Jean Todt, ancien président de la FIA et directeur de l’équipe Ferrari, a soutenu l’appel de Felipe Massa à l’annulation du résultat du Grand Prix de Singapour 2008.
Massa lance une action en justice pour faire annuler le résultat du Grand Prix de Singapour 2008 car il estime que la FIA n’a pas pris de mesures lorsqu’elle a appris pour la première fois le complot du Crashgate, avant la clôture des résultats de la saison selon une interview de Bernie Ecclestone qui a déclenché toute la réouverture de l’affaire.
Todt avait démissionné de son poste à la tête de Ferrari fin 2007 et est devenu président de la FIA trois ans plus tard. C’est donc son prédécesseur Max Mosley qui a supervisé la réponse de l’instance dirigeante à l’affaire du Crashgate.
Le Français a déclaré à La Stampa qu’il ne souhaitait pas se laisser entraîner dans la polémique autour de cette affaire, mais a reconnu que l’épisode avait été "très dur pour Massa psychologiquement".
"Je n’entrerai pas dans la polémique. Mais peut-être aurions-nous pu être plus durs lorsque cette histoire a été connue. Il ne fait aucun doute que le Grand Prix de Singapour a été truqué et aurait dû être annulé."
Nul doute que ces propos venant d’un ancien président de la FIA, certes proche de Ferrari, feront réagir dans les jours à venir.
Le journal italien a également interrogé Todt sur la F1 actuelle, lorsqu’il lui a été de comparer la domination qu’il a eue avec Ferrari et Michael Schumacher au début du millénaire à celle de Red Bull et Max Verstappen lors des trois derniers championnats ?
"Oui, il y a des similarités. Red Bull a bâti une équipe gagnante avec un pilote extraordinaire, très professionnel, intelligent en course. Un talent fantastique."
Et Perez, le coéquipier de Verstappen, peut-il être comparé à Rubens Barrichello ? Un ailier contraint de se soumettre au champion ?
"Je connais assez bien Barrichello, Perez beaucoup moins : c’est un très bon pilote, certainement pas à la hauteur de son coéquipier, qui a remporté 19 courses contre 2. Les résultats parlent d’eux-mêmes, même s’ils ne sont pas une garantie de succès pour l’avenir."
Espère-t-il voir d’autres équipes ou pilotes lutter pour le titre l’an prochain ? Bien évidemment selon Todt, qui rappelle un douloureux souvenir pour lui.
"Vous ne vous souvenez pas de 2005 ? Même équipe, mêmes pilotes après une saison triomphale. Il y a toujours Schumacher, mais nous ne sommes pas compétitifs. Nous sommes redevenus rapides en 2006, mais nous avons perdu à cause de problèmes de fiabilité. Michael fait ses premiers adieux à la Formule 1. Il reviendra chez Mercedes en 2010. Pendant ce temps, nous avons gagné en 2007 avec Raikkonen et perdu dans les derniers mètres en 2008 avec Massa."
Qui sont les héritiers de Schumacher selon Todt ?
"Je soutiens Leclerc. Mon fils le suit depuis qu’il fait du karting. C’est un grand pilote et il mérite l’opportunité de remporter le titre."
A-t-il un mot pour son successeur chez Ferrari, Stefano Domenicali, qui dirige désormais la Formule 1 ?
"Je suis content de sa bonne carrière. Nous avons passé 16 ans ensemble. Il a été licencié un peu injustement par Ferrari, mais ce mauvais moment s’est transformé en opportunité. Ça marche très bien. De temps en temps, le destin semble mauvais dans l’immédiat, puis il nous donne satisfaction."
Enfin, Todt affirme ne jamais avoir ressenti de nostalgie pour la F1 après sa carrière.
"Jamais de nostalgie. J’ai de la chance, j’ai été le dernier à gagner chez Ferrari et les fans se souviennent de moi partout. Grâce à mon activité à l’ONU, je suis en mesure de redonner aux autres les bonnes choses que j’ai reçues dans ma vie. Et puis j’aime toujours les courses, quand je planifie mes rendez-vous et mes déplacements, je vérifie d’abord s’il y a un Grand Prix. La semaine dernière, j’étais à Pékin et je devais revenir dimanche soir. J’ai réalisé que je serais dans un avion pendant la course d’Abu Dhabi. J’ai donc pris l’avion à 2 heures du matin pour ne pas rater la course."