Fin 1999, Rubens Barrichello avait consolidé son statut de pilote très respecté dans le paddock : sa très bonne année avec Stewart, ponctuée par une pole position en France, avait tapé dans l’œil de Ferrari, qui lui proposa un contrat pour l’an 2000.
« C’était une super année, 1999, la troisième année pour Stewart, la voiture fonctionnait si bien » se souvient Barrichello pour la FOM.
« J’ai fait tellement de bonnes courses, j’ai signé la pole [en France], et honnêtement je pense que sans un incendie [Barrichello était parti du mulet, après un incendie dans le tour de formation] et une pénalité, nous aurions gagné à Melbourne. Je volais dans cette voiture. »
Début 2000, Barrichello remplaçait donc Eddie Irvine comme pilote numéro 2 de la Scuderia Ferrari. Avec sa nouvelle monture rouge, il aida la Scuderia à dominer la F1 pendant quatre autres années, et remporta son premier succès à Hockenheim, en 2000.
« La voiture était super, l’équipe a bien travaillé, il y avait une bonne relation entre tout le monde et il y avait une harmonie en termes de performance. Nous avons pu partir à la conquête du monde… »
« Il a fallu sept ans pour que je gagne la première course, mais quand elle est arrivée, elle est arrivée d’une manière magique ! L’une des meilleures sensations que j’éprouve jusqu’à présent, c’est quand les gens m’arrêtent sur la route pour me raconter ce qu’ils faisaient quand j’ai gagné la course pour la première fois à Hockenheim. »
« Les gens se souviennent : "J’étais avec mon père", "J’étais à la station-service, les gens criaient à l’intérieur". J’adore ça, parce qu’honnêtement, lorsque des situations importantes se produisent, nous savons exactement où nous étions ce jour-là parce que c’était un événement si important - surtout au Brésil, chaque fois qu’ils m’arrêtent et me disent ce qu’ils faisaient, ça me donne un sentiment de magie. »
Cependant et bien sûr, à Maranello, Rubinho est toujours resté dans l’ombre de Michael Schumacher. Au point même de devoir le laisser passer sur la ligne d’arrivée (photo), comme en Autriche, dans un triste épisode resté dans les mémoires...
« Je dis toujours qu’il était meilleur que moi, sans aucun doute » confie le Brésilien au sujet du Kaiser.
« Mais comme il était déjà là depuis 1996, qu’il avait quatre ans [dans l’équipe], qu’il avait connu cette blessure (en 1999), et que Jean le considérait comme un fils… c’était difficile pour un nouveau venu de dire "ok, donnez-moi la liberté". »
Barrichello devait-il contractuellement laisser passer Michael Schumacher ?
Était-il inscrit noir sur blanc, dans son contrat, que Rubens devait laisser passer Michael Schumacher en toute circonstance ?
« J’ai dit à Ferrari que s’il était inscrit dans mon contrat de laisser Michael passer, je ne voulais pas signer. Mon contrat ne disait rien à ce sujet. Dans mon intérêt, j’ai accepté beaucoup de choses, et il y a eu beaucoup de choses que je n’ai pas acceptées, mais certaines que j’ai acceptées parce que j’ai vu que je me développais là-bas. Pendant six ans, j’ai vu que j’allais de l’avant et que mon heure était venue. »
Toutefois, on comprend que Ferrari avait voulu réviser le contrat de Barrichello, ce qui causa le départ du Brésilien.
« Honda m’a approché en 2005 et j’ai dit que je ne pouvais pas rejoindre l’équipe parce que j’avais un contrat avec Ferrari pour 2006… »
« Mais il s’est passé quelque chose chez Ferrari au milieu de cette année-là - je le raconterai un jour dans mon livre ! - et cela ne m’a pas plu. J’ai dit : "Je vois que vous ne me donnez pas la liberté de courir, j’ai attendu six ans, et je vous remercie beaucoup, mais je veux que vous me acceptiez ma démission". »
Barrichello trouva donc refuge chez Honda... avec très peu de succès, en particulier en 2008.
« Je n’arrêtais pas de leur dire que nous avions besoin de souplesse de conduite, plus que de puissance, nous avions peut-être la plus grande puissance moteur, mais nous avions une souplesse de conduite très difficile, mais j’ai passé du bon temps. »
« L’une des années les plus difficiles a été 2008, nous n’avions pas de voiture compétitive, mais avec un bon choix de pneus, nous sommes montés sur le podium à Silverstone, un circuit que j’adore. »