Quel début ! Pour sa première course avec Aston Martin F1, Fernando Alonso a fini sur le podium, avec un rythme en long relais impressionnant, et une dégradation des Pirelli très efficace (ce qui lui a permis de manger les Mercedes comme la Ferrari de Carlos Sainz).
Alors, cette 3e place n’est-elle pas un départ de rêve pour l’Espagnol dans sa nouvelle équipe ?
« Ça l’est ! Évidemment, c’est un début parfait pour ce projet. Nous ne nous attendions pas à être aussi compétitifs. Je pense que l’objectif en 2023 était d’être dans la bataille dans le milieu de la grille, peut-être de mener ce milieu de grille et de se rapprocher des trois premières équipes finalement… »
« Mais même un podium n’était peut-être pas dans le radar en 2023. Et nous nous sommes retrouvés deuxième meilleure voiture à Bahreïn, juste derrière Red Bull. »
« Donc, c’est, oui, un peu une surprise. Red Bull et Ferrari étaient dans leur propre ligue l’année dernière et nous pensions que cela prendrait deux ans pour rattraper ça, au minimum. Être la 2e meilleure équipe en huit mois c’est assez irréel. Au moins ici sur ce circuit. Mais nous sommes extrêmement fiers, heureux du travail accompli à Silverstone dans l’usine. Donc félicitations à tout le monde. Profitons de ce moment et construisons à partir de là, en espérant une bonne campagne 2023 et en nous rapprochant de plus en plus des meilleurs. »
Fernando Alonso doit presque se pincer pour y croire ! Il est toujours sur son petit nuage...
« J’ai le même sentiment depuis les essais, c’est trop beau pour être vrai. Et vous vous attendez toujours à ce que quelque chose se passe... pour prendre du recul et revenir à la réalité. »
Deux dépassements sur deux F1 de top-teams
Fernando Alonso nous a aussi gratifiés de deux beaux dépassements sur Lewis Hamilton et Carlos Sainz, pleins de patience et de vista... Peut-il les raconter ?
« Je les ai évidemment appréciés, ces dépassements, parce que je suis ressorti devant. C’est toujours la même chose dans une bataille. Quand vous vous battez devant, avec ces grands pilotes, ces grands champions, c’est plus intense, plus d’adrénaline quand vous êtes roue contre roue. Donc oui, je ne voulais pas faire d’erreur, ou avoir un contact parce que évidemment quand vous êtes 12e, vous ne perdez rien, mais bien sûr, là, nous nous battions pour de grandes choses. »
« La voiture était très agréable à conduire. C’était probablement notre force, tout au long des essais. Et ce week-end, même si la course m’a semblé très longue - les 10 derniers tours, parce que je voulais voir le drapeau à damier et être sur le podium - la voiture était très agréable à conduire et j’aurais pu piloter pendant une heure de plus ou quelque chose comme ça, en étant juste seul sur la piste. »
Que s’est-il aussi passé pour Fernando Alonso au virage 4 ? A deux reprises, quand il tentait de dépasser, son Aston Martin F1 a semblé dévier vers l’extérieur, le pilote perdant provisoirement le contrôle...
« Je pense que nous savons ce qui cause cela, mais je le garde pour moi. Nous travaillons toujours. Comme je l’ai dit, la voiture est très nouvelle. Nous devons apprendre plus de la voiture, je dois m’habituer à la voiture. Donc toutes les choses ne sont pas encore adaptées à 100%. »
Au départ également, Fernando Alonso a eu chaud : il a failli être éliminé par son propre coéquipier Lance Stroll dans le premier tour... Le contact n’était-il pas très tendu ?
« Ouais, apparemment dans le Virage 4. Je pensais que c’était George. Mais j’ai vu le replay à la télé plus tard, et c’était Lance. Donc oui, il avait pris un très bon départ car il était à côté de moi dans le Virage 4. On a eu de la chance. »
« Évidemment, les deux voitures n’ont pas eu de problèmes et nous avons pu continuer. C’était notre jour de chance. Pour beaucoup de choses, vous savez, pour ce contact aussi. Je suis très heureux pour l’équipe parce qu’ils le méritent. »
Fernando Alonso a évité les vibreurs en fin de Grand Prix : cela veut-il dire que cette Aston Martin F1 est un peu fragile ?
