Stéphane Lémeret était ce week-end sur le Paul Ricard HTTT au volant de la Ferrari 430GT n°61, engagée en catgorie GTE-Am par AF Corse, qu’il partageait avec Piergiuseppe Perazzini et Marco Cioci. A l’issue de ces essais le pilote belge a confié ses impressions à son compatriote Patrick Six.
Stéphane, satisfait de tes deux journées de tests ?
« Oui ! J’ai désormais l’impression de bien maîtriser la voiture. D’ailleurs, j’ai eu l’occasion de faire le meilleur temps de l’auto, à moins d’un dixième du meilleur chrono de la catégorie, signé par Nicolas Armindo sur la Porsche IMSA Performance-Matmut. »
La hiérarchie établie à l’issue de ces deux journées d’essais est serrée. Le signe d’une bagarre de tous les instants ?
« Oui, ce sera serré, c’est sûr. Ce qui est sympa, c’est aussi de voir que nous ne serons pas largués par rapport aux GTE-Pro. Dans certaines conditions, on pourrait même se battre avec eux. En tout cas, il n’y aura pas réellement deux pelotons en GT2 : je pense que les derniers Pro vont être mélangés avec les meilleurs Am. »
Avez-vous procédé à des simulations type endurance ?
« Nous avons effectivement fait quelques longs runs pour vérifier la tenue des pneus sur longue distance. Avec de très bons résultats. »
Les conditions de piste ont-elle été assez favorables pour établir un set-up proche de celui pour lequel vous opterez dans un peu plus de 15 jours ?
« AF Corse connaît tellement bien la F430 que nous n’avons pas vraiment beaucoup de set-up à faire. Quand nous changeons quelque chose, c’est vraiment du « fine tuning » donc non, les conditions ne nous ont pas trop ennuyés pour ça. »
Comment juges-tu le comportement des pneus fournis par Michelin ?
« C’est vraiment fabuleux. Avant nos premiers essais à Estoril, je n’avais encore jamais roulé avec des pneus « confidentiels » et c’est vraiment le jour et la nuit avec les pneus clients. Non seulement leur grip est incroyablement plus élevé mais en plus ils tiennent une heure et demie quasiment sans faiblir : on peut taper dedans d’un bout à l’autre. Vraiment impressionnant, je ne savais pas que c’était possible de prendre autant de G, qui plus est aussi longtemps ! »
Avez-vous une idée du nombre de relais qu’ils seront en mesure de tenir ?
« A priori nous ne ferons pas de doubles relais car après un peu moins de deux heures ils commencent vraiment à déguster. Mais c’est le cas pour tout le monde. »
La différence face aux adversaires se fera-t-elle donc sur la consommation d’essence ou l’homogénéité des équipages ?
« Surtout l’homogénéité des équipages. Dans la classe GTE-Am, les pilotes amateurs feront la différence. »
Régler une voiture pour trois pilotes n’est pas chose aisée. Sera-t-elle plutôt survireuse, sous-vireuse ou neutre ?
« Nous avons globalement une tendance au sous-virage. Cela semble convenir à chacun. »
Giancarlo Fisichella et Gianmaria Bruni partagent-ils leurs impressions avec les autres membres du AF Corse ou font-ils bande à part ?
« J’ai mangé avec Giancarlo samedi midi et il m’a donné quelques infos sur la 458. Il est sympa et s’entend surtout très bien avec Marco Cioci, qui est Romain, comme lui. Pourtant, ils ne supportent pas le même club de foot mais ne me demandez pas qui est pour quel club romain car je n’y connais rien en foot ! »
Une voiture en LMP2, deux en GTE-Pro, une en GTE-Am, cela ne risque-t-il pas de procurer un surcroît de travail à la formation transalpine ?
« Ca m’inquiétait un peu avant de signer et j’avais peur qu’on soit un peu la cinquième roue du carrosse mais ce n’est vraiment pas le cas. L’équipe est vraiment très bien structurée et nous ne manquons de rien. Les méthodes de travail sont très différentes de chez Vitaphone et de chez WRT mais ça marche donc je suis très heureux chez AF Corse. Le fait que j’ai signé un très bon chrono vendredi a fini de me faire adopter et désormais je me sens vraiment en confiance, déjà membre de la famille. Amato Ferrari et mon ami Batti, le team manager, semblent vraiment très contents, donc tout va bien. »
La F430 est éprouvée. Les tests collectifs servent-ils plutôt aux pilotes qui cherchent à en tirer le maximum ou des développements sont-ils toujours d’actualité ?
« Cela sert en effet surtout aux pilotes. AF Corse onnaît tellement bien la voiture que nous pouvons vraiment nous concentrer sur notre recherche de performance. C’est agréable, même si quelque part, le travail de mise au point me manque déjà un peu. La voiture est vraiment au bout de son développement donc les pilotes ne doivent pas trop se creuser la tête ! »
Rouler devant des tribunes vides lors de séances de mise au point comme ce week-end trouves-tu cela regrettable ?
« Ah bon, les tribunes étaient vides !? Oui, c’est vrai, ça ne m’avait pas frappé. On est là pour travailler donc on n’y fait pas attention. Espérons quand même qu’il y aura du public pour la course. En tout cas, pour Spa je n’ai pas de doute à ce sujet. »
Qui pointes-tu comme tes plus sérieux adversaires ?
« Ces essais ont confirmé ce que je pensais : la Porsche IMSA de Armindo-Narac sera la voiture à battre. Nous avons nos chances mais il faudra se montrer malins car en vitesse pure ils risquent d’être un peu devant, en tout cas au Castellet et à Spa. A Imola et Estoril, circuits moins rapides, nous serons mieux. »
Propos recueillis par Patrick Six