Être Président de l’Automobile Club de l’Ouest, ce n’est pas que s’occuper des 24 Heures du Mans... C’est un travail à plein temps qui demande un investissement personnel quotidien. Depuis 1906, seuls huit Président ont dirigé l’ACO, l’actuel étant depuis peu Pierre Fillon. Son prédécesseur, Jean-Claude Plassart, a siégé durant 8 ans à la tête du club qui s’occupe de la plus grande course d’endurance au monde avec entre autres le développement des différentes séries Le Mans, mais aussi le lancement d’un Championnat du Monde d’Endurance que tout le monde attendait depuis des années. C’est donc un Jean-Claude Plassart détendu qui nous a reçu pour tirer un bilan sur sa présidence.
Laurent Mercier : Président Plassart, vous allez vivre cette édition d’une façon différente (l’interview a été réalisée samedi matin) ?
Jean-Claude Plassart : « Sans aucun doute ! J’ai enfin pu participer réellement au Tournoi de Golf du Président. Depuis huit ans, je n’avais pas beaucoup pratiqué. Je vais pouvoir m’y remettre à fond et profiter de tout. Durant mes années de présidence, je n’ai pas pu profiter pleinement de la course. Il y avait toujours un tas de rencontres avec des constructeurs et des équipes. C’était un travail à plein temps et un travail formidable, même pendant les 24 Heures où tout le monde veut vous voir. C’est maintenant au tour de Pierre Fillon de connaître cela (rires). Les 24 Heures du Mans sont aussi faites pour les rencontres informelles. »
Vous allez rester proche de l’Automobile Club de l’Ouest ?
« J’en reste Administrateur et nous sommes nombreux avec 75 personnes à ce titre. Quand on se charge de quelque chose, on le fait à fond et ensuite on tourne la page. La nouvelle équipe en place est très bonne et je leur souhaite toute la réussite possible. A l’ACO, il y a les Sociétaires et les Administrateurs. Pierre Fillon a travaillé six ans à mes côtés donc il connaît bien les dossiers en cours. Nous avons beaucoup échangé et nos idées sont identiques. Ce sont tous des quinquagénaires et ils vont mettre du sang neuf (rires). »
Diriger l’ACO n’est pas que s’occuper des 24 Heures du Mans. Il y a bien d’autres choses au sein du club...
« Effectivement ! Sur l’année, nous accueillons pas moins de 600 000 personnes à travers les différentes manifestations sportives. Il y a beaucoup d’opérations à gérer, entre le Circuit Bugatti, le Circuit Alain Prost, Maison Blanche, la formation à la conduite, la location des pistes, la Porsche Driving School ou l’école de pilotage. Il y a une vraie vie sur le circuit tous les jours de l’année. Il ne faut pas oublier nos liens avec Don Panoz pour l’American Le Mans Series, l’European Le Mans Series et maintenant le renouveau de l’Asian Le Mans Series. Ça ne se fait pas comme ça. Le Président a de grosses responsabilités. »
Les 24 Heures du Mans ont toujours suscité de l’engouement...
« Il y a toujours eu de grands duels au Mans et le dernier en date mettait en scène Audi contre Peugeot. Toyota va maintenant prendre la relève et la course s’annonce passionnante en LMP2 ainsi qu’en GTE. Il suffit de voir le nombre de grandes marques présentes. Le règlement 2014 est une pierre importante pour le futur de l’Endurance. L’Endurance est un vrai sport où il y a la recherche de nouvelles technologies avant de les mettre au service des voitures de tous les jours. Il y a toujours un objectif. »
Votre grande satisfaction restera le lancement du Championnat du Monde d’Endurance ?
« Les discussions avec la FIA ont été longues surtout que la collaboration dans le passé a été quelque peu houleuse. Tout ne s’est pas fait sans discussion et compromis, mais nous y sommes arrivés. Le fait que Jean Todt soit un passionné du Mans a été positif. On s’est trouvé une volonté commune de remettre l’Endurance encore plus haut. Le championnat n’a qu’un an depuis son annonce. Les équipes travaillent main dans la main et c’est une grande satisfaction que d’avoir pu réunir les deux entités. On voulait le faire, on l’a fait et cela fonctionne. »
« Comme autre satisfaction, je retiens d’avoir remis à neuf les installations. Le nom « Le Mans » est une mine d’or et on se doit de le faire fructifier. Il a fallu redonner au circuit le confort qu’il n’avait plus. Les installations vétustes du village ont été totalement refaites. Il a également fallu améliorer les installations au sein du paddock. Je retiens aussi le développement à l’étranger, que ce soit en Europe, aux Etats-Unis ou en Asie. Nous avons œuvré pour ramener les grandes marques au Mans et j’aurais aimé que Mercedes en fasse partie, mais je ne doute pas un instant que ce n’est que partie remise. »
Surtout que Le Mans est toujours une grande fête populaire...
« Oui et il faut que ça le reste. Je viens de la grande distribution avec les Comptoirs Modernes. Lorsque j’étais beaucoup plus jeune, nous avions un stand à notre nom au bout du village, avec une grande rotonde où nous vendions des poulets frites. Je pense que c’était le tout premier fast food dans les années 70. Il y avait une telle ambiance et c’est ça aussi le côté populaire. »
Durant ces huit années de présidence, une équipe vous a marqué ?
« Je dirai Audi pour leur savoir-faire extraordinaire. J’ai toujours été admiratif d’Audi. Tous les pilotes sont d’une gentillesse incroyable et d’une humilité extraordinaire. Il y règne une belle convivialité. »
Comment voyez-vous Le Mans dans le futur ?
« On a la Nissan DeltaWing qui est un très beau projet. Il y a l’hydrogène qui va arriver et je ne sais pas ce que les ingénieurs ont dans la tête. Ce que je sais c’est que ce sera testé au Mans. Dans 50 ans, on se servira encore des 24 Heures du Mans comme d’un laboratoire technologique. C’est aussi cela qui fait la fierté du Mans et des Manceaux... »