Cette année, Alpine F1 visait la quatrième place du championnat. Mais c’était sans compter les progrès impressionnants d’Aston Martin, septième l’an dernier, qui est la deuxième force en ce début de saison. Laurent Rossi, PDG d’Alpine, admet que ça a été une surprise pour son équipe et d’autres.
"C’est un rappel à la réalité pour Mercedes, Ferrari et nous-mêmes" a déclaré Rossi. "Nous nous sentions à l’aise en pensant que nous étions en pleine ascension, comme tous les autres, et soudain, il y a une équipe qui nous dépasse tous."
Il reconnait que son équipe doit peut-être se mettre dans une situation de danger pour aller chercher davantage de performance sur un laps de temps plus court. Il est conscient que des décisions plus radicales doivent peut-être intervenir.
"C’est un secteur qui fait plus ou moins la même chose depuis si longtemps qu’il est devenu normal qu’il faille autant de temps pour y arriver. C’est vrai pour tout. C’est vrai pour les voitures de route. Nous essayons de changer les choses."
"Mais pour cela, il faut se mettre dans une situation un peu délicate, une situation inconfortable. Si vous faites cela, ça marche. Je pense qu’ils l’ont fait d’une manière plus radicale, en se mettant dans une situation plus inconfortable, pour briser certaines barrières, pour changer un peu leur façon de faire."
Une prudence qui n’est "peut-être plus nécessaire"
Le Français admet que l’équipe avance prudemment pour certaines choses, et que cette prudence lui a possiblement coûté des progrès à certains moments cruciaux des dernières saisons.
"Nous pouvons probablement accélérer des choses dont nous pensions qu’elles prendraient sept semaines ou trois mois. Aujourd’hui, nous nous disons ’sept semaines, c’est peut-être quatre ; trois mois, c’est peut-être deux’."
"Que devons-nous croire pour y parvenir ? Les gens commencent à se gratter un peu plus la tête en se disant ’peut-être sommes-nous un peu trop conservateurs, peut-être faisons-nous trop de validations, peut-être pouvons-nous raccourcir le processus ici et là’."
"Vous vous rendez compte qu’au fil du temps, vous avez mis en place beaucoup d’étapes prudentes supplémentaires parce que vous avez abordé un problème un jour et que vous vous êtes dit ’OK, la prochaine fois, nous ferons cela tout le temps’. Aujourd’hui, avec le recul, on se dit que ce n’est peut-être plus nécessaire."
Alpine est "en train de revenir dans la bonne direction"
Rossi explique pourquoi il a poussé un coup de gueule après Miami le mois dernier, accusant ses troupes de dilettantisme : "Le fait d’être cinquième en ce moment peut être très différent, vous pouvez être malchanceux et avoir trois podiums et tout ce que vous voulez."
"Être cinquième de la manière dont nous l’avons fait, en commettant quelques erreurs ici et là, et cela tout au long de la chaîne de valeur, de la base du châssis à Enstone à l’usine de moteurs à Viry, en passant par le circuit, n’était pas bon. C’est ce que je n’ai pas aimé."
"Je n’ai pas aimé le fait qu’une équipe qui a été si bonne sur le plan opérationnel au cours des deux dernières années ait soudainement commencé à ne plus être aussi performante. Ils ont donc corrigé beaucoup de choses. L’équipe est en train de revenir dans la bonne direction. Nous sommes revenus au plan que nous avions établi."
Rossi ne serait pas dramatisé qu’il faille attendre la fin de l’ère réglementaire pour voir Alpine au sommet : "Qu’il s’agisse de la troisième année du plan ou d’une autre, il faudra peut-être 120 courses avant d’y parvenir, car l’ère réglementaire a été prolongée d’un an et nous allons jusqu’en 2025."
"Mon objectif est que d’ici 2025, Alpine F1 Team dispose des mêmes moyens que les meilleures équipes et qu’elle fonctionne de manière à mettre ces moyens en œuvre pour devenir un concurrent crédible sur le podium. C’est tout."
"Et nous continuons à aller dans cette direction. Nous continuons à embaucher, à obtenir des équipements et des ressources, et cet investissement nous aidera à aller encore plus vite. C’est pourquoi je pense que nous sommes toujours sur la bonne voie."