Haas est l’un des plus petits budgets du plateau et doit faire face à de nouvelles et imprévues difficultés financières cette année, avec bien sûr la crise du coronavirus qui affecte gravement l’économie de la F1.
Le défi est encore plus grand pour Günther Steiner que pour ses homologues d’autres équipes, car lui doit de surcroît gérer la situation, sociale et sanitaire, dans pas moins de trois pays différents (Royaume-Uni, États-Unis, Italie), ce qui implique une certaine complexité juridique.
« La vie est un peu différente » a confié Günther Steiner au site officiel de la F1, pour évoquer la situation en cours.
« Je ne voyage plus, personne ne voyage plus, pour des raisons évidentes ! Mais je suis occupé à essayer de trouver des solutions, à essayer de faire survivre l’entreprise. Ce n’est pas facile en ce moment parce que vous ne savez pas quelle sera la suite de tout cela. »
A l’image de McLaren, Haas a décidé de placer ses effectifs basés au Royaume-Uni (à Banbury) au chômage partiel, le gouvernement prenant alors en charge 80 % du salaire. Pour Günther Steiner, cette mesure est indispensable pour permettre à Haas de redémarrer.
« On ne prend jamais bien la nouvelle d’un chômage partiel, mais la plupart de nos employés comprennent pourquoi nous faisons cela. Il n’y a rien de malveillant, nous ne sommes pas en train d’essayer de couper dans nos effectifs, et nous n’essayons pas d’accumuler de l’argent. Nous essayons de faire du mieux que nous pouvons. Beaucoup de gens ont perdu leur emploi [dans d’autres industries]. Tant que nous pouvons garder les emplois, c’est ce que nous essayons de faire. »
« Le coronavirus nuit à toutes les entreprises… »
A l’image des restaurants et des bars aujourd’hui fermés, une équipe de F1 ne perçoit aujourd’hui plus de revenus, ou quasiment plus : en effet, puisqu’il n’y a pas de Grands Prix, la F1 ne produit plus de chiffre d’affaires… Günther Steiner se veut donc alarmiste mais réaliste : si la situation perdure, la faillite guette.
« Nous avons des revenus très limités. La Formula One Management essaie de nous aider. Mais nous ne savons pas si nous allons reprendre les courses. Je pense personnellement que nous le ferons, mais il faut prévoir le pire, à savoir ne pas avoir de revenus provenant de la FOM. Et si nous n’avons pas de revenus, quelqu’un doit payer - et les fonds sont limités. Il ne serait pas juste de payer si rien ne s’est passé. »
« Il est certain qu’il y a une menace s’il n’y a pas de revenus, s’il n’y a pas de courses cette année, et si nous ne sommes pas payés pour cette raison. Il y a toujours une menace si nous ne revenons pas à la compétition. Donner un pourcentage [de chance pour que la compétition ne reprenne pas] ? Je ne saurais le faire. Je pense que ce pourcentage est faible, mais je ne dirais jamais jamais. »
« Nous devons juste être conscients de ce que nous faisons et nous assurer que nous faisions de notre mieux, et espérer que nous allons recourir le plus vite possible ; espérons aussi que nous transformons cela en un événement positif, ce qui nécessite que les 10 équipes travaillent ensemble, et que la F1 et la FIA collaborent avec nous pour s’assurer que nous soyons toujours là. »
Cette crise du coronavirus tombe au plus mauvais moment pour Haas F1 : car déjà avant l’épreuve, Gene Haas, agacé du déclin sportif de son écurie, se demandait s’il ne lui faudrait pas bientôt arrêter l’aventure. Que pense alors Gene Haas de la situation actuelle, selon Günther Steiner ?
« Comme nous tous, il ne sait pas ce que réserve le futur proche. Comme tout homme d’affaires, il ne sera pas heureux d’attendre éternellement. »
« Espérons que dans les prochains mois, nous aurons une meilleure vision du futur proche, en espérant que la situation ne reste pas aussi évolutive qu’elle ne l’est maintenant. Il n’y a personne à blâmer, ce sont juste les circonstances. Pour l’instant, il peut rester calme, mais à un moment donné, il doit prendre une décision. »
« Mais pour l’instant, il veut aller jusqu’au bout. Nous avons mis des gens au chômage partiel, et nous ne les avons pas laissés partir. C’est un facteur parmi d’autres. Nous devons juste nous assurer que nous prendrons les bonnes décisions à l’avenir, ce qui lui permettra de rester intéressé par ce sport. »