Juan Manuel Correa a raconté pour la première fois en détails l’accident qu’il a subi à Spa-Francorchamps fin août en F2, et dans lequel Anthoine Hubert est décédé. Accusé de ne pas avoir ralenti par certains observateurs, il a révélé que sa voiture a été bloquée par des débris de celle de Giuliano Alesi.
"Quand je suis passé dans le Raidillon, j’ai roulé sur les débris de la voiture d’Alesi qui se sont mis sous les roues avant, les ont soulevées, et j’ai tiré tout droit, avec la malchance qui m’a fait atterrir dans la voiture de Hubert" précise-t-il.
Il explique que l’enquête de la FIA, dont le rapport n’a pas été publié, a conclu les mêmes faits que lui : "C’est très clair. J’ai eu des réunions avec la FIA, c’était un accident avec beaucoup de malchance, un grand enchaînement d’événements ayant impliqué quatre ou cinq voitures."
L’Américain a subi un choc de 70G et n’a pas perdu connaissance, mais il a subi de lourdes blessures pulmonaires et aux jambes, dont il risque de garder des séquelles : "Aucune enquête ne changera le fait qu’une année difficile m’attend."
"Malheureusement, il est très probable que je ne récupère jamais complètement l’usage de ma jambe. Mais je me battrai pour récupérer assez pour pouvoir accélérer de nouveau."
Il admet que sa convalescence à l’hôpital n’a pas été simple : "Il m’a fallu plusieurs semaines pour tout accepter, c’est difficile à comprendre avec les médicaments antidouleur. Il m’a fallu du temps mais je suis pragmatique, rien ne changera ce qui s’est passé et je dois faire au mieux."
"Bien sûr, je ressens de la tristesse, Anthoine était un bon ami, mais je ressens maintenant le besoin de revenir, non seulement pour moi mais aussi pour lui. C’est un accident qui a changé ma vie, pas seulement physiquement, mais aussi mentalement."
"Quand vous avez une expérience si proche de la mort et que vous en sortez vivant, vos yeux s’ouvrent plus loin que le sport automobile. Il y a eu des moments à l’hôpital où je n’étais pas sûr de vouloir encore courir."
En effet, il a pensé aussi à sa vie, indépendamment de sa passion : "J’ai réalisé que la course n’est pas le plus important c’est ma passion, mais un accident comme celui-ci vous montre les priorités, et ma priorité était ma santé et ma famille."
"J’ai eu le temps de réfléchir, ma passion est toujours la course. Un ami m’a demandé si ça met fin à mes espoirs de F1, et je lui ai dit qu’un accident n’y met pas fin, il vous fait penser à ce que vous êtes prêt à risquer pour un rêve. Et j’ai décidé que je veux continuer, car c’est mon rêve."