La ressemblance de la Racing Point RP20 avec la Mercedes W10 de l’an dernier a beaucoup fait gloser dans le paddock. Pour autant, les ingénieurs de Racing Point n’ont fait que tirer profit de ce que leur permet le règlement, en achetant un certain nombre de pièces à l’équipe qui est aussi son motoriste, tout en utilisant sa soufflerie.
Günther Steiner, le directeur de Haas, est un de ceux qui jugent que Racing Point est tout à fait dans son droit en adoptant cette approche.
« Qu’est-ce qui ne va pas ? Le règlement est très clair. »
« C’est comme ça : ils utilisent beaucoup de pièces Mercedes dans leur voiture, alors pourquoi voudraient-ils copier Red Bull ? C’est la même chose pour nous, nous achetons beaucoup de pièces chez Ferrari, alors quelle voiture allons-nous copier ? Une Ferrari, je suppose. »
« Je veux dire, si nous avions copié une Toro Rosso ou une Red Bull, nous serions assez stupides parce que nous aurions essayé d’inventer quelque chose qui n’existe pas. Alors je pense qu’ils font ce que nous faisons, ils essaient juste d’en tirer le meilleur parti et d’utiliser ce modèle. Ils n’ont pas enfreint de règles. »
Günther Steiner n’était en effet pas dans la possibilité de critiquer Racing Point, puisque depuis son entrée en F1 en 2016, Haas n’a jamais caché acheter autant de pièces que possible (dans ce que permet le règlement, hors des parties devant être intégralement construites par une équipe) à la Scuderia.
Le directeur de Haas boit même du petit lait : il a ainsi pris un malin plaisir à rappeler aux dirigeants de Racing Point (ex-Force India) qu’ils avaient eux-mêmes douté de l’approche adoptée par Haas en 2016…
« Parfois, je dirais qu’il faut réfléchir avant de parler. Parce qu’un jour, c’est peut-être votre tour et vous ne pourrez rien faire contre. Parce que nous savons tous qu’ils se sont beaucoup plaints [de Haas] il y a quelques années et que maintenant la boucle est bouclée. »
Franz Tost est dans une position relativement similaire à celle de Günther Steiner : AlphaTauri a acheté naturellement beaucoup de pièces à sa grande sœur Red Bull Racing, et il pense lui aussi que Racing Point a eu raison de suivre ce même chemin avec Mercedes.
« Racing Point a poursuivi la même direction de développement et a trouvé des solutions similaires à celles de Mercedes » a reconnu Tost, « mais tout est conforme au règlement », a-t-il ajouté dans la foulée.
« Il y a une coopération, comme nous le savons, entre Racing Point et Mercedes. Ils ont l’arrière [de la Mercedes], ils ont la suspension arrière, je ne sais pas à quel point ils ont leur suspension avant. Et sur le plan aérodynamique, les pièces sont normalement listées [elles doivent être développées par chaque équipe]. »
« Il n’y a pas de changement de règlement, donc les équipes copient d’autres équipes. Ce n’est pas nouveau en Formule 1. C’est ce que je connais de la Formule 1. »
« L’avantage d’une équipe qui crée quelque chose de nouveau est d’avoir trois ou quatre courses d’avance ; et ensuite les autres rattrapent leur retard parce qu’elles copient ces solutions. Ils ont des photographes dans le garage qui prennent toutes les photos nécessaires, puis les autres équipes les regardent et vont dans la même direction pour le développement de leur voiture. »
« Le point essentiel est que vous compreniez aussi la philosophie de ces pièces. Car juste copier l’aileron avant, ou le nez, ne signifie pas forcément que toute votre aérodynamique va fonctionner, comme pour une autre équipe. Vous devez vraiment comprendre comment fonctionnent le fond plat, les bargeboards, le diffuseur. »
Grâce à cette approche, Racing Point a ainsi pu trouver d’emblée le rythme, avec le 3e temps signé hier par Sergio Pérez.
« Il semble qu’ils aient une voiture très rapide » conclut Franz Tost, qui a certainement eu accès à des données plus complètes relevées par AlphaTauri au sujet de ses rivaux.
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