Ce point aurait provoqué la colère de Sebastian Vettel lors du briefing des pilotes au Red Bull Ring ; et c’est effectivement une constante lancinante de ces dernières années : comment faire respecter les limites de piste en F1 ?
La question se pose clairement en particulier en Autriche, où les configurations des virages en dévers sont parfois très, trop tentantes pour les pilotes…
Pour rappel, cette année, tout dépassement avec les quatre roues au-delà de la ligne blanche est censé être pénalisé… mais il y a des exceptions selon quelques virages spéciaux.
Sergio Pérez s’est ainsi fait effacer son temps de Q2 vendredi dernier ; tandis qu’en course, de nombreux pilotes ont reçu des avertissements ; et quatre des pénalités de cinq secondes (Lando Norris, Guanyu Zhou, Pierre Gasly et justement Sebastian Vettel).
George Russell, président du GPDA, avait déjà pointé ce problème (voir notre article).
C’est désormais le champion du monde qui s’y met : pour Max Verstappen, la F1 n’a pas renvoyé une bonne image avec de multiples avertissements et pénalités, peu compréhensibles pour le grand public.
Le Néerlandais demande-t-il, comme George Russell, à la FIA de ne nommer plus qu’un seul directeur de course, et non deux comme actuellement avec Eduardo Freitas et Niels Wittich, afin d’avoir plus de constance ?
« Je ne pense pas qu’il est nécessaire d’avoir juste un directeur de course. Il s’agit simplement de travailler avec les pilotes plutôt que de rester sur ses positions et d’être têtu. Nous voulons améliorer les choses pour tout le monde, et ce n’est pas comme si nous nous battions pour nous-mêmes. »
« Nous avons de bonnes conversations entre pilotes, et à la fin, nous sommes plus ou moins d’accord sur la plupart des choses - bien sûr, chacun a ses propres opinions sur certaines choses. »
« Mais, les limites de piste... Je pense que le débat sur les limites de piste ce week-end a été un peu une blague, non seulement en F1 mais aussi en F2 et en F3. »
En F2 il y a en effet eu aussi du grabuge : le revenant Roberto Merhi a passé la ligne d’arrivée en 2e place dimanche... mais sa pénalité de cinq secondes l’a fait reculer en 5e place (dépassement des limites de piste).
Il suffirait pourtant aux pilotes de bien rester sur la trajectoire : mais pour Max Verstappen, ce n’est pas si évident.
« C’est facile de dire de l’extérieur, ’ouais, tu dois juste rester dans les lignes blanches’ - ouais, je veux dire, ça semble très facile mais ça ne l’est pas. »
« Parce que quand vous allez aussi vite dans un virage et que certains sont un peu à l’aveugle, si vous avez un peu plus de sous-virage, que les pneus s’usent, c’est facile de dépasser la ligne blanche, mais gagnez-vous vraiment du temps ? Peut-être que oui, peut-être que non. Et... pour être honnête, il n’y a que deux-trois virages où vous pouvez vraiment aller un peu plus large. »
Max Verstappen propose une solution à la F1 : remettre des murs ou des graviers. Même si cela poserait des problèmes de cohabitation avec la Moto GP.
« Et, oui, je ne pense pas que nous devrions avoir ce "ah, vous avez dépassé d’un millimètre, c’est une pénalité ou autre chose". Alors il suffit d’ajouter un mur ou de remettre du gravier. Comme le Virage 6, à la sortie, c’est génial, parce qu’il y a du gravier, vous vous punissez si vous allez large. »
« Ce sont des choses que nous devons examiner, pour voir comment nous pouvons l’améliorer, parce que aussi pour les commissaires et les personnes impliquées dans le contrôle de ces limites de piste… je veux dire qu’il est presque impossible de contrôler ce genre de choses, parce que vous avez besoin qu’un gars suive une voiture pendant toute la course, pour vérifier pendant tout le tour, s’il sort de la ligne blanche. Sur cette piste du Red Bull Ring en tout cas. A certains endroits, vous êtes naturellement pénalisé si vous allez juste un peu large et que vous touchez le gravier. »
« Ce genre de choses, je pense que ce n’est pas bon, pour le sport aussi. »
« Et ce n’est qu’une chose. L’autre, ce sont les incidents de course et autres. C’est sûr que nous pouvons faire mieux, je pense que nous allons travailler dessus et essayer de l’améliorer. »
Norris et les règles « stupides »
Lando Norris était lui un des trois pilotes à avoir été pénalisés pour dépassement des limites de piste. Sans cela, le pilote McLaren aurait peut-être pu finir devant la Haas de Mick Schumacher.
Assume-t-il avoir dépassé trop les limites de piste ? Estime-t-il aussi que la F1 a renvoyé une mauvaise image ?
« C’est pareil pour tout le monde si je vois les choses comme ça. Ce qui est ennuyeux, c’est que dans les deux derniers virages, je comprends tout à fait la pénalisé si vous êtes large là-bas - c’est aussi très difficile à juger à la vitesse à laquelle nous roulons, mais là, vous êtes large, vous avez un avantage. »
« Alors que j’en ai eu un dépassement au virage 1, où j’ai bloqué le pneu avant, j’ai touché le vibreur, j’ai perdu une seconde dans la colline [au virage 3]. Et puis j’ai eu un avertissement de limites de piste pour ça. J’ai été assez puni parce que j’ai perdu une seconde. »
« C’est un peu stupide, certaines de ces règles, et c’est la vie, et c’est la même chose pour tout le monde. Nous voulions de la constance et ainsi de suite - c’est juste frustrant quand vous êtes dans la voiture. »
« Le pire est le virage 6 - disons que la voiture fait deux mètres de large, de la ligne blanche au gravier, vous avez environ deux mètres et cinq centimètres. Vous êtes punis si vous allez sur le gravier, ça devrait être une limite. Mais si vous dépassez ces cinq centimètres sur le gravier, c’est la limite de la piste - c’est juste stupide. »