« Pas vraiment… Mais, vous savez, nous avions une position très confortable. Donc, j’ai ralenti le rythme et j’ai informé l’équipe que je pouvais aller plus vite, mais j’évitais les vibrations et je ramenais la voiture à la maison. Il y a quelques domaines que nous devons améliorer - mais je ne dirai pas quoi… »
L’Aston Martin F1 semble être très forte sur la gestion et la dégradation des Pirelli... Avec un meilleur départ, sans se faire piéger par les Mercedes, Fernando Alonso aurait-il pu aller même chercher Charles Leclerc voire les Red Bull ? Quelles sont autrement les faiblesses de l’AMR23 ?
« Sur les pneus, oui. Il semble que ce soit l’un des points forts de notre voiture, un héritage de l’année dernière aussi, parce qu’Aston Martin était très fort les dimanches l’année dernière aussi. Essayons de garder ces caractéristiques sur la voiture et d’améliorer les samedis, ce qui était peut-être le point faible de l’équipe l’année dernière. »
« Et aussi en qualifications, nous n’étions pas méga-compétitifs. Il faut donc travailler là-dessus. Sur le rythme de la course, évidemment nous avons perdu du temps dans le premier relais. Je me suis juste assis derrière la Mercedes. Je suis sûr que j’ai perdu 10 ou 15 secondes avec toutes ces batailles contre les Mercedes. »
« Donc si nous sommes à 40 secondes du leader, nous aurions pu être à 20 secondes, ou 30 secondes. Ouais, pas de vrai combat - encore - contre Red Bull. »
Cap sur la 33e victoire !
Son Aston Martin F1 est-elle une voiture capable de gagner cette année ? Ou bien cette performance était-elle spécifique à la nature du tracé bahreïni ?
« Ça semble réel, cette performance. On verra à Djeddah. »
« Je suis curieux d’aller en Australie aussi. Des circuits très différents. En Arabie saoudite on aura des virages à grande vitesse, très peu de dégradation. A Bahreïn, nous étions forts dans des choses que nous ne trouvons peut-être pas à Djeddah, et en Australie. Donc, si nous sommes forts dans les deux prochaines courses, je pense que nous aurons une très bonne année 2023. »
Fernando Alonso a désormais faim de victoires et il annonce du lourd chez Aston Martin F1 en termes de développement !
« Mais le point le plus important est que la nouvelle Aston Martin est juste une nouvelle voiture, un nouveau projet. Ce n’est que le début. Vous savez, ce n’est pas la voiture finale, c’est juste la voiture de départ de ce concept que nous avons modifié cet hiver. Certaines des écuries de pointe ont juste gardé la philosophie qu’elles avaient l’année dernière. Red Bull ou Ferrari ont gardé plus ou moins les mêmes formes. Ils ont juste affiné les choses et perfectionné la bonne base qu’ils avaient. »
« Pour nous, c’était beaucoup plus difficile. Nous devons changer 95 % de la voiture. Donc, je suppose qu’il y a plus à apprendre de la voiture, et il y a plus à venir de notre côté. J’ai une confiance totale dans notre équipe, évidemment ils savent ce qu’ils font. Espérons que nous nous améliorerons bientôt. »
Fernando Alonso peut-il donc réussir sa ’mission 33’, c’est-à-dire remporter un 33e succès en carrière en 2023 ?
« Oui ! Je dirais oui parce que quand vous êtes 3e au premier Grand Prix… il y a 22 opportunités cette saison. Et même l’année dernière, je me souviens qu’au Canada, en qualifications sous la pluie, nous étions sur la première ligne de la grille. Vous savez, tout peut arriver sur 22 courses avec des conditions différentes. Et je vais faire de mon mieux pour avoir cette opportunité. »
« Peut-être que nous avons besoin d’aide. Peut-être que cette année, s’il y a quelques abandons devant nous ou quelques problèmes, peut-être que ce sera plus qu’un podium. Alors espérons-le. »
Si Aston Martin F1 s’est autant rapproché, n’est-ce pas la preuve aussi que le règlement tend à rapprocher les performances sur la grille ?
C’est enfin l’occasion pour Fernando Alonso de brosser son patron dans le sens du poil !
« Non. Je pense qu’il faut avoir la vision et l’ambition de Lawrence Stroll, ou de nos dirigeants et de notre management parce que les opportunités sont là pour tout le monde - mais il semble qu’une seule équipe soit prête à faire tout ce qu’il faut pour gagner. Et vous savez, je suis fier de faire partie de cette organisation. »