Les débuts de Yuki Tsunoda, en essais hivernaux comme lors de la première course à Bahreïn, avaient été prometteurs. Mais depuis, le Japonais s’est crashé plusieurs fois (en qualifications à Imola, Bakou et au Paul Ricard, et en essais libres à Monaco et sur le Hungaroring) ; et son retard en performance pure face à Pierre Gasly est net (une bonne demi-seconde sur le sec en moyenne en qualifications).
David Coulthard a ainsi estimé que Yuki Tsunoda ferait mieux de faire son baluchon et de rentrer chez lui à compter de l’an prochain…
Et même Yuki Tsunoda s’est dit surpris par sa prolongation en raison de ses crashs.
En vérité, comme il l’a confié à The Race, le pilote AlphaTauri n’arrive pas à se sortir de la spirale infernale des crashs, affectant sa confiance et son aisance.
« A chaque fois que j’échouais dans les barrières, je perdais confiance et le Grand Prix suivant, je devais juste repartir de zéro et encore une fois, en qualifications, j’étais à fond et j’entrais juste dans les barrières. »
« C’était permanent et c’était vraiment mauvais. »
« La première course, je ne savais pas ce qui allait se passer, dans cette course, je me sentais vraiment bien. Je contrôlais vraiment bien la voiture. »
« A Imola, surtout après les qualifications, j’ai perdu confiance. Je ne m’attendais pas à avoir autant de mal. C’est difficile en Formule 1. Dans les catégories juniors, je n’ai jamais eu autant de mal à perdre confiance. C’est le problème principal, et c’est pourquoi je construis des tours et des séances en essayant de le faire de manière plus régulière. »
La "hype" Yuki Tsunoda aurait-elle ainsi plus nui que souri au pilote ? C’est l’hypothèse qu’il dresse lui-même.
« Au début de la saison, les attentes étaient trop élevées, c’est pourquoi la première course s’est bien passée, mais après ça, ça devient de plus en plus confus à chaque semaine de course. Cela fait une mauvaise spirale. »
« Maintenant c’est bon. Les trois dernières courses, peut-être que les qualifications ne se passaient pas bien, mais j’ai appris plus sur la voiture. »
Eddolls juge les progrès de Yuki Tsunoda avec circonspection
Chez AlphaTauri, on est habitué à faire grandir des rookies ; mais Yuki Tsunoda est-il différent des autres ?
Jonathan Eddolls, ingénieur de course en chef, a en tout cas expliqué qu’il était parfois difficile de dire ce que Yuki Tsunoda voulait, ou quel était son vrai problème. Pour régler un problème, il faut d’abord l’identifier...
« Parfois, il est difficile pour lui de savoir exactement. Parfois, il pense qu’il a besoin de stabilité. Parfois, il pense qu’il a besoin de plus de rotation. Nous avons essayé de lui donner ce dont il a besoin, avec des résultats mitigés. »
« Il n’était pas nécessairement sûr de la principale limitation avant les qualifications, alors nous lui avons dit : "Laisse-nous faire, nous ferons en sorte de te donner une voiture que nous savons performante – ne t’inquiète pas, pilote naturellement", on lui disait, et vous pouvez voir qu’il a fait un bon pas. »
« Il y arrive et y arrive, puis il y a un accident ou quelque chose qui se produit et il faut tout remettre à zéro, puis il faut un autre week-end de course pour retrouver sa confiance.
« C’est difficile en F1, vraiment. Et à chaque course, il y a eu quelque chose, des circonstances atténuantes. »
En conséquence de ses crashs, Helmut Marko avait forcé Yuki Tsunoda à déménager : du Royaume-Uni il était passé en Italie, près de l’usine de Faenza. Et cela paye selon Eddolls.
« Il vit maintenant à Faenza, il est donc proche de l’usine et nous pouvons travailler en étroite collaboration avec lui entre les événements. Il a également fait beaucoup de travail, ce qui est indispensable.
« Nous avons tous tellement de données disponibles, de vidéos, donc c’est une approche différente pour lui parce que je pense que dans les catégories inférieures, c’est un peu plus : vous vous présentez, vous sautez dans la voiture et vous conduisez. »
« Ce n’est pas seulement sa capacité à piloter. Il doit apprendre à utiliser toutes les informations et toutes les données dont nous disposons. C’est donc un processus assez différent pour lui. »