Alors que des équipes comme Ferrari semblent enchaîner les directeurs d’équipe, une remarquable stabilité prévaut chez Red Bull et Toro Rosso/AlphaTauri. Les directeurs d’écurie ont été les mêmes depuis l’entrée en lice des deux équipes (même si Franz Tost quittera son poste l’an prochain).
Chez Red Bull, depuis 2005, c’est Christian Horner qui tient la barre et qui compte donc à son actif à lui seul les 6 titres de champion du monde constructeurs et bientôt 7 titres pilotes.
Faire confiance à Horner tenait tout d’un pari à l’époque : car le Britannique était jeune, plus jeune même que David Coulthard, le pilote titulaire de l’équipe ; et il n’avait officié qu’en F3000, chez Arden.
Robert Doornbos, pilote de réserve et titulaire aux premiers temps de Red Bull, se souvient justement que ses premiers contacts avec Christian Horner remontaient à la F3000. Et il raconte aussi pourquoi Helmut Marko et Dietrich Mateschitz, le grand patron de Red Bull, ont fait confiance à ce jeune patron d’équipe junior.
« En Formule 3000, Red Bull sponsorisait mon coéquipier, Liuzzi, et ils étaient donc déjà en train de regarder dans la cuisine d’Arden et de faire la connaissance de Christian. »
« Ce qui a attiré Red Bull, ou au moins Helmut Marko, c’est de se dire : "D’accord, si nous avons besoin d’un directeur d’écurie, nous devons le faire d’une manière différente. Au lieu de faire appel aux personnes habituelles, nous allons prendre un jeune et le promouvoir en F1". Au cours de ces premières années chez Red Bull, on a pu constater la détermination de Christian à faire bouger les choses et à réussir. Il avait quelque chose de spécial en tant que leader, malgré son jeune âge. »
Christian Klien, pilote Red Bull entre 2005 et 2006, s’étonne encore que David Coulthard ait eu sous ses ordres un patron plus âgé que lui !
« Il était très jeune pour être directeur d’équipe, en fait plus jeune que David (Coulthard), ce qui est amusant ! Il a dû gravir les échelons et la situation n’était pas facile pour lui, car il devait prendre en charge une énorme écurie de F1 comptant plus de 500 personnes à l’époque, tout en rendant compte à Helmut et Didi Mateschitz. Je suis très, très impressionné par la façon dont il s’est développé, mais il s’est très bien débrouillé tout de suite. »
« Il était amical, ouvert, on pouvait toujours l’approcher. On avait l’impression qu’il était toujours à nos côtés et qu’il comprenait ce qu’on lui disait, parce qu’il était pilote lui aussi. Je l’estime beaucoup, beaucoup. C’est le directeur d’équipe qui a le plus d’ancienneté à l’heure actuelle et le travail qu’il a accompli au fil des ans a été incroyable. Red Bull a connu de bons jours, mais aussi des années difficiles, et le fait de se battre et d’être toujours là est une grande réussite. »
La constance et le passé de pilote de Horner, clefs du succès ?
Depuis lors, Christian Horner est donc à la tête de l’équipe de Milton Keynes, sans interruption.
Pour Mark Webber, pilote Red Bull entre 2007 et 2013, c’est cette stabilité qui explique le succès rencontré par Red Bull Racing en F1.
« C’était un rôle important pour Christian, qu’il a endossé très tôt, et il s’y est parfaitement intégré grâce à son expérience, à sa capacité à évoluer. L’équipe est très stable et c’est une très bonne recette pour le succès. »
« Christian a piloté un peu dans un cockpit, ce qui est très, très puissant. Je pense que cela a aidé Christian à prendre conscience de ce que nous essayions de faire dans la voiture. Ce n’était pas toujours facile, bien sûr, mais il a fait de son mieux à ce moment-là pour comprendre la situation de l’équipe et des pilotes individuellement. »
David Coulthard, pilote Red Bull entre 2005 et 2008, comme Webber, estime lui aussi que c’est le passé de pilote de Christian Horner qui a beaucoup compté dans son succès (Horner était ancien pilote de F3, F2 et de F300).
« Christian a joué un rôle clé. Les concepteurs, les ingénieurs, les mécaniciens et les pilotes vont et viennent, mais la seule constante est Christian. Il a une passion pour la course, il était un "racer", il voulait aller au plus haut niveau, mais il a reconnu, pour une raison ou une autre, qu’il avait manqué d’opportunités ou de talent... Après cela, il s’est alors concentré sur la gestion de sa propre équipe, ce qui l’identifiait déjà comme un businessman de la course, et Red Bull le connaissait et l’a soutenu. Je pense que la plus grande partie du mérite revient à Christian. »