Tandis que Max Verstappen avait confié s’être ennuyé en course, à Spa, Mercedes, même privée de mode fête, a continué d’écraser le peloton en qualifications à Monza. Même à Brackley, Lewis Hamilton lui-même a confié qu’il pourrait s’ennuyer s’il passait de pilote à spectateur, et s’il devait regarder la F1.
Bien évidemment, Mercedes réalise un excellent travail, d’année en année, et a mérité sa domination. Mais est-ce bon pour le sport en général ?
Toto Wolff, premier visé par cette interrogation, a défendu sa vision de la F1, qui doit continuer à récompenser les meilleurs. Jusqu’à quel point cependant ?
« La majorité de l’ADN de ce sport… c’est qu’il fonctionne selon la méritocratie, mais le sport doit aussi offrir du divertissement et, à cet égard, il est évident que si Usain Bolt gagne chaque course et que le Bayern Munich remporte chaque championnat, le résultat peut devenir très prévisible et moins variable, ce que les fans aiment pourtant. C’est toujours l’outsider, qui est le point d’intérêt ; tout le monde veut voir l’outsider performer et nous sommes très conscients de cette dynamique et c’est pourquoi nous arrivons et nous proposerons des suggestions qui ne doivent pas nécessairement avoir un impact sur nos propres performances. »
« Une des idées que j’ai exprimées la semaine dernière était d’ouvrir les canaux radio entre le mur des stands et le garage, ce qui montrerait à quel point il y a du spectacle en course. Quand vous voyez Spa et que les gens pensent que c’est une promenade dans un parc, en fait, ce n’est pas du tout le cas. Nous avions des problèmes de fiabilité, nous n’étions pas sûrs de pouvoir faire un seul arrêt comme beaucoup d’autres équipes et si cela était transmis aux diffuseurs TV, cela créerait plus d’excitation. »
Williams, par le passé, a aussi plané sur la discipline. Claire Williams, qui quittera bientôt ses fonctions, partage l’avis de Toto Wolff, bien qu’elle dirige non pas la première, mais la dixième équipe la plus rapide. Que les meilleurs gagnent, en somme...
« Eh bien, si c’est Williams qui domine, non, clairement, ça ne me dérange pas (sourire). Si c’est une autre équipe, alors oui, c’est super ennuyeux. »
« J’ai toujours pensé que ce sport permettait aux meilleurs de se hisser au sommet, c’est le but de tout sport et je ne pense pas que nous devrions nous plaindre que Mercedes ait été si dominante. Ils ont fait un travail extraordinaire et je suis incroyablement jalouse du travail qu’ils ont fait. J’aurais aimé pouvoir faire la même chose. C’est à nous autres de faire un meilleur travail et de nous battre plus fort pour ensuite aller combattre Mercedes et lui donner un défi à relever pendant un week-end. »
« Mais je suis également d’accord avec Toto pour dire que nous pouvons faire davantage pour exposer ce qui se passe dans les coulisses d’un Grand Prix, pour voir le combat que ces gens - qu’ils soient sur le mur des stands ou dans le cockpit - doivent mener pour remporter leurs victoires un dimanche après-midi, parce que ce n’est pas aussi facile que de faire des tours et des tours, de mettre le pied à terre et de prendre la première place un dimanche après-midi. Il y a beaucoup de choses qui entrent en jeu et que beaucoup de fans ne voient pas. »
Cyril Abiteboul a profité de cette question pour en remettre une couche sur l’affaire Racing Point : si les voitures clientes peuvent être une solution pour rapprocher la grille, ce ne doit pas en être en contradiction avec l’équité du règlement.
« Sans vouloir… je vais ouvrir une controverse, je n’ai pas d’objection, encore une fois, énorme respect pour ce que Mercedes a fait, en suivant à la lettre les règles mais ce que je pense, c’est que parfois on se fait du mal quand on sait. Vous êtes juste capable de vous inspirer d’une voiture précédente et vous êtes soudainement plus rapide que les autres et, évidemment, je souligne ce que Racing Point a fait et je ne parle pas de... Je ne mets pas en doute la légalité, ce n’est pas mon point de vue, mais je pense que la Formule 1 ne se fait pas nécessairement de bien quand elle fait cela. Quand Nico Hülkenberg, que j’adore, vient de Majorque et qu’il saute dans la voiture pour faire la deuxième ligne à Silverstone sans aucune préparation, nous ne faisons pas du bien à la F1. Le pilote doit être au centre de tout cela, de la chose, mais nous ne pouvons pas seulement en parler, nous devons agir et nous devons avoir un ensemble de règlements qui le fasse vraiment et le démontre. »