Après une première expérience en F1 mitigée, de 1991 à 1994, chez Jordan, Minardi et Lotus, Alessandro Zanardi était parti pour les États-Unis, où il domina le championnat CART deux années d’affilée avec Chip Ganassi Racing.
Devenu une des valeurs montantes du sport automobile, Zanardi fut recruté en 1999 par Williams F1, afin de remplacer Jacques Villeneuve, et de relancer l’équipe en perte de compétitivité.
Mais Zanardi ne tint pas longtemps la comparaison face à Ralf Schumacher : il abandonna lors des 10 des 16 courses de l’année, sans marquer un seul point, avec une 7e place pour meilleur résultat à Monza.
Cette semaine, pour le podcast "Beyond the Grid" et avant son terrible accident d’hier, le champion paralympique avait évoqué cette période de doute, avec une pointe d’amertume…
« En fait, on m’a donné un ingénieur, très inexpérimenté, parce que Patrick Head se disait dans son esprit : "S’ils se perdent, nous pouvons toujours les ramener et copier le réglage sur l’autre voiture". »
« Quand je me suis dit que ce n’était pas la bonne approche - même avant le début du championnat - je n’ai pas osé parler à Patrick et lui dire : "Les choses ne fonctionnent pas comme ça, nous devons nous adapter, sinon nous allons perdre beaucoup de temps et nous allons perdre confiance en nous". »
« Je me suis permis d’en parler et quand j’ai finalement décidé qu’il était temps de lui parler et de lui dire, c’était à Imola après quatre courses, et je suis allé lui parler avec ces arguments et sa réponse a été "Hmm, je ne sais pas". Je me suis dit qu’à ce moment-là, la confiance en moi avait complètement disparu. »
« Il est en fait venu un jour à un test à Barcelone et a réglé la voiture lui-même pour essayer de comprendre s’il pouvait m’aider à reprendre le contrôle de la situation. »
« Je pense qu’à un moment donné, vous ne pouvez pas forcer un homme à croire que vous êtes le bon choix, s’il croit qu’il a fait une erreur en vous engageant ; il y a des choses que vous pouvez faire, j’ai essayé, mais à ce moment-là, je me suis senti très seul. Et je ne reproche à personne de m’avoir laissé tomber dans cette situation, je suis la principale raison de mon échec. C’est aussi simple que cela. »
« Nous n’étions pas préparés à parler le même langage, c’est tout. Donc je n’ai pas essayé de plus communiquer et le résultat est connu. »
Mais Zanardi, tout en blâmant Patrick Head, a aussi rendu hommage à Frank Williams, à qui il regrette de n’avoir pas apporté le moindre point.
« S’il y a une chose qui me fait me sentir un peu mal à ce sujet… C’est le fait que j’aurais aimé offrir à Frank Williams, personnellement, un succès. »
« J’aurais aimé rendre cet homme heureux. C’est la plus grande déception. »