En 2007, le scandale avait éclaté chez McLaren F1 : dans l’affaire du ‘Spygate’, l’équipe dut régler une amende de 100 millions de dollars d’amende et fut rayée du classement constructeurs.
Un employé avait ‘dérobé’ des plans de la Ferrari, ce qui est évidemment de l’espionnage industriel, et l’avait transmis à un employé de McLaren F1…
Nigel Stepney, qui travaillait alors à Maranello, et qui ne s’y plaisait plus, avait passé ces documents confidentiels à Mike Coughlan, designer en chef de McLaren F1.
De manière presque burlesque, le pot aux roses avait été découvert par un employé de Woking, qui avait vu ces fameux plans à la photocopieuse… il avait alors prévenu par mail Ferrari.
Revenant presque deux décennies plus tard sur cette affaire, Ron Dennis, qui dirigeait alors McLaren F1, s’est défaussé de toute responsabilité.
À qui la faute ? À cet employé rebelle selon lui…
« Il s’agit là des agissements d’un employé malhonnête. Ils avaient effectivement conspiré pour prendre du matériel des deux entreprises et offrir leurs services à une équipe non compétitive avec ces données. »
« Les données ont été remises à mon ingénieur (Coughlan) en Espagne, il les a ramenées chez lui, il a demandé à sa femme de les photocopier, puis elles ont été déchiquetées et les disques sur lesquels elles se trouvaient n’ont jamais quitté sa propriété. »
« Rien d’autre n’est donc parvenu physiquement à l’entreprise que ce qu’il avait en tête - et il n’a même pas appliqué tout cela… »
Après avoir été initialement blanchie, McLaren F1 fut finalement lourdement condamnée suite à une deuxième enquête...
Ron Dennis passa donc des moments très difficiles. Mais pourquoi ne pas avoir fait appel de la décision ?
« La réalité, c’est que vous êtes normalement confronté à un choix à ce moment-là. Je n’avais pas le choix et ce n’était pas de ma faute. Mais je représentais la société et pendant la période où nous étions, disons, face à l’organe directeur (la FIA) dans une sorte de tribunal... »
« J’ai parlé à chacun des actionnaires et à chacun de nos sponsors, je leur ai donné les options et ils ont totalement soutenu la décision, pas seulement la mienne, de ne pas faire appel après la sanction. Car le fait est que cela aurait représenté deux ans de plus en appel et que la seule solution aurait été de porter l’affaire devant les tribunaux civils, et c’est une procédure qui dure très longtemps. »
Mais Dennis aurait-il été aussi victime d’une vengeance personnelle de Max Mosley, alors président de la FIA (décédé en 2021) ?
Dennis se rappelle que c’est grâce au soutien de McLaren F1 que Bruxelles avait statué que la FIA, l’organe régulateur, ne pouvait en même temps pas se mêler des affaires commerciales. Une bien mauvaise affaire pour Max Mosley, le président de la FIA.
Ron Dennis a alors eu le sentiment que Mosley se vengerait tôt ou tard…
« Ce qui s’est passé, c’est que j’avais déjà intenté avec succès un procès à Bruxelles contre l’organe régulateur et Bernie Ecclestone, avec deux autres équipes. Mais c’est moi qui ai mené la charge, et Bruxelles a statué qu’un organe régulateur ne pouvait pas avoir d’implication commerciale dans le sport. »
« Cela a complètement changé la direction de la F1, car l’instance dirigeante voulait participer et Max Mosley voulait participer à l’aspect financier de la course automobile, mais Bruxelles lui a opposé une fin de non-recevoir. »
« À partir de ce moment-là, j’ai senti de temps en temps le laser du viseur s’abattre sur moi, j’ai dû esquiver chaque balle et ce, pendant les années qui ont précédé. »
« Cette personne (l’employé rebelle), qui, à mon insu, agissait pour des motifs personnels, a placé l’équipe dans une position vulnérable, ce qui a donné l’occasion à l’organe directeur de me sauter dessus. »