Le report ou l’annulation des Grands Prix, cette saison, en raison de la crise du coronavirus, est certes une déception pour de nombreux fans ; mais elle fait aussi planer un danger de mort – rien de moins – sur la plupart des équipes, notamment de milieu de grille. Le prize-money va en effet fondre sous l’effet de la réduction du calendrier, alors que bien des équipes, comme Williams ou Alfa Romeo, en dépendent étroitement.
Au cours d’un entretien vidéo réalisé avec Canal+, Frédéric Vasseur est revenu sur le risque de disparition que rencontraient désormais plusieurs équipes. Le ton employé est alarmiste, mais sans doute réaliste. Dans le même temps, Frédéric Vasseur espère que cette crise permettra d’accélérer et de renforcer le processus de redistribution des revenus, qui devrait être acté lors des prochains Accords Concorde.
« Cela touche tout le monde. C’est donc le bon moment pour changer des choses. C’est la plus grosse crise que la F1 ait connue ces X dernières années. Une demi-saison repoussée, on n’avait jamais connu ça. Financièrement, la crise va impacter les teams de manière incroyablement dure. C’est le moment de réagir. »
« En 2008, lors de la crise financière, deux-trois constructeurs avaient quitté la F1 en même temps. Il peut y avoir aussi des défections d’équipe cette année. Si on n’est pas capables de réagir, de proposer des solutions, on aura du mal à passer le cap. Il faut que tout le monde prenne conscience qu’on est à bord du même navire – certains sont à la barre, d’autres à la rame. Les grosses équipes n’en ont pas toujours pris conscience. »
« Il ne faut pas attendre trois mois pour prendre des décisions qu’on devrait prendre tout de suite, car sinon, il n’y aura pas de survie pour plein d’équipes. C’est la vérité du système. »
La F1 va tenter de sauver les meubles en organisant plusieurs Grands Prix d’affilée cette année, mais il ne s’agit pas d’une solution miracle, explique Frédéric Vasseur…
« On ne sait pas où on va en termes de revenus pour 2020. »
« Si on fait le même nombre de courses en 6 mois qu’en 9, ce serait beaucoup plus cher pour nous. On a besoin d’avoir plus de mécaniciens pour avoir des rotations si on fait 5 courses d’affilée, d’avoir un stock très important de pièces – et on a besoin de 5-6 semaines pour faire un aileron avant. Donc à la première course d’une série, il faut arriver en théorie avec du matériel pour les 5 ou 6 prochaines courses. Si ça ne casse pas, on a de la chance, mais on se retrouve avec 10 ailerons sous les bras. »
« C’est une période qui va être très compliquée financièrement. La crise financière de 2008 était une situation un peu équivalente. La F1 y avait réagi mais de manière un peu tardive, donc il faut y réagir maintenant. »
Frédéric Vasseur explique enfin la difficulté de gérer le budget dans ce genre de situation, très évolutive…
« On doit en être au budget prévisionnel numéro 72… A chaque fois, un report a un impact financier très important sur le budget. Pour recalculer la redistribution des revenus. »
« Plus les courses vont être annulées, plus on va devoir prendre des mesures drastiques sur la saison en cours et la suivante. »
« Il y une phase de transition qui est complètement imprévue, hors des Accords Concorde, on va trouver une solution mais la visibilité est très réduite. Le plan était de 18 courses, ça me paraît assez compliqué aujourd’hui. »