Pat Symonds, aujourd’hui directeur technique de la F1 pour le compte de la FIA, travaille en collaboration avec Ross Brawn sur les règlements du sport.
Passé par Benetton, Renault ou encore Williams, il a pu voir en plus de 40 ans les innovations de la F1 imprégner peu à peu l’industrie. Le sport automobile a beaucoup apporté selon lui.
"Vous pouvez remonter aux pneus à carcasse radiale, à toutes sortes de choses, tout au long de l’histoire. Mais je pense que ce que vous devriez regarder est le concept. Prenons l’aérodynamique, par exemple. Une voiture de Formule 1, une Renault de Formule 1, ça ne ressemble pas à une Renault Clio, c’est différent," explique Symonds.
"Pourtant, ces voitures obéissent aux mêmes lois de la physique. L’aérodynamique est un domaine dans lequel les équipes de Formule 1, depuis une quarantaine d’années, ont été des acteurs majeurs. Il se peut qu’un concepteur de Formule 1 recherche l’appui sur sa voiture, alors que le concepteur de voiture de route cherche à réduire la traînée, mais les
techniques utilisées restent les mêmes. Et une grande partie des progrès réalisés, en particulier dans l’aérodynamique des véhicules routiers, sont issus du sport automobile."
Les innovations de la F1 vont au-delà du secteur automobile. Symonds évoque ainsi la croissance fulgurante de l’impression 3D ces dernières années.
"Les gens parlent d’impression 3D comme si c’était quelque chose de nouveau. Mais nous utilisions la fabrication additive dès les années 90 à Enstone (Benetton). Et nous n’étions pas seuls. À l’époque, c’était principalement pour les modèles de soufflerie et les maquettes. Mais nous avons commencé à fabriquer quelques composants de voiture."
"Nous sommes rapidement passés du plastique à la fabrication additive de composants métalliques. Je pense que cela fait une sacrée différence. Les gens parlent de l’industrie 4.0. Je dirais que la Formule 1 en est à l’industrie 5.0 maintenant, depuis 2011. Productivité, Internet des objets... nous étions là. Depuis longtemps, nous pouvons programmer une voiture de Formule 1 dans un garage en Australie depuis une salle des opérations à Enstone. Je trouve cela très amusant lorsque le reste du monde se rend compte de ce que nous faisons et lui donne un nom éclatant. Nous n’avons pas le temps pour les noms flashy. Nous nous contentons de faire nos voitures."
Et l’avenir ? Symonds le perçoit déjà comme découlant de choses déjà développées en F1.
"L’Internet des objets et les voitures intelligentes. La connectivité entre les voitures est une chose pour laquelle nous sommes très bons déjà en F1. Nous connaissons les pièges. Nous pouvons maintenant transférer des données vers un véhicule roulant à 350 km/ h et à très très large bande passante."
"Nous avons aussi énormément fait pour la sécurité. La fibre de carbone ne se serait pas dans les avions et les voitures de route si elle n’était pas passée par la F1."