Il n’est pas très étonnant que Lewis Hamilton ait décidé de discuter d’une prolongation, d’ores et déjà, de son contrat chez Mercedes F1 : car le Britannique a noué une relation d’immense confiance avec son équipe et notamment son directeur d’écurie, Toto Wolff.
Cette relation de confiance a en particulier progressé à la fin de l’année 2016, raconte Toto Wolff. Mercedes sortait alors d’une saison épuisante, de véritable guerre civile entre Nico Rosberg et Lewis Hamilton.
Mais l’horizon s’est dégagé à la fin de l’année, avec la retraite surprise de Nico Rosberg. Toto Wolff a alors convoqué Lewis Hamilton chez lui, à Oxford. Et Toto Wolff raconte ce qu’il a alors dit à son pilote.
« On ne va pas se battre encore pendant des semaines. Tu es le meilleur pilote, et j’aimerais t’avoir dans la voiture. »
« Ce moment fut le début d’une vraie relation entre nous. »
De son côté, Lewis Hamilton tempère : ce moment fin 2016 ne fut pas un véritable tournant ; cette relation de confiance s’est plutôt construite au fil du temps.
« Je pense que peut-être pour lui, c’était comme Wow, je suis le plus ouvert que j’aie probablement été ! Ce n’est pas facile pour certaines personnes d’être ouvertes sur leurs sentiments et sur ce qu’elles traversent. Mais je pense qu’après ça, nous avons définitivement continué à grandir. »
Singapour 2018, une autre preuve de confiance
Deuxième épisode en effet qui a forgé la relation de confiance entre Toto Wolff et Lewis Hamilton : Singapour 2018.
Quelques jours avant l’épreuve, Lewis Hamilton avait déclenché une polémique auprès de certains commentateurs mal avisés, en raison de son voyage express à New York pour un défilé de mode Tommy Hilfiger.
Toto Wolff avait autorisé son pilote à s’y rendre, en le prévenant cependant.
« Beaucoup de gens étaient incrédules que je lui permette de faire ça. J’ai dit à Lewis : "Tu sais, les gens pensent que j’ai perdu la tête", mais il a dit : "Fais-moi confiance". »
« Et sa performance ce week-end de Singapour fut d’un autre monde. Il a fait l’un des meilleurs tours de qualification que nous n’ayons jamais vu, puis il a semé tout le peloton au début de la course. Personne ne l’a jamais approché en course. »
« Tant que la performance est bonne, il peut tout faire. »
Lewis Hamilton, ainsi qu’il le confie lui-même, fut grandement reconnaissant à Toto Wolff pour cette attitude - qui contraste tant avec celle de Ron Dennis chez McLaren.
« On a dit à Toto, ’Hey, écoutez, ce n’est pas ce que font les pilotes. Regardez ce que fait Lewis. Il ne devrait pas faire ça.’
« Et au lieu de me bloquer, au lieu de me restreindre et d’entraver ma croissance, et de dire, ’Non, tu ne peux pas’, on en a discuté. »
La confiance totale peut-elle cependant exister en F1 ?
Plus généralement, Toto Wolff est admiratif aujourd’hui de l’engagement, de l’envergure qu’a prise Lewis Hamilton - un pilote qui s’engage aussi pour des sujets sociaux essentiels comme l’égalité entre les genres.
« Comment un être humain est-il capable de réaliser ce qu’il a réalisé ? »
Mais la confiance pourra-t-elle jamais être totale en F1 ? Toto Wolff reste in fine lucide à ce sujet.
« Vous ne pouvez pas gagner la confiance. On peut seulement vous donner assez de temps pour qu’on vous fasse confiance. »
« Nous sommes tous très ambitieux, très sceptiques - le mot "paranoïaque" est trop fort - et des animaux. Je ne pense pas que quelqu’un dans cet environnement puisse dire : "Je vous fais confiance à cent pour cent". Parce que je ne pense pas que cela existe. »