Quel sera le futur d’Aston Martin en F1 ? Alors que les résultats patinent et que des chantiers structurels sont lancés, l’équipe est aussi l’objet de plusieurs rumeurs : Audi, qui cherche à entrer en F1, serait intéressée par un partenariat avec Aston Martin F1.
Pour racheter l’équipe ou pour développer un tout nouveau moteur ? On ne le sait pas.
Quoi qu’il en soit, Lawrence Stroll a confirmé dans une conférence devant des investisseurs qu’Audi avait effectivement pris langue avec Aston Martin F1. Mais le Canadien semble ne pas vouloir aller plus loin… à moins d’une offre alléchante qui lui servirait de porte de sortie ?
« Avons-nous été approchés par Audi ? oui. Sommes-nous très heureux de notre collaboration avec Mercedes ? oui. Le monde de la Formule 1 est plein de ces histoires. »
Le management au bulldozer Lawrence Stroll se poursuit !
Pendant ce temps, une autre nouvelle d’importance est tombée concernant la marque Aston elle-même.
En mai 2020, l’arrivée de Tobias Moers, qui était alors le directeur général de Mercedes-AMG, au poste de PDG d’Aston Martin, avait été perçue comme un double message : celui de l’ambition de la marque anglaise, alors rachetée par Lawrence Stroll ; et celui d’un rapprochement possible avec Mercedes.
Deux années plus tard presque jour pour jour, le constat est amer… Aston Martin vient en effet d’annoncer le départ (d’ici quelques semaines) de Tobias Moers (qui avait d’ailleurs exprimé sa vision pour la F1, voir notre article).
« Tout d’abord, je tiens à exprimer mes remerciements et mon appréciation pour tout ce que Tobias a accompli » a déclaré le père de Lance dans un communiqué.
Lawrence Stroll confirme tout de même que les liens avec Mercedes continueront à être renforcés, de même que les transferts de technologie entre la F1 et les voitures de route seront encouragés.
« Il a rejoint Aston Martin à un moment critique pour la société et a apporté une discipline importante à ses opérations. Le bénéfice de ces actions est clair dans l’amélioration de la performance opérationnelle de la société et dans nos excellents lancements de nouveaux produits. »
« Il est nécessaire pour l’entreprise d’entrer dans une nouvelle phase de croissance avec une nouvelle équipe de direction et une nouvelle structure pour s’assurer que nous atteignons nos objectifs. Notre nouveau cadre organisationnel aidera la société à favoriser une plus grande collaboration, notamment avec nos partenaires stratégiques, dont Mercedes-Benz AG, et à accélérer les programmes de transfert de technologie avec l’équipe de Formule 1 Aston Martin Aramco Cognizant »
C’est Amedeo Felisa, 76 ans tout de même, et ancien directeur exécutif de Ferrari, qui remplacera Moers : c’est donc le 3e PDG chez Aston Martin F1 en 2 ans. Il se concentra en priorité sur le redressement financier et l’électrification de la gamme.
Mais que ces doux mots ne trompent personne : l’ambiance était apparemment glaciale entre Stroll et Moers.
Bien sûr, il est aussi possible que Moers paie les mauvais résultats financiers de la marque Aston, avec des pertes triplées lors du dernier trimestre (133 millions d’euros).
Mais selon Carbuzz.com, Moers aurait été comme poussé dehors en raison principalement de « différences stratégiques » avec le propriétaire Lawrence Stroll. Il est même rapporté que les deux hommes ne se seraient pas échangés un regard depuis le mois de janvier !
Voilà bien qui montre que comme on pouvait le penser, Lawrence Stroll pratique un style de management intrusif, brutal et autoritaire au sein d’Aston Martin, y compris dans l’équipe de F1.
Car rappelons qu’en début d’année, Otmar Szafnauer, ancien directeur d’écurie, avait lui aussi claqué la porte, sous-entendant que Stroll prenait trop de place dans la structure.
« Comme me l’a dit un de mes amis, l’Église catholique n’a qu’un seul pape. Et quand vous avez deux papes (Lawrence Stroll et lui), ce n’est tout simplement pas possible. Je pense donc qu’il était temps de partir et de laisser Aston Martin à leur seul pape, et je vais essayer d’aider Alpine au mieux de mes capacités » expliquait alors le Roumano-Américain.
Lawrence Stroll semble ainsi faire montre de plusieurs défauts critiques dans le top-management. D’une part, l’impatience – que ce soit sur les résultats sportifs en F1 ou les résultats financiers de la marque. D’autre part, le management par le vide, l’autoritarisme et la tension. Et enfin, l’installation d’une culture d’instabilité, voire de toxicité, dans les relations humaines, que relaient les rumeurs ambiantes.
Le tableau est peu encourageant… Mais le succès de Stroll comme chef d’entreprise par le passé nous montre aussi qu’il ne faut pas sous-estimer sa méthode. Brutale, mais efficace ? Les chantiers majeurs lancés à Silverstone (construction d’une nouvelle usine, d’une nouvelle soufflerie, recrutements en série…) pourraient bien finir par porter leurs fruits d’ici quelques années.
Cependant en F1, et Toyota peut en témoigner, l’argent ne fait pas tout : il faut aussi une bonne gestion.