Carlos Sainz a réalisé un très beau Grand Prix à Bahreïn pour s’adjuger la troisième place et s’adjuger le titre honorifique de "meilleur des autres" derrière les Red Bull. Et alors que le pilote Ferrari quittera la Scuderia en fin de saison, il ne pouvait pas rêver d’un meilleur départ pour sa dernière année en rouge.
"Je pense qu’il est important de bien commencer la saison, avec une bonne course, pas seulement pour mon avenir, mais juste pour moi, parce que l’année dernière j’ai passé beaucoup de courses à regarder dans mon rétroviseur, à économiser les pneus, à défendre ma position. Et je me souviens qu’au lancement de la voiture, je me suis dit que cette année, j’aimerais avoir une voiture pour faire des courses, attaquer, ne pas trop me soucier des pneus, faire des dépassements et regarder vers l’avant plutôt que vers l’arrière. Et c’est exactement ce que nous avons obtenu. J’ai effectué une course offensive, j’avais un très bon rythme de course et à partir de là, je me suis senti très bien pour finir troisième. Ce n’était pas une course simple, mais je l’ai beaucoup appréciée."
A l’image de son coéquipier Charles Leclerc, le pilote espagnol a également souffert de problèmes de freins sur sa SF-24.
"Oui, lors du premier relais et du début du deuxième, chaque fois que nous étions dans le trafic, nous avions beaucoup de vibrations dans les freins et la pédale a commencé à s’allonger à un moment donné. C’était donc toujours une question d’équilibre : est-ce que j’y vais pour essayer de me débarrasser de l’air sale et de doubler, ou est-ce que je commence à économiser mes freins parce qu’ils vont lâcher ou que quelque chose va se passer ? J’ai commencé à économiser en me déplaçant un peu sur la ligne droite pour refroidir le côté qui devenait plus chaud et les vibrations commençaient à s’améliorer. J’ai alors pu commencer à faire des mouvements et à aller de l’avant. Mais comme je l’ai dit, le départ n’a pas été très bon. Les freins étaient encore un peu limités pendant un certain temps. Une fois que tout s’est stabilisé, j’ai pu adopter mon rythme, effectuer mes dépassements et viser le podium."
"Je ne sais pas quel était le niveau de gravité pour Charles, mais pour moi, à un moment donné, c’était assez grave aussi. C’est quelque chose qu’on ne peut pas découvrir lors des essais hivernaux, parce que lors des essais, on ne se met jamais 10 tours de suite derrière quatre voitures qui reçoivent tout l’air chaud des quatre voitures qui les précèdent et les freins ne refroidissent jamais. C’est quelque chose que nous devrions analyser en vue des prochaines courses."
Sainz est parfois passé proche de ses adversaires au moment des les dépasser, notamment lors d’une belle passe d’armes avec son coéquipier.
"Je n’ai jamais eu l’impression d’être proche à l’intérieur de la voiture. Chaque fois que je fais un dépassement sur mon coéquipier, j’essaie toujours de laisser le plus de marge possible, et j’essaie de le faire quand je sens que je contrôle parfaitement la situation et que je ne mets aucune voiture en danger. Et c’est exactement ce que j’ai fait. J’ai eu l’impression de faire un très bon choix. Et oui, le but est de toujours garder un œil sur Charles et ne pas lui faire perdre de temps ou quoi que ce soit de ce genre."
L’undercut de Leclerc sur Sainz n’était pas "intentionnel"
En arrêtant Leclerc avant Sainz, Ferrari a permis au Monégasque de réaliser l’undercut sur l’Espagnol, mais ce dernier ne pense pas que cela était prémédité de la part de son écurie.
"Je ne pense pas qu’il s’agissait de quelque chose d’intentionnel. Je pense que Charles a dégradé ses pneus probablement un peu plus tôt que moi, et ils ont décidé de me laisser à l’écart pendant trois ou quatre tours. Honnêtement, ces trois ou quatre tours ont été très forts. Cela en valait donc la peine. Et puis, oui, heureusement, cela n’a pas compromis ma course parce que j’ai pu dépasser Charles assez rapidement et aller attaquer George, que j’ai également dépassé assez rapidement. Je ne pense donc pas avoir perdu trop de temps dans cette situation."
Lors du dernier relais, Sainz était équipé de pneus durs et a tenté de mettre la pression sur Perez qui était en tendres. Le pilote Ferrari a-t-il cru à la deuxième place à un moment donné ?
"Vous devez prendre en compte le fait que nous avons fait des essais ici pendant trois jours et que j’ai vu les dégradations de Red Bull sur les pneus tendres et qu’elles sont exactement les mêmes que les nôtres sur les pneus durs. Donc, dès que j’ai su que Red Bull avait un nouveau train de tendres pour le dernier relais, ce n’est pas comme si je m’étais dit ’OK, c’est ma chance’. Je n’étais donc pas très optimiste."
"De plus, j’étais dans une position un peu inconfortable avec tout tout l’air sale, le tout sans bénéficier de l’avantage du DRS et de l’aspiration, donc vous glissez juste un peu plus. Si j’avais été à moins d’une seconde ou peut-être cinq secondes derrière, je pense qu’avec le pneu dur, j’aurais pu montrer un peu plus le vrai rythme de la voiture. Mais dans ces deux ou trois secondes, c’est le pire endroit où se trouver et je n’ai jamais pu réellement menacer Checo."
Ferrari est encore "un peu trop loin" de Red Bull
Quand au rythme de Red Bull en course, Sainz n’est pas surpris de voir que les champions du monde restent l’équipe à battre cette année.
"Encore une fois, non, car j’ai vu les longs relais de Max et de Checo lors des EL2. Je savais qu’ils avaient un avantage de trois ou quatre dixièmes, peut-être pas d’une demi-seconde comme le disait George, en fonction des conditions de piste. Mais je savais qu’il serait très difficile de battre les Red Bull. Ils ont également gardé un train de pneus tendres pour la fin de course, ce qui montre un peu leurs intentions et leurs plans. Je savais donc que les Red Bulls seraient très, très difficiles à battre. C’est donc déjà une bonne surprise de suivre l’un d’entre eux et d’avoir la possibilité de se battre. Je pense que nous étions sur l’un de leurs meilleurs circuits de la saison pour eux, avec un très haut niveau de dégradation des pneus à l’arrière. J’espère que lorsque nous irons sur une piste plus limitée à l’avant et peut-être sur un meilleur tarmac, notre voiture s’animera et nous serons en mesure de défier Max pour la victoire."
Très clairement deuxième force du plateau à Bahreïn derrière Red Bull et devant McLaren et Mercedes F1, Ferrari peut-elle réussir à embêter les Autrichiens cette saison ?
"J’espère que ce sera le cas. Je pense que nous sommes un peu trop loin pour l’instant pour viser les victoires en course, surtout s’ils mettent tout ensemble et si tout est parfait de leur côté. Mais la base que nous avons sur la voiture cette année, la plate-forme aérodynamique et la voiture que nous avons mise en piste donnent une sensation et une conduite beaucoup plus normales que l’année dernière. Et à partir de là, si nous compensons ce niveau d’appui et que nous continuons à en ajouter à cette voiture, je pense que nous pouvons commencer à nous rapprocher d’eux. Mais nous devons commencer à le faire dès maintenant, parce que sinon, ils vont commencer à pousser et à s’envoler."