Cela fera bientôt 3 mois qu’Otmar Szafnauer a perdu son poste à la tête d’Alpine F1.
L’Américain était de retour dans le paddock d’Austin ce week-end et il admet ne toujours pas comprendre la décision du management d’Alpine et de Renault le concernant.
"Cela n’avait rien à voir avec mes performances, je n’ai même pas eu le temps de faire mes preuves."
"C’est dommage qu’on m’ait fait des promesses qu’ils n’ont pas tenues, notamment en me donnant 100 courses pour être compétitif et gagner. J’ai eu 18 mois !"
"J’ai eu 30 courses environ, et pour moi, 30 courses ne font pas 100. Et je suis un homme de parole. Quand je donne ma parole, c’est ce que vous faites, et l’intégrité, que j’ai apprise de mon père, est tout pour moi."
"Mais il semble que le monde entier n’ait pas appris de lui. Pomettez une chose, faites-en une autre."
Szafnauer souligne "un effet Dunning-Kruger" pour décrire l’équipe de direction d’Alpine qui congédié prématurément.
Le terme est défini comme un biais cognitif par lequel les personnes ayant des compétences limitées dans un certain domaine ou sujet surestiment leurs propres capacités ou expertise, tandis que les personnes ayant des compétences avancées sous-estiment leurs propres capacités.
"Quand vous souffrez de cela," dit Szafnauer, "vous ne prenez pas de bonnes décisions".
Alors qu’Alpine veut gagner tout de suite, Szafnauer considère que "cela est impossible en Formule 1"
"L’équipe ne fera qu’empirer si elle ne parvient pas à aller jusqu’au bout du processus de transformation. Les pilotes (Esteban Ocon et Pierre Gasly) sont talentueux, mais une équipe de 1 000 personnes est composée de 998 technologues. Il faut plus que du talent pour bâtir une équipe gagnante."
"Il faut du temps pour changer la culture et les pratiques de travail d’une équipe afin d’acquérir davantage de connaissances dans des domaines qui ont un impact considérable sur les performances. Et si la culture d’une équipe ne lui permet pas de fonctionner de manière cohérente dans tous ses départements, vous le remarquerez sur la grille."
"Il existe des raccourcis pour construire la culture d’une équipe en recrutant des personnes issues d’autres équipes performantes, mais il existe des obstacles importants en F1 en ce qui concerne le débauchage des meilleurs talents."
"Les techniciens les plus recherchés d’équipes comme Red Bull, Mercedes et Ferrari, ont des contrats de trois ans avec leurs équipes - vous devez les signer au cours de la dernière année de leurs contrats, avant ou pendant qu’ils négocient leurs nouvelles conditions. Parfois, vous ne pouvez accepter des conditions avec les meilleurs talents que lorsqu’il leur reste encore jusqu’à 18 mois sur leurs contrats en cours, ce qui rend le succès instantané dans une équipe comme Alpine encore plus difficile."
"C’est pourquoi cela prend du temps. Vous pouvez avoir un plan, mais vous ne pouvez pas l’exécuter parce que nous n’avons pas encore les personnes. Demandez à Christian [Horner] comment il a fait et il vous le dira : la continuité."
Bien qu’il ne soit plus en F1 pour le moment, Szafnauer a toujours de quoi s’occuper. Il est le fondateur et propriétaire du développeur numérique Soft Pauer, qui a développé la première application de chronométrage de Formule 1 utilisée par diverses équipes, marques et événements de sport automobile.
Szafnauer lance également une entreprise innovante dans le domaine des batteries imprimées en 3D, qui, selon lui, sont moins chères que les batteries traditionnelles et peuvent s’adapter à des espaces où d’autres batteries ne peuvent pas aller. De quoi, peut-être, devenir un des fournisseurs de la F1 pour 2026...