Xavier Mestelan-Pinon est le responsable technique de Citroën Racing.
Revenons sur le Rallye du Mexique, où Citroën a réalisé son premier triplé sur terre. A quoi
attribuez-vous cette domination ? On parle beaucoup de l’adaptation du moteur à l’altitude…
« Avant toute chose, je pense que nous avons fait une belle course : les C4 WRC ont bien fonctionné, sans connaître le moindre souci de fiabilité, et nos pilotes étaient particulièrement satisfaits du comportement de leurs voitures. Au même titre que le set-up retenu pour les suspensions, l’adaptation de la cartographie moteur et des rapports de boîte de vitesses à l’altitude des spéciales mexicaines était effectivement une des clés du succès. Cependant, il n’y a pas de recette miracle : les moteurs que nous avons exploités au Mexique n’avaient rien de spécifique sur le plan mécanique. Le règlement ne l’autoriserait d’ailleurs pas, puisque ces moteurs devront également être utilisés en Turquie et au Portugal. »
Changeons de décor avec le Rallye de Jordanie. Quels sont les défis à relever pour cette épreuve ?
« C’est un rallye que nous rangeons dans la catégorie ‘bonne terre’. Le revêtement est relativement lisse et le sol très dur. Une fois balayées, les spéciales offrent beaucoup de grip. Ce sont les pneus qui seront soumis à la plus rude épreuve. Dans la mesure où de nombreux virages sont ‘en aveugle’ et que les spéciales sont bordées de grosses pierres assez peu accueillantes, nous nous sommes attachés à définir des réglages favorisant la précision du pilotage. Enfin, il peut faire très chaud dans la région. Une situation que la mécanique comme les hommes n’apprécient que modérément… »
On parle beaucoup de balayage en WRC. De quoi s’agit-il exactement ? Pourquoi choisir de perdre du temps en fin d’étape ?
« Toutes les voitures empruntant la même trajectoire, la fine couche de poussière qui recouvre la route est balayée au fil du passage des voitures. Ce phénomène provoque du patinage en sortie de virage, une perte de grip au freinage et une moins bonne tenue latérale. Sur un terrain très sinueux avec un sol dur, le handicap peut se chiffrer jusqu’à 3/10e au kilomètre entre le premier et le deuxième sur la route ! Évidemment, les pilotes doivent s’adapter à ces conditions. Sébastien Loeb, qui a beaucoup balayé ces dernières saisons, adopte un style très propre en évitant de glisser. Les stratégies auxquelles nous
sommes parfois obligés de recourir à la fin de la première ou de la deuxième journée s’expliquent facilement. Il faut estimer le temps que l’on peut perdre en ouvrant la route le lendemain et le comparer à l’avance dont on dispose. Il est parfois intéressant de perdre une dizaine de secondes si on pense en gagner vingt le lendemain ! »