Voici une pique que Lewis Hamilton ne manquera pas d’apprécier. Le triple champion du monde Sir Jackie Stewart a en effet relativisé la porté des succès du pilote Mercedes en F1 – alors qu’il pourrait égaler le record de victoires de Michael Schumacher (91) dès ce week-end au Nürburgring.
En effet selon l’Ecossais, qui s’exprimait pour le podcast The Fast Lane, Lewis Hamilton n’a battu des records que parce que les saisons de F1 sont, de nos jours, plus longues – rappelons que Stewart a remporté 27 victoires en Grands Prix.
« Je ne pense pas que l’on puisse comparer ces succès sur un pied d’égalité, simplement parce qu’aujourd’hui il y a 20, 22 courses, alors qu’autrefois, quand par exemple Juan Manuel Fangio courait, il y avait peut-être parfois six, huit ou neuf courses par an en Formule 1. »
« Ils conduisaient des voitures de sport, des voitures GT, etc. Mais aujourd’hui, en championnat du monde, Lewis Hamilton ou n’importe quel autre concurrent de premier plan, fait 22 courses ou 21 courses, mais seulement en Formule 1. Pas en voitures de tourisme, pas de GT, pas en IndyCars. On ne peut donc pas vraiment comparer »
Pour autant qu’on se le dise : s’il relativise la portée des records de Lewis Hamilton, Stewart ne nie pas qu’il soit extrêmement talentueux.
« Lewis pilote extrêmement bien, ne vous y trompez pas, je ne diminue en rien son talent, mais ce n’est pas pareil. »
« Lewis a pris une très bonne décision lorsqu’il a quitté McLaren à l’époque et qu’il est allé chez Mercedes-Benz. Et je lui tire mon chapeau pour avoir pris cette décision. »
Toutefois Stewart en remet ensuite une couche en assurant que les succès de Lewis Hamilton sont d’abord peut-être et avant tout ceux de Mercedes...
« Mais franchement, la voiture et le moteur sont maintenant tellement supérieurs que c’est presque injuste sur le reste de la grille. »
« Mais vous devez tirer votre chapeau à Mercedes-Benz, à Toto Wolff et bien sûr, à Niki Lauda ; avant cela, ils travaillaient ensemble pour former une équipe d’enfer, en choisissant les meilleurs ingénieurs, en obtenant le meilleur budget, que la plupart des autres équipes ne pouvaient pas obtenir à part, disons, Red Bull. »
« Par conséquent, ce n’est pas tout à fait la même chose, si vous voulez, de pouvoir le faire [être titré] quand vous n’avez pas la meilleure voiture. Et c’est là qu’il y avait parfois une différence entre les très, très grands pilotes et ceux qui avaient beaucoup de succès. »
« Il est donc difficile de dire que Lewis n’était pas aussi bon que Fangio, par exemple, c’est ce que je pensais. Beaucoup de gens trouveraient à redire à cela. Mais j’ai regardé les courses automobiles et heureusement, quand j’étais petit garçon, mon frère était un pilote de course et j’allais avec lui aux courses et je voyais Ascari, Nuvolari, Caracciola et des gens comme ça. J’ai vu certains des meilleurs pilotes de course du monde. »
« Stirling Moss était certainement l’un d’entre eux et il n’a jamais gagné un championnat du monde parce qu’il ne conduisait jamais les bonnes voitures, il allait toujours conduire des équipes britanniques, ce genre de choses. Il est donc difficile de se prononcer en termes clairs. »
Qui est alors le plus grand de tous les temps pour Stewart ? Hamilton n’est pas même dans son top 3...
« Juan Manuel Fangio est, à mon avis, le plus grand pilote qui ait jamais vécu. Avec Jim Clark comme deuxième meilleur, même devant [Ayrton] Senna. »
« Ces gens ne participaient que parfois à six ou huit courses par an en Formule 1, ils conduisaient des voitures de sport, des GT, etc. »
« Une année, j’ai fait le tour du monde en voiture comme un idiot, j’ai traversé l’Atlantique 86 fois, pour y conduire et faire des affaires, ainsi qu’au Royaume-Uni. »
« Aujourd’hui, la pression est beaucoup plus détendue, bien sûr ils vont à l’usine et vont dans le simulateur mais ce n’est pas tout à fait la même chose. 86 vols à travers l’Atlantique, 27 avec le Concorde, c’est un monde différent, ce n’est pas le même terrain de jeu. »