Mais qu’est-ce qui a bien pu causer la panne hydraulique de Fernando Alonso en qualifications – ce qui lui a coûté une première ligne ou une deuxième ligne, selon les estimations ?
Comme cela arrive souvent en F1, ce n’est pas la pièce la plus coûteuse ou la plus complexe qui a donné tant de regrets à Alpine : Otmar Szafnauer a révélé qu’il s’agissait… « d’un joint torique au niveau des joints d’huile… ». Une pièce qui coûte à peu près 2 euros !
« Nous avons un mode de sécurité qui essaie de sauver le moteur, donc quand vous voyez une baisse de la pression d’huile, le mode de sécurité s’active et c’est ce qui s’est passé. Donc la réparation consistait en un changement de cette pièce. »
En tentant de sauver meubles, Alpine a en réalité continué d’enfoncer son pilote le lendemain en course. En pneus durs au départ, Fernando Alonso a ainsi été coincé derrière l’AlphaTauri de Pierre Gasly, légèrement moins rapide pourtant, continue Otmar Szafnauer.
« Si nous nous étions qualifiés là où nous aurions pu, la course aurait été totalement différente pour Fernando. Il serait parti sur les mediums comme tous les autres autour de lui, n’aurait pas été piégé par la voiture de sécurité, aurait eu une bonne chance de se battre avec les quatre premiers. »
La voiture de sécurité, entrée suite à la collision de Sebastian Vettel à la mi-course, a permis aux pilotes en médiums de bénéficier d’un arrêt gratuit - pas Fernando Alonso qui est pourtant resté en piste.
L’Espagnol est finalement rentré aux stands au 39e tour en profitant de la voiture de sécurité virtuelle suite à l’abandon de Max Verstappen. Mais reparti 14e en mediums, il a vite usé ses C3 sans pouvoir remonter, se faisant même déborder par l’Alfa Romeo de Guanyu Zhou.
« On avait quatre voitures devant nous, on avait un train DRS » regrettait Fernando Alonso.
« Si les voitures sont isolées, vous les dépassez. Mais s’il y en a quatre et qu’elles ouvrent toutes le DRS, c’est impossible et on a tué les pneus. »
Le contre-exemple Williams
En réalité, Alpine aurait dû sûrement imiter Williams : l’équipe de Grove a laissé en piste Alexander Albon avec ses durs initiaux jusqu’à l’avant-dernière boucle, espérant un drapeau rouge. En étant à un tour du leader Charles Leclerc, et en rentrant au dernier moment pour chausser des tendres, le Thaïlandais a réussi l’exploit de finir dans les points.
Otmar Szafnauer l’admet : les stratèges de Williams ont été plus malins que ceux d’Enstone.
« Ce qui m’a surpris, ce n’est pas qu’ils aient marqué un point. Ce qui m’a surpris, c’est leur rythme sur un pneu dur vieux de 57 tours. Il y a des choses à apprendre de cela. Je ne serais pas surpris s’ils étaient surpris chez Williams. »
« Il faisait toujours de bons temps au tour. Fernando, par exemple, s’est retrouvé coincé derrière les autres et a tué ses pneus mediums, ce qui l’a obligé à rentrer aux stands, alors qu’Albon ne l’a pas fait. Ils ont absolument fait ce qu’il fallait. »
« Si nous n’avions pas eu le rythme que nous avions, si la voiture de sécurité virtuelle n’était pas sortie, et si nous avions fait ce qu’Albon a fait, nous aurions terminé 10ème. Nous aurions terminé devant lui. »
« Cependant, vous prenez des décisions différentes lorsque vous êtes plus loin devant, vous rentrez au stand et vous sortez ailleurs. »
« Vous pouvez seulement prendre la décision avec les informations que vous avez à ce moment-là. Il est vraiment difficile de prédire l’avenir. »