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Wolff : Enfin rentable, la F1 doit rester ’prudente’ face à son succès

Et notamment éviter la "sursaturation"

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C’est un fait : la Formule 1 est en plein essor, comme jamais auparavant. De quoi voir sa valorisation tutoyer les 20 milliards de dollars selon les analystes financiers et aiguiser certaines envies de pays comme l’Arabie saoudite de racheter le sport.

Pour l’instant, le sport n’est pas à vendre. Liberty Media peut compter dessus pour devenir le 1er empire sportif mondial selon Forbes (à lire ici).

Mais y a-t-il un risque cette bulle éclate ? La question a été posée à Toto Wolff, directeur de Mercedes F1 et grand spécialiste du monde de la finance.

"Le sport en direct représente une classe d’actifs qui, je pense, restera très forte. Les gens veulent se divertir. Les différents canaux médiatiques, des diffuseurs conventionnels et de la télévision payante aux streamers et aux réseaux sociaux, ont besoin de sports en direct passionnants. Et c’est pourquoi nous accordons beaucoup d’attention à la plate-forme de la Formule 1. Cela nous permet de toucher un public relativement large," dit-il à AMuS.

Un public de plus en plus diversifié et féminin

Le tout est donc de continuer à entretenir la croissance pour éviter que le soufflé ne retombe. Et ce n’est pas prévu à court ou moyen terme pour de bonnes raisons selon l’Autrichien.

"Il est intéressant de noter que notre groupe cible qui connaît la croissance la plus rapide n’est pas seulement âgé de 15 à 35 ans, mais que 40 % sont des femmes. Tout cela montre que la Formule 1 s’est développée positivement à tous les niveaux. D’une part, le duel entre Lewis et Max en 2021. D’autre part, les jeunes pilotes, qui communiquent de manière très intensive via les réseaux sociaux et donnent ainsi un aperçu de leur vie. Drive to Survive a apporté de la croissance dans diverses régions du monde, en particulier aux États-Unis. Ces nouveaux publics sont des fans inconditionnels qui se connectent."

"Bien sûr, il ne faut jamais croire qu’une tendance se poursuivra indéfiniment. Cela dépend au final de la quantité de divertissement que nous proposons sur la piste. Quelles personnalités grandissent en Formule 1, qui suscitent la sympathie ou polarisent. Les deux sont bons. En même temps, il ne faut pas commettre l’erreur de sursaturation. Mais ce sont toutes des questions que nous examinons. Ce qui me laisse toujours sceptique, il faut toujours rester prudent. La Formule 1 se porte très bien en ce moment, elle peut toujours s’améliorer. Mais il peut aussi arriver que l’intérêt du public diminue si nous ne divertissons pas assez bien avec le spectacle en piste."

Un sport enfin rentable pour les équipes de F1

Aucune équipe n’a acheté d’actions de la Formule 1. Pourquoi ? N’est-ce pas une erreur alors que le cours de l’action a fortement augmenté en quelques années ?

"Oui nous aurions fait du fois 3 ! Cela aurait bien sûr été un bon investissement. Mais nous sommes indirectement impliqués. Nous participons au résultat et bénéficions ainsi de l’augmentation des revenus. En tant qu’équipe, nous ne sommes tout simplement pas une société d’investissement."

"Bien entendu, le pourcentage change en faveur de Liberty lorsqu’ils font du très bon travail. Mais le revenu absolu des équipes continue d’augmenter."

Que gagne une équipe comme Mercedes F1 avec le plafond budgétaire ? Y a-t-il enfin un excédent ?

"Oui ! En 2022, nous réaliserons un chiffre d’affaires d’environ 550 millions d’euros. Nous visons une marge d’EBITDA comprise entre 20 et 25 % (bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement des immobilisations incorporelles)."

Alors la Formule 1 est-elle relativement à l’épreuve des crises ?

"L’avantage du modèle économique de la Formule 1 et de celui des équipes est la prévisibilité du développement des ventes. La Formule 1 conclut des contrats de promoteur d’une durée minimale de trois ans. Certains durent cinq voire dix ans. Il en va de même pour les contrats avec les sponsors."

"Grâce aux revenus de la Formule 1, les équipes ont la durabilité et la calculabilité dans leur modèle économique. En même temps, nos bénéfices sont relativement prévisibles sur de nombreuses années. Cela le rend plus résistant."

"La ligne supérieure (des revenus) augmente, la ligne inférieure (des dépenses) est plafonnée par le plafond budgétaire. Cela a changé notre modèle d’entreprise en termes de compte de résultat de telle manière que nous sommes devenus comme des équipes sportives américaines. Comme les franchises sportives. Nous sommes devenus rentables."

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