Avec la progression en flèche de la popularité de la F1, avec encore les budgets plafonnés, qui offrent lisibilité et visibilité quant aux dépenses, il n’est pas étonnant de voir la valeur des équipes de F1 progresser.
En 2021, Zak Brown, le PDG de McLaren Racing, estimait qu’une équipe de F1 vaudrait bientôt « un milliard » (voir notre article).
Et ce seuil pourrait même avoir été dépassé aujourd’hui : des investisseurs auraient proposé non pas un milliard, mais plusieurs, pour racheter une équipe de F1 récemment, selon Stefano Domenicali.
Et cela donne des idées au patron de la FOM : le ticket d’entrée en F1 (fonds anti-dilution), actuellement de 200 millions de dollars, n’est-il pas ridiculement trop bas par voie de comparaison ?
« Si vous regardez ce qui s’est passé en si peu de temps, au sujet de la valeur des équipes… il n’y a pas si longtemps - je dirais il y a deux ans, lorsque les nouveaux Accords Concorde ont été signés - lorsque l’on parlait de la valeur d’une équipe qui devait venir en F1, on avançait le chiffre de 200 millions [soit le montant du fonds anti-dilution]. Ce chiffre semble inatteignable, car certaines équipes ont été vendues pour 1 livre sterling dans le passé [comme Force India]. »
« Aujourd’hui, le marché offre presque des milliards aux équipes et elles les refusent. Pouvez-vous imaginer cela ? »
« Cela vous donne une idée de ce que nous sommes en train de construire en tant qu’écosystème. Nous construisons une structure importante, une dynamique importante, et plus chacun se développe, meilleure et plus forte est la plateforme commerciale dans laquelle nous travaillons tous. »
Le projet d’une 11e équipe toujours au point mort
Plutôt que de racheter une équipe existante, ne serait-il donc pas plus économique d’en créer une nouvelle ? C’est bien sûr le projet d’Andretti, qui semble toujours bloqué pourtant pour le moment par la F1 comme les équipes.
Toutefois les derniers propos de Stefano Domenicali ne sont pas encourageants pour Andretti : le patron de la FOM ne pense pas que la F1 ait forcément besoin d’avoir besoin de plus de 10 équipes à l’heure actuelle.
« Je ne pense pas, c’est une opinion personnelle, je dois dire que si vous avez un bon spectacle, 20 voitures sont plus que suffisantes. »
« Si vous avez deux voitures ou deux pilotes qui se battent, le niveau d’attention est énorme. Si vous avez déjà deux équipes qui se battent, cela signifie quatre voitures en lutte, c’est tout simplement incroyable. Pouvez-vous donc imaginer que 20 voitures et 10 équipes soient au même niveau sur la piste ? Ce serait impressionnant. »
« Je dirais qu’il faut attendre et voir. Mon "non", cela ne veut pas dire que je suis contre l’arrivée de quiconque en F1, je dois clarifier cela parce que sinon on pourrait croire que je veux être protectionniste, ce qui n’est pas le cas. Je veux avoir la bonne personne et je dois aussi respecter ceux qui ont investi dans la F1 au cours de la dernière période, parce que nous oublions trop vite le respect. »
« Aujourd’hui, tout le monde veut sauter dans le train qui va très vite. Mais nous devons être prudents, nous devons prendre la bonne décision, c’est ce que je dis. »
Où en est donc l’appel d’offres pour les nouvelles équipes de F1 ? Les dossiers reçus sont-ils satisfaisants ? Une 11e voire 12e équipe sera-t-elle acceptée en F1 ? La date limite approche : une décision devra être rendue par les instances à la fin du mois.
« Il y a une évaluation en cours aujourd’hui qui implique la FIA et nous pour faire le bon choix pour l’avenir. C’est quelque chose qui est également lié à la discussion future sur le renouvellement des Accords Concorde, dont nous devons nous rappeler qu’ils expirent à la fin de l’année 2025. »
« Nous avons donc encore un long chemin à parcourir, mais c’est une évaluation que nous devons faire compte tenu de ce que j’ai dit à propos de cette période où, par le passé, des équipes arrivaient et repartaient avec une valeur nulle. Aujourd’hui, les équipes sont stables, très rentables et très fortes en termes de capacité technique à être compétitives sur la piste. »
« Par conséquent, la bonne réponse est que dans les prochains mois, nous devrons aborder un point de discussion très important. En d’autres termes, devons-nous rester à 10 écuries, devons-nous avoir plus d’équipes ou pouvons-nous accorder une dérogation à une future équipe qui pourrait être vraiment très, très forte et qui pourrait rejoindre la F1 ? C’est un sujet qui fera partie des discussions à venir. »
Stefano Domenicali ne se dit pas protectionniste, mais il est en tout cas conservateur : il sait que toute arrivée d’une 11e équipe réduirait mécaniquement les revenus aux 10 autres, fragilisant ainsi les petites structures.
« Dans mon rôle, je dois considérer que le sport ne peut se développer que si la majorité de toutes les équipes peut se développer. C’était l’un des principes fondamentaux du plafond budgétaire : donner une stabilité financière crédible à la valeur de la franchise de l’équipe. »
« Plus vous êtes en mesure d’avoir un plateau compétitif, plus vous pouvez avoir des courses intéressantes, plus vous pouvez créer de l’intérêt pour le sport et c’est certainement très, très important. »
« Il est clair que dans certaines situations, l’intérêt de ces équipes pour la F1 est plus grand parce qu’elles investissent et croient qu’il s’agit d’un véritable projet sur lequel elles peuvent développer d’autres choses. Il est donc important que nous assurions une stabilité financière durable à chacune d’entre elles. »