Deux semaines avant le premier Grand Prix à Bahreïn, Lance Stroll subissait un accident assez important de vélo… et en sortait avec deux poignets et un gros orteil cassés.
Présent pourtant au premier Grand Prix, après avoir déjoué les pronostics des médecins, Lance Stroll réussissait ensuite un petit exploit en allant chercher la 6e place, devant la Mercedes de George Russell.
Son père s’est déjà dit, logiquement, « très fier » de la ténacité montrée par son fils et pilote (voir notre article).
C’est désormais au tour de Lance Stroll lui-même de revenir sur ce week-end si douloureux mais si gratifiant pour lui, avec une vidéo ci-dessous. Et il commence, logiquement, par remercier les médecins qui l’ont entouré.
« Le samedi 18 février, j’ai chuté sur mon vélo alors que je m’entraînais en Espagne. Les radios ont montré que j’avais une fracture et un déplacement du poignet droit, une fracture du poignet gauche, une fracture partielle de la main gauche et enfin une autre fracture du gros orteil du pied droit. Mon équipe médicale a été incroyable ! Je dois dire un grand merci à tous ceux qui m’ont aidé au cours des deux dernières semaines. »
« Avec le début de la saison qui approche à grands pas, le timing n’aurait pas pu être pire. Le chirurgien en Espagne, le docteur Mir… sans lui, je ne pourrais pas être ici en ce moment. Il a été incroyable. Et mon ostéopathe, Henry, qui m’accompagne 10 heures par jour pour la rééducation de mes poignets, pour mon orteil - autant qu’il est possible de le faire avec des orteils. Il y a une longue liste de personnes qui m’ont aidé au cours des deux dernières semaines. »
A l’origine, les médecins prédisaient ou conseillaient un retour de Lance Stroll... seulement pour le Grand Prix d’Australie, la troisième manche du championnat début avril !
"48 heures après mon accident, à 12 jours avant la première course, le Dr Mir a opéré avec succès mon poignet droit. Après l’opération, il m’a dit que je serais de retour pour Melbourne, ou Djeddah si je travaillais dur et avec un peu de chance, il était optimiste que je pourrais courir à Bahreïn – mais c’était une faible possibilité. À ce jour, je suis convaincu que la rapidité avec laquelle le Dr Mir m’a traité m’a permis de me rendre à Bahreïn."
Lance Stroll a donc dû grandement souffrir au volant (on le voyait conduire avec une main) à Bahreïn, et a déjà confié que s’il n’avait pas joué les points, il aurait peut-être dû renoncer 20 tours avant la fin...
Le Canadien révèle aussi qu’Aston Martin F1 avait augmenté la force de la direction assistée sur son volant.
« Je me sens un peu mieux. L’équipe a un peu augmenté le niveau de la direction assistée sur le volant, pour me permettre de tenir le coup. Cela m’a rendu la tâche un peu plus facile. »
« Mis à part la douleur, c’était amusant pendant les 20 derniers tours, je me suis battu jusqu’à la fin. »
« C’est une excellente façon de commencer la saison. Fernando sur le podium, c’est un très bon résultat, et je suis heureux de terminer sixième compte tenu de tout ce qui s’est passé au cours des deux dernières semaines. »
« Je ne pouvais pas bouger, il y a dix jours je ne pouvais pas marcher. Je ne pouvais pas bouger les deux mains, j’étais pratiquement un légume. Je ne pensais pas y arriver. »
« Je suis encore en train de tout assimiler, mais c’est incroyable de marquer ces points, de conduire cette voiture, elle est incroyable. C’est un bon début de saison. »
Et Lance Stroll regrette presque de n’avoir pas pu manger Lewis Hamilton en fin de course !
« Je pense que nous aurions pu avoir Hamilton sans la voiture de sécurité virtuelle. Nous avons perdu du temps à ce moment-là. Nous étions en train de le rattraper vers la fin. »
« Mais ma douleur a été le facteur le plus limitant dans les 20 derniers tours. Au virage 10 et dans les épingles, j’avais du mal à tourner en toute confiance sans douleur. J’essayais juste d’arriver au bout, mais j’ai pris beaucoup de plaisir à conduire la voiture tout de même. »
Mike Krack a été impressionné
Une telle combattivité a soufflé Mike Krack : le patron d’Aston Martin F1 rappelle qu’il n’y avait pas que la douleur qui gênait Lance Stroll, il y avait aussi le fait d’avoir raté tous les essais hivernaux !
« Il ne faut pas oublier qu’il n’a pas eu d’essais hivernaux, il a eu un problème le vendredi aussi en essais libres. Puis il a eu un stress énorme en qualification. »
« Il n’a pas du tout utilisé les pneus durs car nous avions économisé les deux trains que nous avions. Il n’avait aucune référence en matière de gestion pneumatique. »
« Nous savions donc, après tout ce battage médiatique, que nous avions des chances de monter sur le podium - et nous devons également tirer notre chapeau pour ce que Lance a fait aujourd’hui. »
Pour autant, Mike Krack assure que son pilote n’a jamais joué avec le feu (ou sa santé).
« Il s’est un peu protégé vendredi et a essayé de ne pas faire de mouvements avec ses poignets qui auraient pu gêner le reste du week-end. Il s’est évidemment concentré sur les qualifications et la course. »
Mike Krack était d’autant moins stressé qu’il savait avoir une solution de secours toute prête avec le pilote de réserve Felipe Drugovich, qui avait d’ailleurs roulé aux essais hivernaux.
« Je n’étais pas inquiet - parce que nous avions aussi Felipe ici en réserve, Felipe avait testé la voiture aux essais hivernaux. Il n’y avait donc pas d’inquiétude à avoir. »
« Lance avait son équipe avec lui pour sa convalescence et ils étaient très confiants - et nous devons leur faire confiance s’ils disent qu’il va s’en sortir. Nous étions confiants dans le fait que ça pouvait fonctionner. »