Peugeot a récemment annoncé son retour en endurance, en profitant de la refonte réglementaire de la discipline. Carlos Tavares a pour l’occasion été à l’honneur lors des dernières 24 Heures du Mans, en donnant le départ de la course confinée.
Dans une interview au Figaro, le PDG à succès de PSA, qui est aussi un grand passionné de sport auto, a expliqué en détail les raisons du retour de Peugeot. Elles sont principalement d’ordre budgétaire, alors que la crise du coronavirus sévit…
« J’étais venu au Mans, il y a quelques années pour expliquer à la FIA (Fédération internationale de l’automobile) et à l’ACO (Automobile Club de l’Ouest) que l’inflation des coûts, avec des budgets de l’ordre de 150 millions d’euros par an, allait faire exploser la discipline. Je n’en tire aucune gloriole mais c’est ce qui s’est produit. Ceux qui laissent les budgets exploser ne sont pas des défenseurs du sport automobile. »
« Il y a une fenêtre technologique qui s’ouvre avec les véhicules électriques et les véhicules hybrides rechargeables de la marque Peugeot. Le tout sur la base d’un passé merveilleux en endurance sur lequel on peut s’appuyer pour construire l’avenir. »
Le nouveau règlement du WEC, avec les hypercars, permettra justement à une équipe de pouvoir concourir à 50 millions d’euros annuels. Un gage « éthique » pour Tavares « qui se défend » devant le CA de Peugeot.
Cependant il est un autre sport qui a aussi abaissé récemment ses budgets : la F1. Avec la mise en place des budgets plafonnés à 145 millions de dollars, 135 à moyen terme, le sport deviendra lui aussi moins cher, même si de nombreuses exceptions figurent à ce budget (salaires des pilotes, budget marketing…).
Ce sont notamment ces exceptions qui rendent Tavares sceptique sur la réalité du changement de la F1… et c’est aussi l’occasion, pour le patron de PSA, de comparer les deux disciplines, avec une hiérarchie nette en tête…
Tavares a-t-il donc jamais rêvé à revoir Peugeot en F1 ?
« Pas particulièrement. On a trop entendu d’histoires sur les réductions de coûts de la Formule 1 qui ne se sont jamais produites. »
« C’est une discipline d’un autre niveau de coût malgré les perspectives d’amélioration avec le cost cap (plafonnement des coûts). Il faut d’abord voir. Cela fait combien de décennies que l’on parle du cost cap en F1 ? L’endurance colle beaucoup mieux à l’ADN de l’entreprise. La F1 est aussi un sport d’équipe mais on n’est pas dans la résilience, la persistance. Et puis il y a l’histoire. Nous avons connu du succès au Mans, moins en Formule 1. Il vaut mieux rester dans le domaine où l’on a une base historique sur laquelle on peut s’appuyer. »
« La F1 est aussi dans une période de transition très délicate. On ne peut pas accumuler les difficultés de mise en place d’une équipe et de développement de la technologie dans une discipline qui flotte un peu. »
« Ce qui m’intéresse, c’est le travail d’équipe. Et l’endurance est un travail d’équipe. La chose la plus jouissive, c’est quand une équipe prépare la voiture et que les pilotes s’entendent pour dire : « On va rouler pour protéger la voiture, pas pour démontrer que je suis plus rapide que toi. » La gestion des ego, la préparation rigoureuse de la voiture, la parfaite exécution des arrêts au stand et de la stratégie, le calme, la résilience, la persistance... Tout cela se voit sur les courses de 24 Heures. C’est incroyable. »
Les dirigeants de la F1 apprécieront…