Comment faire pour s’habituer à un week-end réduit à deux jours, d’autant plus sur un circuit largement inconnu des F1 modernes ? C’est le défi du paddock ce week-end à Imola.
Comme elle l’a prouvé au Mugello ou à Portimao, Mercedes est une des équipes les mieux à même de faire face à ces inconnues. James Allison, le directeur technique, en a dit plus sur les difficultés des équipes – qui se concentrent, comme on pouvait se le douter, sur la bonne fenêtre de fonctionnement des Pirelli.
« Passer à une nouvelle piste augmente la charge de travail, et cela ajoute de l’incertitude pour nous. Parce que nous n’avons pas une longue liste de toutes les choses qui auraient pu mal tourner sur cette piste dans le passé, et nous n’avons pas de connaissance détaillée de la façon dont la voiture va se comporter, mais nous avons d’assez bons outils de simulation. »
« Tant que nous savons à quoi ressemble l’asphalte, sa rugosité, la disposition des bordures et la trajectoire idéale, nous pouvons obtenir une assez bonne estimation de ce dont nous avons besoin pour aller rapidement sur cette piste. Et comme pour toute piste, qu’il s’agisse d’un nouveau circuit ou d’un circuit auquel nous sommes très habitués, le plus grand défi, la plus grande différence entre un bon et un mauvais week-end, est de savoir si les pneus chantent vraiment pour nous. »
« Si nous pouvons les faire travailler joyeusement dans leur bonne fenêtre, et si la voiture est bien équilibrée, nous allons passer un bon week-end. »
Les pneus : c’est aussi ce qui a expliqué le début de course très complexe des Mercedes à Portimao – c’est Carlos Sainz qui avait pris la tête de la course assez rapidement.
« Au début de la course, il y a eu une très brève averse qui a juste enlevé plus de température, ce qui a rendu l’adhérence encore plus faible. Et nos pneus étaient trop froids, tout le reste est lié à cela. »
« L’inconvénient des médiums [Mercedes était partie avec] est qu’il est plus difficile de les chauffer et de le faire fonctionner correctement lorsque la piste est froide. La plupart des gens derrière nous étaient sur le pneu tendre. Ils avaient donc tout de suite un pneu qui allait pouvoir rouler plus vite et se réveiller plus vite sur une piste très froide. »
C’est aussi parce que les Mercedes ont verrouillé la première ligne, que la situation a empiré...
« Lorsque les pilotes arrivent sur la grille avant le départ, dès qu’ils s’arrêtent, le pneu se refroidit et les personnes en pole position et aux premiers rangs de la grille restent là pendant de très nombreuses secondes alors que l’arrière de la grille est encore en formation. »
« Ainsi, ceux à l’arrière de la grille ont encore des pneus chauds, et cette chaleur diminue progressivement à mesure que l’on se rapproche de l’avant. Nous sommes sur les médiums, ce qui nous désavantage d’emblée dans ce temps froid et humide, et puis derrière nous, nous avons des voitures qui sont encore plus chaudes parce qu’elles sont à l’arrêt depuis moins longtemps. »
« Tous ces éléments ont contribué à ce que le début de cette course soit assez risqué pendant un certain temps. »
Cette bonne exploitation des Pirelli pourrait enfin expliquer, selon James Allison, le différentiel de performance important vu entre Lewis Hamilton et Valtteri Bottas en rythme de course.
« Une grande partie de ce que vous avez vu dimanche reflétait le fait que toute la grille, tout au long de la course, devait trouver le maximum de performance avec les pneus en étant du côté froid de la bonne fenêtre. »
« Et cela a un effet intéressant car cela a tendance à éloigner les voitures de leur pleine compétitivité. Cela a tendance à exagérer les différences et en fait, si vous regardez la course, vous verrez que les différences chronométriques dans les positions d’arrivée étaient très exagérées par rapport à la normale. »
« Il y avait des différences de temps au tour très importantes entre les coéquipiers et aussi entre les équipes, avec une grande partie de la grille de départ qui était en fait à un tour. »