Depuis le Grand Prix de Singapour, la SF90 a progressé de manière franche et notable en virages – alors que jusqu’ici, Ferrari pêchait justement dans les courbes. Dans le même temps, Mercedes a semblé stagner, comme si l’équipe allemande se reposait sur son avance, très confortable il faut le dire, au classement des constructeurs. Qu’est-ce qui explique ce resserrement de la hiérarchie en haut de la grille ? La stagnation de Mercedes, ou les progrès de Ferrari ?
« La vérité est quelque part entre les deux » a confié Toto Wolff, le patron de Mercedes.
« Ferrari a fait, et continue de faire de grands progrès pour ce qui est de leur vitesse de pointe. Et ils avaient une bonne voiture à Singapour, une très bonne voiture à Sotchi, et si vous mettez tout cela ensemble vous voyez qu’ils sont la référence depuis deux week-ends. »
« Dans le même temps, nous n’avons pas amené des évolutions sur la voiture depuis un long moment. Et nous n’avons pas géré les choses aussi bien qu’on l’aurait pu. »
« Nous avons été aussi malchanceux avec certains de nos choix – ces dernières courses, nous aurions pu remporter quelques succès, mais nous n’y sommes parvenus ; et en Russie, cette malchance s’est changée en chance. »
Cette relative lenteur dans le développement aérodynamique est aussi un choix opéré par Mercedes, poursuit Toto Wolff…
« Un championnat, c’est aussi une affaire de gestion, pour être en mesure de marquer des points tout au long de l’année Nous aurions pu de décider de pousser à fond jusqu’à la fin de la saison et de compromettre 2020, nous n’avons pas fait ce choix. Mais il faut faire attention, c’est toujours un problème de gestion. »
« Ferrari avait gaspillé quelques occasions en début de saison, mais maintenant, ils mettent tout ensemble ; et pendant quatre courses d’affilée, ils ont été très solides, ils ont juste été la référence sur le plan de la performance pure. »
Toto Wolff se veut cependant rassurant, Mercedes continuera d’apporter des évolutions à sa monoplace, et dès le prochain Grand Prix.
« Il y a aura des petites choses pour Suzuka, des options intéressantes à explorer. Mais elles ne constitueront pas de grands pas en avant. Nous avons déjà poussé très fort jusqu’à la trêve estivale. »
Ces « options » seront-elles des pistes de travail pour l’an prochain, dans un contexte de stabilité réglementaire ? Mercedes sera-t-elle amenée à garder le même concept, qui privilégie l’appui sur la traînée ?
« Comme le règlement reste stable, oui, ces évolutions font partie de la même réflexion [sur la voiture 2020]. »
« Il faut gérer vos ressources comme il le faut, en se penchant aussi sur l’an prochain. Nous considérons tout cela avec une grande attention. »
« Quant à la philosophie de la voiture, c’est quelque chose que nous regardons. Il faut remettre cela en perspective néanmoins. Entre une voiture avec peu de traînée ou non – les deux extrêmes que l’on voit sur la piste – vous trouverez peut-être deux dixièmes de différence. C’est la différence que l’on obtient entre une voiture plus simple, avec moins de traînée, et une voiture sur laquelle on ajoute beaucoup de pièces aérodynamiques. Donc ça n’a pas un si grand effet que cela. Cela a un effet, mais il n’est pas fondamental. »