Avec des F1 modernes, larges, grandes, qui plus est avec des Pirelli 18 pouces, la visibilité quand une voiture en suit une autre est un réel, immense problème sous la pluie. Les projections d’eau sont en effet parfois catastrophiques.
Cela crée bien sûr des situations éminemment dangereuses, obligeant parfois la FIA à déclencher le drapeau rouge.
Ce problème ne date pas d’hier en F1, mais sera-t-il bientôt de l’histoire ancienne ? En tout cas, le 13 juillet, dans la foulée du Grand Prix à Silverstone, McLaren et Mercedes mèneront des tests avec des prototypes d’arches de roue (montables et démontables facilement). Le principe sera d’essayer de réduire ainsi les projections.
Lando Norris, qui sera réquisitionné pour l’occasion, a hâte de voir ce que ce test va donner.
« Il était temps. En tant que pilotes, nous disons depuis des années qu’il faut faire quelque chose. »
« La visibilité, c’est la plus grande préoccupation en matière de sécurité à l’heure actuelle en F1. »
Tous les regards sont hélas aussi tournés vers Spa : le décès tragique de Dilano van ’t Hoff, en Freca, sous la pluie à Spa, a de nouveau illustré le caractère critique de la visibilité sous piste humide. Le jeune pilote avait été directement aveuglé par des sprays devant lui...
« Nous avons eu la chance que rien ne se soit produit en F1 ou dans de nombreuses autres catégories et, dans le pire des cas, il a fallu que nous perdions une vie pour que les gens réalisent que ces choses peuvent arriver » poursuit Lando Norris.
« Et cela aurait pu se produire ailleurs qu’à Spa. Cela aurait pu se produire le week-end dernier en Autriche. »
« C’est vraiment regrettable qu’il ait fallu qu’il y ait de telles conséquences pour que les gens comprennent ce qui peut arriver. C’est quelque chose qui doit être fait. »
« Quelle est la prochaine chose qui peut améliorer le plus la sécurité ? C’est de pouvoir voir où l’on va. Cela aide parfois… J’attends cela avec impatience. Nous verrons si c’est bon [les arches de roue]. Si ça ne marche pas, il faudra faire autre chose pour trouver une solution. »
Mieux vaut une absence de course qu’une course sans visibilité
Valtteri Bottas est plus catégorique encore : si la visibilité est mauvaise, alors aucune course ne devrait se tenir. Comme à Spa en 2021.
« Je pense que c’est super que ce test se fasse et nous devons toujours trouver une sorte de solutions et j’espère vraiment que cela aidera même un peu. Mais je maintiens que nous ne devrions pas prendre le départ des courses, quelle que soit la catégorie, si la visibilité est très mauvaise. »
Lance Stroll fonde lui beaucoup d’espoir sur les arches de roue : sinon, lui non plus ne regrettera pas de ne pas courir en dimanche de Grand Prix.
« Si ça marche, il faut le mettre sur les voitures le plus vite possible. Et ça ne fonctionne pas, nous ne devrions pas nous mettre dans des situations où nous courons dans des conditions où nous n’avons pas de visibilité. »
« On ne voit rien par temps de pluie. Le Japon l’année dernière, je me souviens de nombreuses courses au cours des dernières années en F1 où vous ne pouvez tout simplement rien voir lorsque vous êtes derrière une autre voiture et c’est extrêmement dangereux. »
« Si quelqu’un a un incident devant vous et qu’il est sur le côté au milieu du circuit et que vous ne pouvez pas voir où vous allez… nous ne devrions pas courir dans ces conditions. »
« Ce qui s’est passé la semaine dernière à Spa est terrible. Je ne pense pas que cette course aurait dû se dérouler dans ces conditions, compte tenu de la configuration du circuit. Je me souviens avoir été dans la même situation à Spa, lorsque vous arrivez en haut de l’Eau Rouge, que vous êtes au milieu d’un peloton et que vous ne pouvez rien voir. »
« Je me sens assez en sécurité dans une Formule 1 dans toutes les situations sauf lorsque vous ne pouvez pas voir, » ajoute encore Kevin Magnussen pour Haas, « et alors vous vous sentez ridicule à cette vitesse et vous pourriez tout aussi bien fermer les yeux. Il n’y a aucune visibilité - et ce serait formidable si cela pouvait être amélioré de manière significative. »
Enfin, Sergio Pérez a bien sûr la sécurité comme priorité. Le Mexicain espère toutefois que les arches ne pénaliseraient pas plus certaines équipes que d’autres du point de vue de la perte d’appui aérodynamique...
« La sécurité doit primer et passer en premier, même si cela pénalise des équipes avec l’aérodynamique. Nous devons améliorer ça. Cela pourrait nous permettre de courir dans des conditions plus dangereuses. Pour l’instant, il est juste important que les directeurs de course nous laissent courir uniquement quand c’est sûr, et en fait quand toute la grille est capable de voir quelque chose. Si les arches sont une solution qui aide à cela, ce sera déjà un pari gagné et ça élargira les conditions où rouler avec une F1 sous la pluie est acceptable. »