond the Grid », Jean Todt, le président de la FIA, s’est notamment exprimé sur les objectifs que poursuivait l’instance réglementaire pour 2021, date du prochain grand changement réglementaire en F1.
Aligné avec les vues de Liberty Media, Jean Todt souhaiterait éviter qu’une écurie ne domine actuellement la compétition, comme Mercedes aujourd’hui, en rapprochant les performances entre les équipes, mais aussi en introduisant une certaine incertitude au départ de chaque Grand Prix. Todt compte sur le prochain trimestre pour finaliser, et peaufiner, l’accord déjà trouvé entre les équipes, la FOM et la FIA.
« Tout le monde fait son maximum pour obtenir ce que nous voulons. Je suis confiant. C’est une situation très complexe. Mais j’ai confiance pour que dans les trois prochains mois, nous puissions optimiser ce règlement, pour que la F1 ait un futur formidable. »
Si Todt ne pouvait atteindre qu’un seul objectif pour 2021, quel serait-il ?
« Il faudrait rendre les courses plus imprévisibles, avoir plus de lutte pour la victoire. Malheureusement, dans l’essence de la F1, même du sport, vous pouvez voir que dans beaucoup de catégories, pendant des années, certaines équipes ou personnes dominent. Donc clairement, il faut une compétition resserrée, du bon spectacle, de bonnes batailles. »
« Les gens se plaindront toujours. Mais il faut être convaincu d’avoir pris les bonnes décisions. Et ensuite, les choses se passeront comme elles devront se passer. »
Pour arriver à ses fins, la FIA travaille étroitement avec la FOM, représentée par Liberty Media. La présence de Ross Brawn, le manager des sports mécaniques pour Liberty Media, et ancien collègue de travail de Jean Todt chez Ferrari, aide-t-elle beaucoup ? Comment évoluent, d’une manière plus générale, les relations entre la FIA et la FOM ?
« D’abord, j’avais une relation formidable avec Bernie Ecclestone. Il m’a soutenu à mes débuts en F1, c’est lui qui a donné mon nom à la famille Agnelli, en disant qu’il fallait me considérer. Et lorsque j’étais chez Ferrari, j’étais très proche de Bernie Ecclestone. Ensuite, quand je suis devenu président de la FIA, bien sûr, nos habitudes ont changé ; nous avions des désaccords, parfois, mais nous sommes toujours amis. »
« Bernie Ecclestone n’a jamais soutenu Ferrari quand il était à son poste, il faisait son travail, je faisais le mien. »
« Avec Chase et cette nouvelle équipe, c’est un processus d’apprentissage. Et ça s’est très bien passé. Il est devenu un ami avec le temps. Ross Brawn est un facilitateur, au quotidien. Mon équipe discute constamment avec celle de Ross, Chase, Sean Bratches, d’une manière très sympathique. Si nous n’avons pas les mêmes points de vue, nous tombons d’accord pour déterminer la meilleure solution pour la F1. Cela rend notre relation très plaisante, très constructive. »
La FIA travaille également, plus à court terme, pour clarifier le règlement sportif, afin que les pénalités soient plus compréhensibles pour le plus grand public. Certains, comme Mika Hakkinen, ont souhaité l’introduction de commissaires permanents en ce sens. Jean Todt est-il séduit par cette idée ?
« Peu importe ce que vous décidez, vous n’aurez jamais l’unanimité. Ce qui est important, c’est d’avoir les gens les plus professionnels et je pense que les commissaires, aujourd’hui, sont très bons. La contribution des pilotes est très importante, il faut peut-être définir davantage ce qu’est le ‘let them race’. C’est une interprétation très difficile. »
« Il faut aussi s’occuper du design des circuits, c’est un facteur important. Je dirais, de nouveau, que c’est un problème complexe. Mais je suis optimiste, nous pourrons le régler comme il se doit. La controverse sera toujours présente dans ce milieu. »
« Dans tout sport, dans le foot par exemple, des gens se plaindront toujours. »
Réélu pour un second mandat à la FIA en décembre 2017, Jean Todt a encore trente mois devant lui. A-t-il pensé à l’après-FIA ?
« J’aurai beaucoup d’opportunités pour rester occupé, si je veux rester occupé. Je ne me projette pas à dans trente mois. J’ai commencé ma carrière en 1966. Je publierai un livre, il me prendra du temps pour l’écrire. Les gens décideront de ce que j’aurai laissé comme héritage. »
Dans ses mémoires, Jean Todt dira-t-il quel fut le « meilleur pilote » ayant jamais travaillé avec lui ?
« Le plus proche de mon cœur, c’est Michael. Nous avons réussi tant de choses, cela a été si difficile de les réussir. Michael est devenu un proche ami. Maintenant, il est dans une situation difficile donc bien sûr, il est plus proche de mon cœur que quiconque. »