Si en début de saison on nous avait dit que l’European Le Mans Series se refermerait à Road Atlanta, on aurait cru à un poisson d’avril. Normal quand on sait que les 6 Heures du Castellet ont eu lieu justement le week-end du 1er avril. C’est pourtant ce à quoi les équipes vont devoir réfléchir. D’un calendrier initial de cinq manches en Europe, on passe à trois dont une aux Etats-Unis. La donne n’est plus la même et il va falloir faire un choix et tant pis pour les teams qui voulaient rouler en WEC pour la fin de saison afin de s’affûter pour 2013. Le Petit Le Mans tombe une semaine après Fuji et une avant Shanghai, si Chine il y a car rien n’est confirmé pour le moment.
La majorité des partenaires des équipes étant impliqués en Europe, pas sûr qu’ils soient intéressés pour se rendre à Road Atlanta. Les budgets sont serrés et il faut y trouver un intérêt même si la carotte s’appelle 24 Heures du Mans. En cas de défection, l’ACO pourrait s’en souvenir au moment de délivrer les fameux sésames pour les 24 Heures du Mans 2013. Il était prévu que les équipes sélectionnées devaient disputer l’intégralité du championnat et s’inscrire dans un championnat labellisé Le Mans en 2013 pour avoir un billet pour la classique mancelle. Oui, sauf que le cahier des charges initial a changé et il serait anormal que ce soit les équipes qui en pâtissent. Qui paie le déplacement aux Etats-Unis ? Quand on parle d’invitation, c’est le droit d’aller rouler à Road Atlanta avec les concurrents américains. Il faut ensuite gérer le côté logistique et trouver un troisième pilote pour une course d’un format de dix heures. Du côté du Sébastien Loeb Racing, on nous a confié réfléchir à toutes les hypothèses, le team étant plus en mode préparation Championnat du Monde d’Endurance 2013. Rien n’est finalisé pour le moment, l’annonce étant encore trop fraîche, mais il est clair que du côté de Soultz-sous-Forêts on va sortir la calculette. Que doit penser un jeune pilote en devenir comme Nicolas Marroc qui n’aura pour le moment disputé que deux courses plus une Journée Test. Allez expliquer aux partenaires que le programme 2012 s’est résumé à deux courses...
Même constat chez Boutsen Ginion Racing où aucune porte n’est fermée. L’écurie belge va étudier le dossier avant de prendre une décision. On doit pouvoir écarter Race Performance et Extreme Limite ARIC, ces deux teams étant déjà absents à Donington Park. Quant aux équipes présentes aussi bien en WEC qu’en ELMS, elles disposent de plusieurs châssis, ce qui rend la tâche « plus facile ». En lice pour le titre européen, le Thiriet by TDS Racing devra aussi faire le bon choix puisque le même week-end que Road Atlanta se tient un meeting World Series by Renault à Barcelone. Xavier Combet nous a confié que l’équipe allait prendre une décision dans les prochaines semaines, et que la réflexion allait être compliquée. La réflexion sera la même chez IMSA Performance Matmut. Le Status GP est dans la même logique, le team britannique nous indiquant que ce revirement était une grosse surprise et que les diverses options allaient être étudiées dans le courant de la semaine.
Il est clair que l’idéal serait que le coût soit intégralement pris en charge par l’organisateur. Au lieu d’aller au Petit Le Mans, le WEC se rend au Royaume de Bahrain à une époque de l’année où il n’est pas spécialement judicieux d’aller disputer une course automobile compte tenu de la température ambiante. Certains ont attendu une finale ELMS à Silverstone dans le cadre du Championnat du Monde d’Endurance, mais il faudra finalement aller à 7000 km de là. On a bien un Tour de France cycliste qui part de Belgique, alors pourquoi pas une finale européenne au pays de l’Oncle Sam. Si le mariage actuel entre SRO et la FIA est consommé, il semble qu’il en soit de même entre l’ACO et Peter Auto. Il ne va pas falloir se tromper à l’horizon 2013 car le château de cartes ne tient que grâce aux 24 Heures du Mans.
Ces dernières semaines, nous passons une grande partie de notre temps à discuter avec les équipes et les pilotes, et ce dans toutes les séries. Les mots qui reviennent sont toujours les mêmes : réflexion pour le futur. Un propriétaire d’équipe bien connu du monde de l’Endurance nous disait encore il y a peu que le sport automobile devait s’adapter au monde, et on ne peut qu’être d’accord qu’avec son raisonnement.
Mise à jour : Une partie du déplacement américain pris en charge
Nous nous posions la question de savoir comment les teams European Le Mans Series allaient devoir gérer le déplacement au Petit Le Mans, manche qui n’était pas prévue à l’origine dans le budget des teams. Il est prévu que le promoteur prenne en charge une partie du déplacement, notamment l’expédition des autos vers les Etats-Unis. Cette mise à jour va peut-être rassurer les équipes et les pilotes qui nous ont contacté pour en savoir un peu plus.