L’abaissement progressif des budgets plafonnés sera-t-il un écran de fumée ou une révolution pour la F1 ? Qu’en sera-t-il, de même, pour la limitation du temps passé en soufflerie et en CFD (simulation de la dynamique des fluides par ordinateur) pour les écuries de pointe ? Le débat agite en ce moment la F1 et Günther Steiner, le directeur de Haas, a récemment pris positions sur ces deux sujets.
Günther Steiner commence par ne pas nier une certaine déception liée au montant final des budgets plafonnés : selon lui, il aurait été possible d’aller encore plus loin que les 145 millions pour 2021.
« A mon avis, on aurait pu aller peut-être plus loin sur le plafond budgétaire - le niveau est encore bien supérieur à ce que nous dépensons actuellement - mais il est bon que l’écart [entre les budgets de chacun] se réduise, ce qui devrait signifier qu’avec le temps, l’écart entre les équipes devrait se réduire également. »
« Gene Haas est heureux, mais le plafond budgétaire qui a été convenu ne l’affecte pas vraiment, car nous sommes déjà en dessous de cette limite, comme je l’ai dit. »
C’est que l’heure est grave : comme l’a montré la mise en vente de Williams F1, des écuries luttent actuellement pour leur survie. Est-ce le cas de Haas ?
« La priorité est de s’assurer pour le moment que nous soyons capables d’arriver à la fin de l’année 2020, et il est certain que nous ne sommes pas seuls dans ce cas, non seulement en Formule 1, mais dans les entreprises du monde entier. Il est beaucoup trop tôt pour dire exactement quel sera l’impact de cette pandémie. Je ne veux pas être trop négatif sur le plafond budgétaire, c’est juste la réalité de la situation. »
« Il est certain que les restrictions budgétaires vont être difficiles à gérer pour les grandes équipes, qui ont de grandes usines et beaucoup de personnel, et elles devront faire preuve de créativité. Je ne dirais pas que c’est une nouvelle ère pour la Formule 1, mais cela nécessitera un changement d’attitude fondamental : à partir de maintenant tout le monde va devoir être beaucoup plus efficace. »
La négociation sur les prochains Accords Concorde autour de la redistribution des revenus pourrait même être plus importante que les budgets plafonnés selon Günther Steiner...
« Ce qu’il faut voir, c’est le nouvel accord commercial, que nous devrions avoir l’année prochaine, apportant un retour sur investissement plus équitable pour les équipes. C’est l’occasion de changer la situation que nous avons maintenant, car aujourd’hui, si nous ne courons pas pendant six mois, la moitié des équipes peuvent courir le risque de faire faillite. Car, ce qui est sûr, si une telle situation se reproduit dans les cinq prochaines années et que les choses ne changent pas, la prochaine fois, elles feront effectivement faillite. »
« Tout le monde est égoïste dans le monde des courses automobiles. Ce n’est pas nécessairement une mauvaise chose - être égoïste peut vous aider à gagner. Et nous avons déjà vu en 2009 à quelle vitesse les gens oublient ce qui s’est passé et reviennent à leurs anciennes habitudes. J’espère que cela ne se reproduira plus. »
Enfin, quant à la limitation de l’utilisation des souffleries, Günther Steiner, à la suite d’autres, a tenu à en relativiser la portée, en rappelant que la qualité de chaque technologie était souvent plus importante que la quantité de temps absolue passée dans ces tunnels...
« En raison de tout cela, il est beaucoup trop tôt pour penser à la manière dont nous pourrions tirer parti de la possibilité de passer plus de temps en soufflerie. Le temps supplémentaire passé en soufflerie ne peut être utile que si vous avez l’argent et les ressources nécessaires pour le faire. C’est bien que cette possibilité existe à l’avenir, mais je ne peux pas spéculer sur l’aide que cela nous apportera maintenant. »