Cyril Abiteboul a fait, dans le paddock de Monaco, une révélation inquiétante au sujet du V6 Renault : le double abandon des monoplaces tricolores – en l’espace d’un tour – lors du Grand Prix de Bahreïn, a eu des conséquences sévères sur les courses suivantes.
Jusqu’à présent, chacun imaginait qu’une défaillance de MGU-K avait causé cette désillusion ; or, Cyril Abiteboul a expliqué que la défaillance provenait plutôt d’une bielle. Renault a été depuis contrainte, à Shanghai et à Bakou, de réduire la puissance de son V6, pour éviter tout nouveau problème de fiabilité.
Ces errements sur le plan de la fiabilité sont assumés par le manager français, qui indique que Renault a davantage visé la performance cet hiver.
« Cet hiver, nous avions l’opportunité de nous concentrer sur les gains de puissance et de compétitivité. Nous avons donc décidé de nous concentrer, en conscience, sur la performance, au détriment de la fiabilité. »
« Cela signifie qu’un certain nombre de moteurs qui auraient dû passer au banc d’essais pour tester la fiabilité, ont été, en fait, utilisés pour développer des gains de performance. Par conséquent, notre début de saison fut très bon sur le plan de la puissance moteur, tandis que la fiabilité était en-dessous de nos standards. »
« Il y a deux raisons [derrière le double abandon de Bahreïn]. La première, vous la connaissez, c’était le MGU-K ; une autre raison, que vous ne saviez pas, c’était que la défaillance de Nico Hulkenberg était en réalité une défaillance de bielle. Donc c’est typiquement une pièce que vous ne voulez pas voir casser, parce qu’elle est à la base du moteur, il s’agit d’une partie fondamentale. »
Viry-Châtillon a immédiatement commencé à travailler sur un correctif ; entre-temps, poursuit Cyril Abiteboul, il a fallu… réduire drastiquement la puissance moteur.
« Nous n’avions pas identifié ce problème durant l’hiver. Nous n’avions pas vraiment de plan B. Mais dans le même temps, c’était un coup dur pour notre organisation, car nous avons dû prendre des contre-mesures après la course, c’est-à-dire réduire massivement la puissance délivrée dans les courses qui suivaient. »
« Tout le monde a réagi de manière impressionnante, et en cinq semaines, nous avons réussi à identifier et comprendre le problème, arriver avec un nouveau design, tester de nouvelles pièces, construire de nouveaux moteurs en assez grande quantité pour nous-mêmes et McLaren – tout est arrivé à temps pour Barcelone. C’est pourquoi nous avons introduit un nouveau moteur à Barcelone. »
La situation, assure Cyril Abiteboul, est aujourd’hui revenue à la normale pour Renault et McLaren.
« A Barcelone, nous avons franchi une étape sur le plan de la puissance – mais nous n’avons pas exploité tout le potentiel de la nouvelle spécification, pour obtenir des retours après Barcelone, faire un peu de travail d’inspection, s’assurer que tout soit OK. »
« Il y aura un autre pas en avant de fait à Monaco, donc en gros, nous allons revenir au niveau de compétitivité du moteur de début de saison, qui était vraiment solide. »
Le moteur Renault accuse-t-il toujours un franc retard sur Mercedes et Ferrari ?
« Juste pour mettre des chiffres en perspective, le gain que nous visions, pour 2019, était de 50 kW ; nous en avons déjà gagné 40 et notre objectif est d’en gagner 10 autres durant la saison, en se basant sur le meilleur mode moteur. »
« Selon nos analyses, nous voyons que nous sommes au même niveau que Ferrari et Mercedes en course, et derrière Ferrari en qualifications – je parle du niveau de performance auquel nous allons revenir à partir de ce week-end à Monaco. »