Yuki Tsunoda aura la pression pour sa troisième année chez AlphaTauri : il aura en face de lui un nouveau coéquipier, mais aussi un client, Nyck de Vries, qui pourrait mettre son avenir en danger.
AlphaTauri l’a d’ailleurs déjà appelé à marquer plus de points, et plus régulièrement (il n’a marqué que dans 11 des 42 Grands Prix de sa carrière).
Le problème de Yuki Tsunoda est connu : si le Japonais est rapide, il manque souvent de régularité.
« C’est quelqu’un qui, sur un tour, peut extraire le maximum de performance et pousser à fond » commente ainsi son ingénieur de piste en chef, Jonathan Eddolls.
Mais Yuki Tsunoda souffre donc d’irrégularité : notamment après son lourd accident à Imola en 2021, après pourtant un premier Grand Prix très réussi à Bahreïn, le Japonais avait paru longtemps errer sans confiance...
« Le crash à Imola et quelques autres incidents avaient vraiment entamé sa confiance. Il a fallu une bonne partie de la saison 2021 pour la retrouver. Nous devions lui donner la voiture pour qu’il retrouve cette confiance. Il a fallu un certain temps pour qu’il croie à nouveau en lui. Il l’a retrouvé vers la fin de l’année. »
Eddolls a vu cependant beaucoup de mieux l’an dernier chez Yuki Tsunoda, notamment son niveau d’anglais !
« [En 2022], il est dans un état d’esprit complètement différent, il a confiance en lui, il est plus à l’aise dans l’équipe. Des petites choses comme la qualité de son Anglais ont tellement progressé, il peut mieux s’exprimer, il comprend mieux, il s’intègre mieux dans l’équipe, il peut plaisanter. Il est beaucoup plus intégré cette année, il fait partie de la famille. Cela se reflète dans son approche sur la piste. »
« Sa confiance est là et ses performances sont meilleures. Sa force est dans les qualifications, où il peut vraiment enchaîner les tours. »
Un autre point faible se dégage toutefois, et il est de taille : le rythme en longs relais...
« Là où nous travaillons encore avec lui, c’est sur le rythme de course, la gestion des pneus, la gestion de la stratégie, la vision d’ensemble sur 50-60 tours. »
« Il a progressé à pas de géant sur ce plan. Mais si nous devions choisir quelque chose sur lequel nous travaillons encore, c’est le rythme de course et la maîtrise de la course. Plus vous avez d’expérience, plus vous avez de capacité mentale en course pour comprendre ce qui se passe. »
« Franz [Tost] l’a bien dit : en 2021 c’était la voiture qui le conduisait. En 2022, c’est l’inverse. Puis en 2023, il sera capable de comprendre davantage la stratégie pour le pneu. Tout ne se fait pas du jour au lendemain, mais je vois une grande amélioration chez lui depuis qu’il est avec nous. »
« Quand le casque est vissé, il redevient le Yuki que nous connaissons. Il est technique, il comprend la situation, il donne un bon feedback. Il va devoir faire un pas de plus dans ce domaine, étant donné qu’il sera le membre le plus expérimenté de l’équipe, mais les gens seront surpris s’ils l’écoutent lors d’un débriefing, comparé à l’impression qu’ils ont de le voir crier et hurler sur la piste. »
Pas la trempe d’un leader d’équipe ?
Yuki Tsunoda doit donc aussi gagner en maturité, en responsabilité… mais a-t-il vraiment le potentiel d’être un leader d’équipe au même titre que l’était Pierre Gasly ? Va-t-il s’imposer comme le chef de file d’AlphaTauri face à Nyck de Vries (le peut-il ?) ?
Son ingénieur de piste en chef est loin d’être convaincu…
« Nous verrons bien si ça le fait changer. »
« Son caractère est assez différent de celui de Pierre. Pierre est, probablement parce qu’il a la confiance, beaucoup plus un leader et un motivateur. Yuki est encore en train de progresser vers cela. »
« Peut-être qu’en 2023, il va franchir une étape sur le plan de la confiance, maintenant qu’il est celui qui a le plus d’expérience. Ça pourrait faire basculer les choses. »