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Tim Greaves : le présent et l’avenir du Greaves Motorsport

Interview avec le patron

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Après les 24 Heures du Mans et l’annonce d’une nouvelle participation de Martin Brundle au World Endurance Championship aux côtés de son fils Alex et de Lucas Ordoñez, Tim Greaves, Team Principal de Greaves Motorsports, a livré quelques réflexions sous forme de questions-réponses, en évoquant l’avenir du Greaves Motorsport.

Quelle est la réaction du team après la victoire en LMP2 pour une autre équipe de Tom Kimber-Smith, pilote du Greaves Motorsport ?

« Tout le monde chez Greaves Motorsport a été vraiment ravi pour Tom. Cela démontre l’étendue et l’adaptabilité de son talent, sautant d’une voiture à l’autre. Nous allons être très contents de le voir à nouveau avec le team à Donington, tentant de poursuivre sa série gagnante. »

Au Mans, la Zytek n°42 a battu la Zytek n°41 de façon peut-être inattendue, quels ont été les facteurs de ce résultat ?

« Bon, tout d’abord, la Zytek #42 a eu quelques problèmes qu’on ne pouvait prévoir. Nous avons eu un problème inhabituel avec la courroie d’alternateur que nous cherchons encore à comprendre tout comme l’autre problème que nous avons rencontré, un accélérateur bloqué. Nous avons eu fait le Mans quatre fois avec la châssis Zytek, et la n°42 a semblé attirer tous les problèmes que nous avions rencontrés et, avec une catégorie LMPZ aussi compétitive cette année, chaque moment perdu est presque impossible à rattraper."

"L’équipage de la Zytek #41 avait un plan pour la course, qu’ils ont suivi, et le superbe résultat qu’ils sont obtenu en est la conséquence. A beaucoup d’égards Ricardo Gonalez a été la découverte de l’épreuve, en étant rapide et régulier dès le départ. Il a fait deux quadruples relais qui ont vraiment contribué au rythme de la voiture et a bien ménagé les pneumatiques, il a apporté une contribution énorme. Elton Julian également qui a été le vrai professionnel que nous attendions de lui. Christian Zugel a fait sa part du plan à la perfection et a illuminé le paddock avec son sourire à la fin de la course ; ils méritent les plus hauts compliments. »

Quel effet cela fait-il de faire courir pour la première fois deux voitures ?

« C’est comme lorsqu’on a deux enfants, la somme des efforts nécessaires pour conserver le contrôle est plus grande que s’il n’y en a qu’un. Le côté le plus difficile est peut-être est de conserver l’équilibre de l’équipe entre les deux voitures, particulièrement du côté psychologique. C’était dès le début un challenge mais je suis certain que nous avons réussi à maintenir le bon équilibre, au moins autant que nous le pouvions. »

Il a été annoncé maintenant que la Zytek #42 et son équipage vont courir la manche du WEC FIA à Silverstone, comment pensez-vous que cela se passera, étant donné les performances de l’équipe au Mans ?

« J’espère que la voiture se battra pour la victoire en LMP2 à Silverstone. Au Mans, j’ai été impressionné par le rythme des trois pilotes ; peut-être que plusieurs autres teams ont traité Le Mans comme une course sprint prolongée, nous avons adopté une approche plus conservatrice. Nous nous sommes battus toute la nuit avec des problèmes d’accélérateur, ce qui nous a coûté du temps. Nous pouvions pratiquement faire 12 tours avec le plein mais c’était très marginal et plutôt que de tomber en panne d’essence nous avons ravitaillé tous les 11 tours. Nous aurions peut-être besoin d’une jauge sur le volant pour aider les pilotes à réduire la consommation pendant un relais. C’était possible de faire un tour supplémentaire comme Christian et Alex ont réussi à le faire pendant le temps qu’ils ont passé au volant. Si on prend en considération la cadence d’Alex à ce moment-là, c’était une réussite considérable de faire ce tour supplémentaire avec une marge de sécurité suffisante. Le rythme de Martin, particulièrement, a été une surprise, une surprise très agréable et son feedback technique et sa clarté de pensée ont été très impressionnants. Ses debriefings ont été exceptionnels, il a montré qu’il était un vrai professionnel, nous avons tous appris beaucoup de lui. C’est pourquoi ce sera super de travailler avec l’équipage de la n°42, nous avons maintenant deux voitures visant la plus haute marche du podium. »

Nous croyons comprendre que Bahrain pourrait ne pas être au programme de la Zytek #41. Qu’en est-il ?

