Le 15e succès de Jari-Matti Latvala obtenu ce week-end sur le Tour de Corse est important pour le Finlandais. Tant d’un point de vue pragmatique que personnel.
En devançant de 43.1s le jeune Elfyn Evans, Latvala a cimenté sa deuxième place au classement général à deux manches de la fin de saison. Il est désormais difficile de voir son plus proche rival, son équipier chez Volkswagen Andreas Mikkelsen, rattraper les 34 points de retard qu’il accuse.
Douze mois après son premier succès sur l’asphalte français, en Alsace, la performance de Latvala souligne la complémentarité de son pilotage. Le pilote Volkswagen dispose désormais de la panoplie complète pour briller sur toutes les surfaces.
Si les Finlandais excellent d’habitude sur les terrains glissants, on ne peut pas en dire de même sur asphalte. Le seul Finlandais à avoir dominé les routes sinueuses et étroites du Tour de Course auparavant était Markku Alén, vainqueur en 1983 et 1984.
“C’est super qu’un Finlandais gagne ici”, indiquait Latvala. “Il y a beaucoup de pilotes français qui ont gagné ce rallye et ce succès démontre que nous pouvons être bons sur asphalte, en plus de la terre et de la neige.”
Mais derrière le discours corporate de Latvala, on distinguait la grande émotion qui le réjouissait tant de sa victoire. Le parc d’assistance de Corte se situait à peine à quelques kilomètres de l’endroit où Henri Toivonen perdit la vie il y a 29 ans dans un horrible accident qui mettait fin presque immédiatement à l’ère du Groupe B.
S’il n’avait qu’un an au moment des faits, Latvala est un grand connaisseur de l’histoire du rallye et dispose d’un savoir presque encyclopédique des exploits de son compatriote.
“Il avait 29 ans au moment de son accident et j’en ai 30. Il avait mon âge, celui où un pilote de rallye atteint son maximum car il possède de la maturité, de l’expérience et la vitesse pour obtenir de bons résultats”, contait Latvala à wrc.com.
“Henri était au sommet de son art. Il disposait de la meilleure voiture et avait une équipe fantastique. Il avait débuté l’année en s’imposant au Monte-Carlo et il mené en Suède avant une casse moteur. Il avait tout pour lui et cela s’est terminé d’une manière si brutale.”
“C’est difficile de l’accepter. En venant en Corse, j’ai pensé à ce qui lui est arrivé. Son avance était énorme avant l’accident. J’ai essayé de ne pas trop y réflechir car ce n’est jamais bon pour se préparer à l’épreuve."
“L’époque des Super Car était différente aussi. Quoiqu’il arrive, vous ne devez pas trop y penser quand vous menez car cela embrouille votre esprit."