Pour la préparation des écuries, le Grand Prix du Bahreïn, dont l’édition 2019 se tiendra cette semaine, propose un des défis les plus particuliers de la saison. En effet, la course comme les qualifications démarrent au crépuscule ; de plus, la course se déroule en plein désert, avec notamment le risque que la piste soit recouverte de grains de sable potentiellement nuisibles à la tenue des monoplaces.
Mercedes a détaillé les principaux défis qui émaillent la préparation de ce Grand Prix, aussi séduisant pour les spectateurs que complexe pour les ingénieurs.
Bahreïn est situé en plein désert ; pour autant, depuis que les EL2, les qualifications et la course ont été déplacées à 18h (heure locale), au moment du crépuscule, les températures constituent un défi moins épineux. Lorsque le Grand Prix se tenait de jour, les températures pouvaient avoisiner les 38 degrés dans l’air, et donc les 55 degrés environ sur la piste. Au coucher du soleil, la température « baisse de manière significative », précise Mercedes, vers les 25 ou 30 degrés. Cette année, les températures seront même plus fraîches qu’à l’accoutumée…
Il n’en demeure pas moins que Mercedes se prépare à devoir affronter des températures assez élevées dans l’air. La première préoccupation concerne la fiabilité : « un certain nombre de composants, en particulier l’unité de puissance, la boîte de vitesses et les systèmes électriques, seraient endommagées si l’équipe devait les faire fonctionner au-delà de leurs températures limites pendant une période prolongée » s’inquiète l’écurie.
« Donc quand la W10 roule à haute température, l’équipe doit ouvrir la carrosserie pour qu’il y ait plus de refroidissement, dans le but de prévenir la surchauffe de ces composants. Cependant, ouvrir la carrosserie a pour conséquence une perte de performance aérodynamique, puisque ces ouvertures additionnelles produisent de la traînée et perturbent l’écoulement de l’air autour de la voiture, ce qui affecte négativement l’efficience de l’aileron arrière et du diffuseur. En fonction de la configuration aérodynamique des écuries, la différence au tour peut être assez substantielle : une voiture totalement fermée pourrait être plusieurs dixièmes au tour plus rapide qu’une voiture ouverte au maximum pour refroidir les composants. »
Parc Fermé oblige, les systèmes de refroidissement devront être les mêmes entre les qualifications et la course. Cependant, rappelle Mercedes, la carrosserie « peut être potentiellement ouverte durant un arrêt aux stands, si les capteurs de la voiture indiquent que certains composants surchauffent. » Au niveau du repose-tête du pilote, une ouverture supplémentaire peut être plus facilement activée.
Une autre particularité du Grand Prix du Bahreïn concerne le moindre intérêt accordé aux EL1 et EL3 : en effet, ces deux séances se déroulent de jour, alors que les qualifications comme la course commencent au crépuscule. Mercedes entend dès lors « concentrer son programme de simulation de course le vendredi soir. » En EL1, tout travail sur les réglages devra être mené avec « une grande précaution » pour Mercedes : il s’agit de ne pas régler les voitures pour qu’elles soient efficaces « dans les mauvaises conditions », c’est-à-dire pour une course de jour.
Les EL1 serviront toujours pour « travailler sur d’autres éléments », comme le test de nouvelles pièces, ou la compréhension des pneus 2019, en profitant de ces températures plus chaudes pour tester les limites des pneus. Ainsi, les EL1 serviront non pas tellement pour le Grand Prix de Bahreïn, mais pour les courses estivales en F1 durant lesquelles les températures, comme en Hongrie par exemple, peuvent être très élevées.
Un autre défi qui rend délicat un week-end à Bahreïn, est le sable que le vent peut disperser sur la piste. Aucun filtre n’est requis pour empêcher le sable de s’introduire dans les voitures. Mais le sable, précise Mercedes, « a un effet abrasif, qui a un impact négatif sur les surfaces aérodynamiques. » Heureusement, la piste « se nettoie relativement vite », surtout quand 20 monoplaces la liment.
« Cela signifie que le plus gros impact causé par le sable se situe au départ des sessions. Cela peut créer un certain embouteillage chez les équipes, qui attendront toutes que les autres sortent en premier pour nettoyer la piste. » L’amélioration de la piste sera ainsi un facteur crucial en Q1. Quand l’on sait à quel point la dernière Q1 fut serrée à Melbourne, cela promet !