Ferrari donne l’impression de se perdre dans son développement.
Les évolutions apportées à Barcelone ont eu pour conséquence de faire rebondir la SF-24 bien plus que prévu. Le gain en termes d’appui aérodynamique a donc été neutralisé par le retour des rebonds…
À Silverstone, circuit à haute vitesse, les deux pilotes Ferrari ont testé les deux spécifications (la nouvelle de Barcelone et l’ancienne datant d’Imola). Camouflet pour les évolutions : finalement, Carlos Sainz et Charles Leclerc ont préféré mettre de côté les nouvelles pièces de Barcelone. Car dans les virages à haute vitesse, mieux vaut ne pas trop rebondir.
Cependant Carlos Sainz l’affirme aussi : les nouvelles pièces de Barcelone pourraient bien être utilisées lors du prochain Grand Prix, au Hungaroring (à lire ici). Un circuit moins sujet aux rebonds.
Il n’empêche : Ferrari ne semble plus savoir où aller. Et pendant ce temps, McLaren ou Mercedes F1 accélèrent dans leur développement et décrochent la Scuderia.
Le patron de Maranello demeure toutefois optimiste : grâce à tous ses comparatifs de pièces, son équipe aurait elle aussi son ‘étoile polaire’…
« C’est difficile à dire, mais je pense que nous avons fait un pas en avant à Silverstone, du moins sur le plan technique. »
« Nous avons une bien meilleure compréhension de la situation dimanche soir que vendredi matin, et je pense que c’est encourageant pour la dernière partie de la saison. »
« Certes, le résultat du Grand Prix du Royaume-Uni n’est pas idéal, mais nous avons surtout compromis le résultat en qualifications, plutôt qu’en course. »
« Carlos a fait une course solide, il a été en mesure de rester 10 tours dans la boîte de vitesses de Max [Verstappen], avec les médiums au début de la course. »
Frédéric Vasseur relativise la situation de Ferrari en la comparant à celle de l’an dernier, où la Scuderia avait aussi boité dans son développement aérodynamique.
« Nous avons connu exactement la même situation l’année dernière, presque au même stade de la saison. Silverstone, Budapest, Spa… et nous nous sommes arrêtés à Zandvoort pour faire une analyse complète de la situation, et nous avons eu un bon retour en forme, parce que les semaines suivantes, nous étions là. »
« Ce qui est difficile dans cette situation, c’est que lorsque vous avez un problème, vous n’avez pas de test approprié pour le résoudre, ou du moins pour le comprendre. En tant qu’équipe, il est parfois difficile de faire des compromis ou de sacrifier une séance du vendredi, quand vous savez que vous perdez un peu de temps pendant le week-end. C’est difficile de dire : « OK, oublions les essais libres, concentrons-nous sur le moyen terme. »
« Cela signifie que nous nous sommes mis dans une situation difficile (de faire les comparatifs aérodynamiques), mais nous le savions déjà. Et c’était encore pire le samedi matin avec des pneus pour la pluie. »
« C’est sûr que ça n’a pas aidé, mais nous avons pris la décision avant le week-end, et je pense que c’était la bonne décision à prendre. »
Ferrari aurait donc compris l’origine de ces rebonds ? Ou bien les rebonds ne seront supprimés que grâce aux futures évolutions ?
« La corrélation est correcte, la corrélation sur l’appui aérodynamique est correcte. C’est encore un point d’interrogation pour tout le monde et parfois les rebonds apparaissent comme ça. »
« Il est assez difficile d’établir une corrélation parce qu’il n’y a pas de rebonds en soufflerie. Nous avons tous des mesures, et vous ne pouvez pas prévoir que telle pièce aura plus de rebond que telle autre. Mais savoir si cela aura un impact négatif sur les performances est une autre histoire. »
« Nous avons changé toutes les pièces aérodynamiques et le rebond est apparu en Espagne. Pour y remédier, il existe des tonnes de solutions. »
« Vous avez des solutions avec un compromis sur la performance, vous avez des solutions sans compromis sur la performance - ce qui consiste à développer un nouveau package. »
« Nous devrons disputer la prochaine course avec la voiture actuelle, mais le plus tôt sera le mieux, nous apporterons des évolutions qui réduiront le rebond. »
« Je ne peux pas parler de 2021, ni de 2020, mais au cours des 16 derniers mois, toutes les améliorations que nous avons apportées ont eu une très bonne corrélation avec ce que nous avons fait dans la soufflerie. »
« C’était l’un des atouts de l’équipe l’année dernière, d’apporter de petites améliorations et à chaque fois, cela s’est avéré payant. Cette fois-ci, nous avons eu un problème, mais ce n’est pas parce que nous avons un problème que c’est la fin du monde. »
Adieu au titre mondial ?
Au classement des constructeurs, Ferrari demeure 2e... mais McLaren F1 se rapproche à 7 points.
Frédéric Vasseur a-t-il donc fait déjà une croix sur le titre ?
« Honnêtement, je ne suis pas focalisé sur ça... »
« Si vous me demandez quel est le classement, je sais que nous sommes 2e. »
« Mais je ne sais pas combien de points nous sommes derrière Red Bull [71, ndlr] et combien de points nous sommes devant, je ne sais pas qui est 3e, c’est probablement McLaren. »
« Et ce n’est pas le sujet d’aujourd’hui. Le sujet d’aujourd’hui, c’est de trouver la performance, de revenir dans la situation de Monaco ou d’Imola, et de pouvoir se battre pour la pole position et la victoire. »
« Ensuite, le championnat, on a encore 12 courses à faire. C’est presque un championnat. Cela veut dire qu’on aura le temps de tout changer 10 fois. »