L’équipe qui a remporté le championnat des constructeurs en 2024, McLaren F1, aurait bien pu faire faillite en 2020 : c’est en résumé, le destin stressant mais renversant de l’équipe orange ces quatre dernières années.
En effet, après avoir abandonné Honda, accumulé des dettes, et perdu nombre de recettes à cause de la pandémie de Covid, McLaren F1 se retrouvait dans une situation quasi-désespérée en 2020.
Pour la sauver, il a fallu que le pompier arrive : un pompier nommé Mumtalakat, le fonds souverain de Bahreïn propriétaire du McLaren Group. Suivi d’un autre, la société américaine MSP Capital (185 millions de livres sterling investies, participation à 15 % puis 33 % en 2022).
Mais cet épisode a laissé des séquelles : dans le même temps, McLaren F1 avait tout de même dû vendre son siège de Woking (pour en devenir locataire, encore aujourd’hui).
Zak Brown, le PDG de McLaren Racing, a donc hérité d’une équipe en quasi-faillite en 2021… une écyrue qu’il a propulsée comme l’écurie la plus ‘bankable’ quatre ans plus tard.
En repensant à 2024, c’est donc à 2020 qu’il songe aussi pour mesurer tout le chemin parcouru.
« Nous étions définitivement au bord du gouffre » s’est souvenu Zak Brown.
« Nous payions toutes nos factures. Mais nous étions à quelques mois, et pas plusieurs mois, de… Nous savions que nous pourrions finir l’année, mais nous étions dans une situation où, sans une injection de liquidités, nous risquions de ne pas pouvoir commencer l’année 2021. »
« J’ai toujours été confiant que les actionnaires ne laisseraient jamais les choses aller aussi loin. Mais il était également clair que nous avions besoin de cet investissement. »
« Je pouvais poser ma tête sur l’oreiller la nuit en sachant qu’ils [les actionnaires] nous soutiendraient si nécessaire. Mais cela aurait été au dernier moment, pour reprendre un terme de baseball, avant qu’ils n’appellent le lanceur de relève. »
En 2020, McLaren F1 a donc bien failli disparaître, et le groupe McLaren avec elle : des discussions sur une éventuelle insolvabilité de la société mère étaient en cours. McLaren Group aurait également pu céder sa participation majoritaire dans McLaren Racing, afin de sauver sa peau, se souvient Zak Brown.
« En fin de compte, nous nous battions pour notre survie. »
« Sans l’investissement de MSP, nous ne serions peut-être pas là aujourd’hui… »
« Maintenant, nous sommes extrêmement en bonne santé. Nous venons d’acheter une équipe d’IndyCar, et nous avons lancé une équipe en Extreme E. »
« C’était assez sérieux… » se souvenait-il également dans d’autres déclarations mois récentes.
« Nous étions dans une situation où l’équipe de course performait, mais je savais très bien quels étaient les défis financiers auxquels nous faisions face au niveau du groupe, et qui retombaient sur Racing. »
« Même si, sur la grille, nos résultats étaient bons, je savais, tout comme mon équipe de direction et les actionnaires, à quel point nous étions fragiles. »
« Essayer de trouver l’équilibre entre être à plein régime et la lutte pour la survie en même temps sans que le monde ne le sache, même si les médias en parlaient et que la situation se rapprochait de plus en plus, a été une période très stressante. »
« Maintenant que nous avons traversé cette épreuve, c’est très gratifiant et très motivant, et cela a rendu l’équipe plus forte parce que je pense que tout le monde sait maintenant, en quelque sorte, et cela a donné à chacun un regain d’énergie que nous pouvions survivre à cette épreuve. »
« Ce qui ne vous tue pas vous rend plus fort. »
Zak Brown garda toutes ces informations secrètes, afin de ne pas épouvanter l’équipe, les observateurs et d’autres investisseurs…
« Je ne voulais pas que l’équipe de course perde sa concentration et son élan à cause de quelque chose qui échappait à leur contrôle. »
Une crise aujourd’hui effacée ?
La crise est-elle oubliée aujourd’hui chez McLaren F1... ou même sur le toit du monde, l’équipe paie-t-elle encore les dégâts en termes de sous-investissements, par exemple ?
« Nous avons retrouvé le niveau de ressources que l’on connaissait chez McLaren. »
« Nous faisons désormais partie des quatre grands sur le plan fiscal [avec Mercedes, Ferrari et Red Bull] Quand j’ai commencé, ça me rendait fou, on parlait des trois grands, des trois grands, des trois grands. »
« Et c’était comme si la McLaren que je connaissais en grandissant était la grande ! Ou bien c’était nous et Ferrari. »
« Je peux dire sans me tromper que même si nous avons du retard à rattraper avec toutes nos technologies, il n’y a pas de ressources que les trois autres n’ont pas. »