L’an dernier, une des arlésiennes de la saison était le licenciement possible de Mattia Binotto de chez Ferrari – et son possible remplacement par Frédéric Vasseur.
Mais comme il l’a révélé au podcast "Beyond the Grid", le patron français n’a été contacté que tardivement, en réalité, par la direction de Maranello.
Les premiers contacts ont été ainsi noués seulement après le dernier Grand Prix, explique Frédéric Vasseur.
« C’était juste après Abu Dhabi l’année dernière. »
« C’était un peu étrange parce que tout le monde en parlait pendant le week-end d’Abu Dhabi, mais ce n’était pas le cas (rien n’était encore discuté). »
« La semaine suivante, nous avons eu la première discussion. Je revenais d’Abu Dhabi en avion, j’ai fait un arrêt aux stands à la maison et ensuite j’étais en Suisse. »
« C’était une histoire étrange, mais j’étais déjà en contact avec John Elkann [président de Ferrari]. D’abord, j’étais un client de Ferrari pour le moteur de l’équipe Alfa Romeo, et le sponsor principal de Sauber était Alfa Romeo, qui fait partie du groupe (Fiat). Ce qui signifiait que nous étions déjà en contact. Et nous avons eu une première discussion pour savoir si je pouvais être intéressé par le poste. »
Frédéric Vasseur n’a sans doute pas hésité longtemps avant de démissionner d’Alfa Romeo. Refuser Ferrari, cela ne se fait pas...
« Je ne voulais pas être trop émotif, parce que lorsque vous faites ce travail, et je fais ce travail depuis 32 ou 33 ans, avoir la possibilité de rejoindre Ferrari en tant que directeur d’équipe, ce n’est pas le summum, mais c’est le plus grand défi, disons. Le summum, c’est de gagner avec Ferrari, alors c’est un peu différent. »
« Et avoir en face de moi le plus grand défi de mon travail, c’est... un défi. J’ai pris 24 heures pour y réfléchir, car pour moi, c’est une sorte de mégaprojet. Quand vous jouez au tennis, vous voulez faire Wimbledon, quand vous faites mon travail de directeur d’équipe de Ferrari, c’est sûr que c’est ce que vous voulez faire. »
« Mais j’ai pris 24 heures parce que c’était plus à demander pour ma famille. Je sais que j’ai mis beaucoup de pression sur ma famille jusqu’à présent et je savais que ce serait une autre étape. Et je voulais discuter avec eux pour savoir s’ils étaient prêts à le faire. »
En arrivant à Maranello, Frédéric Vasseur n’a donc pas eu un immense choc culturel ? Passer d’une équipe plus modeste à une écurie légendaire de la F1, parmi les plus gros budgets, cela doit déconcerter...
« Ce n’était pas la première fois que j’étais à Maranello et je pense que cela fait une grande différence. »
« Je suis allé plusieurs fois par le passé à Maranello, je connaissais le bureau de Mattia, nous avons eu quelques réunions. Je connaissais Laurent [Mekies]. »
« Je ne veux pas dire que j’avais l’habitude d’être là, parce que c’est différent de venir en tant que client ou partenaire ou de venir en tant que directeur d’équipe, mais d’une certaine manière, ce n’était pas du tout nouveau. »
Vasseur est parti serein et fier de Sauber
Mais Frédéric Vasseur aurait aussi pu rester chez Sauber-Alfa Romeo, afin de mener la transition vers Audi (et 2026). N’est-il pas parti d’Hinwil avec un sentiment d’inachevé ?
« Jusqu’à présent, j’ai toujours eu ma propre entreprise dans le passé, j’ai construit ma propre entreprise et, d’une certaine manière, chez Sauber, certes ce n’était pas du tout mon entreprise, mais j’ai eu le sentiment que nous avions construit quelque chose. »
« J’ai rejoint l’équipe en 2017, nous étions assez proches de la faillite. Juste après cette situation, on était 10e au classement des constructeurs, parce qu’on n’avait pas plus de 10 équipes sur la grille ! C’est pour ça qu’on était 10e, on avait un retard de 4 % en performance pure. »
« Il y avait quelque chose à créer, à construire, il y avait un très bon défi à relever. »
« J’ai beaucoup apprécié les cinq années que j’ai passées en Suisse, mais disons que c’est l’inverse de Ferrari. »
« Mais je pense aussi qu’après cinq ans, j’avais personnellement une très bonne relation avec beaucoup de gens dans l’équipe et j’ai vraiment apprécié cela. Mais j’avais aussi le sentiment qu’en finissant 6e au classement des constructeurs... Je ne veux pas dire que nous ne pouvons pas faire plus ou mieux, mais j’avais le sentiment que nous avions fait ce que nous avions à faire. »
« C’était un nouveau chapitre pour Sauber avec l’arrivée d’Audi, et j’ai eu le sentiment que nous avions fait le travail qu’on nous demandait ; et que c’était le moment idéal pour moi de passer à autre chose. »