Au Sanremo, on a toujours bien aimé la nuit. C’est pourquoi le découpage du rallye a son originalité.
Vendredi 24 septembre, à partir de 13 heures, la première étape débute par trois spéciales pas trop longues, l’une à parcourir une seule fois, les deux autres deux fois, puis, après un retour au parc, les trois tronçons chronométrés disputés dans l’après-midi sont mis bout à bout pour ne plus en former qu’un seul, long de 44km, dont le départ n’est pas prévu avant 22h09, afin que l’obscurité soit complète pour tout le monde.
Cette originale difficulté s’appelle la « Ronde », car le départ et l’arrivée sont distants de quelques kilomètres à peine.
Elle rend une visite – rapide – à tous les villages de l’arrière-pays : Perinaldo, Apricale, Baiardo, San Romolo. A Sanremo, la tradition de la « Ronde de Nuit » dure depuis plus de trente ans. En 1981, Michèle Mouton a dû faufiler son imposante Quattro dans ce dédale de routes étroites et tortueuses pour remporter sa première victoire mondiale.
« A l’époque, les équipages avaient l’habitude de conduire dans le noir, se souvient Marc Van Dalen, team manager de l’équipe Peugeot Belgique-Luxembourg. La nuit, la route ne se dessine pas et ne se lit pas de la même façon que de jour, mais l’obscurité faisait partie de leur quotidien. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Thierry Neuville va vivre une expérience totalement nouvelle. »
Les conditions de visibilité, la façon dont la rampe de phares détache les reliefs ne sont pas les seules choses que va découvrir Thierry. Il y a aussi la durée de l’effort. Il n’y a pas que la « Ronde ». Le lendemain, la boucle finale à couvrir deux fois comporte deux spéciales longues de 30km chacune.
« A Sanremo, cela n’arrête pas de monter, de descendre, puis de remonter, poursuit Van Dalen. Cela tourne et cela tourne encore. C’est étroit. C’est tortueux. On change sans cesse de vitesse et on exige toujours plus des pneus et des freins. Après l’appréhension du pilotage de nuit, la deuxième clé du succès, à Sanremo, est de réussir à garder une voiture au comportement homogène du début à la fin de chaque longue spéciale et, bien entendu, sur les 44km de la Ronde. Il faut être à l’écoute de ses freins, de ses pneus, les sentir afin qu’ils gardent une efficacité constante et optimale. Là aussi, Thierry va vivre une expérience unique, qui lui sera tellement utile pendant toute la suite de sa carrière. »
En fonction du niveau du plateau, plus impressionnant, encore, qu’à Ypres ou au Barum, l’équipe Peugeot Belgique-Luxembourg partage l’état d’esprit de son pilote : elle ne se donne aucun objectif en matière de résultat.
« Que Thierry soit à l’arrivée et ce sera du tout bon pour l’avenir, conclut Adelheid Terryn, Directrice des Relations Extérieures.
Bon à savoir
— Sanremo est une ville de 55.000 habitants, environ, située en bord de Méditerranée, sur la riviera italienne, à une trentaine de kilomètres de Menton et de la frontière avec la France.
— En dehors de son rallye, la ville est célèbre pour son Festival de la Chanson, qui se déroule chaque année, en mars, depuis 1951. Elle est aussi l’arrivée de la classique cycliste Milan-Sanremo. Elle est une des quatre seules villes italiennes à avoir un Casino.
— Alfred Nobel a passé les dernières années de sa vie à Sanremo, dans une villa de style mauresque. Rachetée et restaurée par la ville, elle a été transformée en un musée sur les découvertes et inventions du XIXème siècle.
— La première édition du Rallye Internazionale di Sanremo s’est déroulée en 1928, ce qui fait de la « classique » italienne une des plus anciennes du calendrier, après le Monte-Carlo voisin, né en 1911.
— Suite à plusieurs interruptions dans son organisation, le Rallye di Sanremo en est, en 2010, à sa 52ème édition.
— Le Rallye di Sanremo fait partie de l’IRC depuis la création de celui-ci, en 2006, sous le nom d’International Rally Challenge, avant de devenir, à partir de 2007, l’Intercontinental Rally Challenge.
— De 1961 à 1967, le nom officiel de l’épreuve fut le « Rallye dei Fiori » (Rallye des Fleurs), en référence à la culture-vedette de l’époque, pratiquée dans les serres construites à flanc de coteau. L’épreuve se déroulait alors en mars, avec enneigement fréquent du parcours.
— Le Rallye dei Fiori se déroulait surtout sur la terre. Puis les routes de l’arrière-pays de Sanremo ont été asphaltées et l’épreuve est devenue, jusqu’en 1978, un rallye goudron.
— Le Rallye d’Italia Sanremo-Sestrière (nom adopté en 1970 et 1971) fut une des épreuves fondatrices du championnat international des marques, créé en 1970 et ancêtre du championnat du monde des rallyes.
— Sous sa dénomination actuelle de Rallye di Sanremo, l’épreuve fut la manche italienne du championnat du monde des Constructeurs – qui ne s’appelait pas encore WRC – depuis sa naissance, en 1973, jusqu’en 2003, en une présence ininterrompue, à la seule exception de 1995 (première rotation, 1994/96).
— De 1979 à 1996, le Rallye di Sanremo est une épreuve « mixte », avec une première étape sur goudron, dans la région de Sanremo, puis deux ou trois journées sur terre, en Toscane, avant la dernière nuit, de nouveau sur goudron, disputée dans l’arrière-pays de Sanremo.
— Depuis 1997, l’épreuve se déroule exclusivement sur goudron. La volonté de Sergio Maiga, l’organisateur actuel, de retourner en Toscane afin d’y retrouver la terre a été reportée – au plus tôt – à 2011.
— Un Belge a remporté le Sanremo. Il s’agit de Christian Delferier, vainqueur en 1977, aux côtés de Jean- Claude Andruet, sur une Fiat 131 Abarth engagée par Fiat France.
— Kronos Racing, le préparateur de la 207 S2000 alignée par Peugeot Belgique-Luxembourg, est le dernier vainqueur du Sanremo, grâce à Kris Meeke et Paul Nagle, sur la 207 S2000 engagée par Peugeot UK et victorieuse en 2009.