« Le fait de gérer une affaire d’investissements très importante et de participer aux quatre courses lointaine en septembre et en octobre a été un problème pour Christian mais nous nous sommes décidés maintenant à y aller avec l’équipage. Comme Christian lui-même l’a dit : « On ne casse pas une équipe qui gagne. »

Quel est votre point de vue sur la Nissan Delta Wing ? Comment voyez vous la suite ?

« En réalité la Nissan Delta Wing était le seul prototype sur la grille de départ au Mans. Cela a montré que l’innovation était encore possible en sport automobile. Je pense que la prochaine étape dans sa carrière serait de courir dans une Série monomarque où le développement de la voiture et les règlements peuvent être optimisés. »

Où va le LMP2 selon vous, spécialement avec le nouveau programme Mazda ?

« Il y a une vraie success story du moteur Nissan LMP2, qui était un projet initié par Greaves Motorsport et nous nous sommes placés parmi les premiers à le commander. Le moteur est devenu victime de son succès pour le plus grand bien de Nissan. L’ACO veut de la diversité au niveau des châssis et des moteurs. Cependant, cette diversité a un coût qui va à l’encontre du cost-capped. La diversité signifie que le fournisseur de châssis ou le constructeur du moteur puisse couvrir les coûts de développement et faire des profits restreints. Je pense que cela est bien mieux expliqué dans le livre The Gorilla Game : choisir les gagnants dans la haute technologie que je résume comme le plus grand et que le meilleur gagne toujours. C’est la façon dont a été fait le sport automobile ces dernières années. La seule façon d’avoir un vrai coût maîtrisé est que tout le monde puisse rouler avec le même équipement, ce qui entre en conflit avec ce que veut l’ACO. Greaves Motorsport a dépensé 300 000 euros dans les moteurs Nissan et l’introduction d’une variante de moteur dans la catégorie LMP2 fera que cet investissement sera encore plus élevé. Je ne pense pas que cela affectera le programme Mazda turbo diesel mais on doit toujours se méfier des changements de ce style. Sur le plan pratique, lorsque l’on regarde les coûts de notre programme de course et le niveau d’amortissement utilisé sur le modèle financier, quelle somme doit-on dépenser pour gagner et sur combien de temps ? De un à cinq ans ? Cela fait une différence énorme pour le ratio risque/récompense. »

Que retenez-vous de la performance de Lucas au Mans ?

« Il a été brillant et performant. Il s’est très acclimaté avec la famille Brundle et a apporté une contribution majeure à toute l’équipe durant les 24 Heures du Mans. Il n’a pas commis d’erreurs. »

Quelles sont les perspectives pour la suite de la saison ?

« En Championnat du Monde d’Endurance, nous sommes à la quatrième place parmi un plateau très relevé avec la #41. Nous avons une équipe solide qui est capable de se battre pour le titre jusqu’au bout dans le dernier tour de la dernière course. Nous sommes optimistes pour terminer dans le tiercé de tête du Championnat du Monde. Avec la #42 engagée en European Le Mans Series, nous avons ce qu’il faut pour viser la victoire. Nous aurions dû remporté la première course au Castellet mais les petites erreurs coûtent beaucoup cette année. Il sera difficile de récupérer les points perdus, en particulier suite à l’annulation du meeting de Zolder. Notre but est de gagner les trois manches restantes pour rester dans la course au titre. »

Quel sera l’avenir du Greaves Motorsport en 2013 ?

« Au moins la même chose mais en mieux ! Nous aimerions vraiment avoir à nouveau Martin à nos côtés dans la voiture au Mans l’année prochaine, mais cela dépendra de ses engagements en Formule 1 et du conflit de date avec le Grand Prix du Canada. En fait, nos plans seront déterminés par les calendriers du Championnat du Monde d’Endurance et de l’European Le Mans Series. Ce n’est qu’à ce moment-là que nous pourrons prendre une décision. »

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