Julien Ingrassia a remporté, avec Sébastien Ogier, le rallye d’Allemagne, mais ce résultat risque fort d’être éclipsé par ce qui s’est passé en coulisses au sein de l’équipe Citroën ce weekend.
Ogier s’est montré particulièrement acerbe au soir de la première étape, déclarant aux journalistes de TF1 : « Comme d’hab, Seb va pleurer ‘oh il faut des consignes sinon je me fais embêter par mon petit coéquipier’, donc voilà ce qui va se passer. »
Les consignes sont effectivement tombées au cours du debriefing, l’équipe demandant à ses pilotes d’assurer le doublé dans l’ordre dans lequel ils se trouvaient alors, Loeb devant Ogier. Seulement 7 secondes les séparaient et la pilule a été dure à avaler pour Ogier – qui s’y est plié à contre cœur samedi.
Son copilote Julien Ingrassia a expliqué au site officiel du WRC la frustration qu’ils avaient pu ressentir, tout en précisant bien qu’ils n’étaient pas fondamentalement opposés aux consignes d’équipe.
« Nous ne sommes pas des bad boys, nous ne sommes pas stupides non plus. Nous pouvons comprendre qu’il y ait des consignes d’équipe, c’est dans notre contrat et dans celui de quasiment tous les pilotes. Ca fait partie du jeu et il n’y a aucune honte là dedans », a-t-il confié. « Mais quand on vous dit ça à la fin de la journée, alors que vous êtes en bagarre pour la victoire, c’est plus difficile à encaisser que si ça vous avait été annoncé avant le départ du rallye. Vous êtes en colère, vous êtes déçu, mais vous essayer de comprendre et vous dites ‘okay, nous allons suivre les consignes’. Vous ne savez pas trop quoi penser mais vous n’avez pas le choix et c’est comme ça. »
Ogier en a rajouté une couche le lendemain, en ne cachant pas son état d’esprit puis en lâchant, à l’arrivée de l’ES14 sur laquelle Loeb venait de crever et de perdre la tête du rallye, « il y a une justice dans le sport. »
« Parfois mon pilote dit des choses qu’il ne pense pas. Il aurait plutôt du dire que la roue avait tourné. Il n’y a pas de justice dans le fait de voir vos équipiers crever, et nous ne sommes pas du tout fiers de ça. En Finlande, qui a crevé ? », a indiqué Ingrassia.
Il a ensuite expliqué pourquoi, en début de deuxième étape, ils avaient continué à rouler assez rapidement, réduisant significativement l’écart avec Loeb.
« Il y a deux raisons. La première est liée à une expérience que nous avons eue en 2008, avec la C2 Super 1600. Nous étions dans la même position, le dimanche, avec Martin Prokop derrière nous, si je me rappelle bien. Nous avions une grosse avance et, quand vous n’êtes pas concentré et pas à fond sur les spéciales, vous faites de grosses erreurs. Je me rappelle avoir annoncé ‘droite/gauche’ à Sébastien et il a fait une épingle à droite. Il avait perdu sa concentration. Deuxièmement, nous savons que ce rallye est tellement particulier qu’il faut être rapide pour voir les passages délicats et être confiants à l’avenir. L’équipe en était consciente et nous avions de toute façon dit que nous respecterions les consignes. C’était pour notre expérience », a-t-il indiqué.
Cet épisode aura ravivé les tensions qui règnent entre les pilotes de l’équipe Citroën, quelques jours après la prolongation de deux ans de Sébastien Loeb.
Ogier a lui aussi un contrat en poche mais les évènements de ce weekend soulèvent quelques interrogations quant à son avenir… et certains le voient déjà en partance pour une autre équipe.