C’est ni plus ni moins qu’un triple programme qui attend Frédéric Makowiecki cette saison, avec le Championnat du Monde GT1 (Ford GT Marc VDS), l’Intercontinental Le Mans Cup (Ferrari F458 Luxury Racing) et le Blancpain Endurance Series (Aston Martin DBRS9 HEXIS AMR). En tout, c’est donc pas moins d’une centaine d’heures de courses qui l’attendent. Mako fait partie des pilotes les plus talentueux, peu importe la catégorie GT où il roule, et on ne peut qu’être ravi qu’il trouve enfin de quoi s’exprimer pleinement en Endurance. Associé depuis plusieurs saisons au team HEXIS AMR de Philippe Dumas et Clément Mateu, Fred devra toutefois se battre contre son ancienne équipe en World GT1, pour mieux la retrouver en Blancpain Endurance Series. Avant de partir pour le Portugal où il va tester pour la première fois la Ford GT, Fred revient avec nous sur ses différents programmes.
Laurent Mercier : Fred , commençons par le World GT1. C’est un peu une surprise de te retrouver sur une Ford...
Frédéric Makowiecki : « Avec deux clash de dates, je savais que je ne pourrais pas disputer intégralement les deux championnats. Une fois mon programme Intercontinental Le Mans Cup finalisé, je ne pouvais disputer que 8 manches du World GT1. Avant cela, j’avais des contacts avec plusieurs équipes mais HEXIS AMR restait ma priorité. Le team souhaitait le même pilote sur les dix manches, ce que je conçois. Marc VDS Racing m’a ensuite contacté et tout s’est finalisé assez rapidement. Ils souhaitent avoir une bonne paire de pilotes sur les huit manches pour engranger un maximum de points. Je pense qu’il est possible d’aller chercher le titre. Je vais tout faire pour aider Maxime (Martin) à être champion. »
Tu tenais absolument à poursuivre en World GT1 ?
« Disons que j’aurais été un peu frustré de ne pas y participer ! Malheureusement, ce championnat n’a pas eu l’aura qu’il aurait dû avoir. C’est pour moi l’un des plus beaux championnats GT de ces dernières années. J’ai envie de continuer en GT1 comme j’ai envie que le championnat continue. SRO a énormément oeuvré pour que la première année se fasse et il faut maintenant pérenniser pour le futur. Tout le monde sait que c’est difficile à mettre en place sachant que les GT1 ne peuvent rouler dans un seul championnat. »
L’autre bonne surprise est ton arrivée en Endurance où tu vas rivaliser avec les ténors de la catégorie GT2. Une nouvelle corde à ton arc ?
« Je voulais me tourner vers les grosses courses d’endurance pour me rapprocher d’un constructeur. La contrainte de Luxury Racing était de savoir si les autos allaient être retenues. Le programme s’est monté assez tôt, mais dans la discrétion. Cela n’aurait servi à rien de faire des annonces sans savoir si nous pouvions les honorer. Le team a donc deux autos aux 24 Heures du Mans et deux en ILMC. C’est fantastique pour l’équipe. Il y a une vraie volonté de bien faire en ILMC et au Mans avec Luxury. Ce n’est que le début et il va maintenant falloir aller à la bagarre (rires). Tout le monde a beaucoup de choses à découvrir. On va tous pousser dans le même sens pour monter en puissance au fil des courses. Nous allons nous servir des deux premières courses pour arriver fin prêt au Mans. Le shakedown des deux autos se fera fin février, soit quelques jours seulement avant de les envoyer vers Sebring. »
Le trio de pilotes sera le même pour l’ILMC et Le Mans ?
« Oui ! A un moment, nous avions envisagé de ne mettre que deux pilotes pour les manches de six heures mais finalement la cohésion n’en sera que meilleure à trois. Nous devons apprendre à nous connaître pour nous exprimer à fond. Stéphane (Ortelli) et Jean-Denis (Deletraz) n’ont plus rien à prouver en sport automobile. Nous allons jouer notre carte à fond. Le team se structure petit à petit et s’appuie sur Springbox Concept. Michelotto nous apporte également son soutien pour le côté ingénierie. Ils ne sont pas avares de conseils. A nous de nous en servir le plus correctement possible. »
Le but est d’apprendre pour cette première saison et pourquoi pas d’aller titiller les ténors ?
« L’auto est bonne et je pense qu’elle sera redoutable. Il n’y a aucune raison pour que l’on soit loin. Cependant, l’Endurance n’est pas du sprint. Dès que l’occasion se présentera de jouer sur le devant, nous ne nous priverons pas. Ramener au moins une victoire serait bien. Luxury Racing tient à faire les choses bien, sans brûler les étapes. L’écurie veut être l’une des belles équipes d’endurance. »
Malgré un programme déjà bien chargé, tu rouleras aussi en Blancpain Endurance Series avec HEXIS AMR. Comment vois-tu cette nouvelle série ?
« C’est tout nouveau pour tout le monde et nous pensons que nous allons retrouver des équipes affûtées aux courses d’endurance, ce qui n’est pas le cas d’HEXIS AMR. Le team a pensé que c’était une bonne démarche que d’y aller, même si nous arrivons un peu sur la pointe des pieds. Je vais rouler avec deux coéquipiers de grande valeur, que sont Gilles (Vannelet) et Henri (Moser). Ils se connaissent bien et leur palmarès parlent d’eux mêmes. Il y a de quoi faire les choses bien avec comme juge de paix les 24 Heures de Spa. L’Aston Martin DBRS9 va encore évoluer avant l’arrivée d’une nouvelle auto en 2012. Je ne me fais aucun souci car je sais que HEXIS AMR fait les choses bien. Nous avions de toute façon très envie de faire un programme conjointement. »
La prochaine étape sera le prototype ?
« Je me concentre déjà sur le présent à 200%. J’ai la chance de rouler dans les trois catégories GT et on verra plus tard pour le prototype. Je ne souhaite surtout pas brûler les étapes. J’ai reçu des propositions pour rouler en prototype, mais pas pour un programme complet. Selon moi, il faut rouler aux maximum pour pouvoir appréhender du mieux possible cette catégorie. Il va y avoir pas mal de choses nouvelles pour moi cette saison. Je n’ai que deux courses à mon actif (ndlr : dont une victoire) en GT2 avec l’Aston Martin Vantage. J’ai maintenant la chance de découvrir l’endurance dans une catégorie où la lutte est féroce. On peut voir qu’après trois ou quatre heures, les leaders sont encore roues dans roues. Cela donne envie d’en faire partie. J’ai la chance d’y être. Les Etats-Unis sont pour moi une grande inconnue mais j’ai hâte d’y être. Je sais que Stéphane (Ortelli) nous sera d’une grande aide car c’est une philosophie qu’il connaît bien. C’est une chance de l’avoir avec nous ! »
Soyez sûrs que nous relaterons pas à pas les exploits de Fred au gré de ses programmes tout au long de la saison...
Propos recueillis par Laurent Mercier