Romain Grosjean a disputé pour la première fois de sa carrière le Rolex 24. Au volant de la Lamborghini Uracan EVO GT3 d’Iron Lynx, il a découvert les défis des longs relais de ces 24 Heures de Daytona, mais explique que ce n’était pas le paramètre le plus difficile à gérer, contrairement au trafic.
"Pour moi, ce n’est pas tant le temps passé dans la voiture, car sur les circuits ovales comme l’Indy 500, nous pouvons atteindre trois heures, quatre heures, juste à cause de la voiture de sécurité" a déclaré Grosjean à GQ. "Donc le temps n’est pas ce qui le rend difficile."
"C’est plutôt qu’ici, nous sommes dans des voitures de GT, donc nous sommes les plus lents sur la piste. Et il y a quatre catégories différentes de voitures, donc il y a toujours des gars qui passent."
"Et nous avons un spotter qui nous dit ’ça vient à droite, ça vient à gauche’, etc. Mais il faut vraiment essayer de conduire du mieux que l’on peut en sachant qu’il y a d’autres gars autour de vous qui vont aller plus vite parce qu’ils ont une voiture plus rapide. Ils sont aussi dans leur course."
"Il s’agit donc d’une charge mentale, et c’est pourquoi il faut bien se reposer avant la course. Vous devez, entre vos relais, essayer de vous reposer. C’est physiquement exigeant, mais ce n’est pas énorme - c’est plus mentalement que vous rechargez vos batteries."
Un "défi" de se faire dépasser par des prototypes
Un des défis est de ne pas perdre de temps en se faisant dépasser par des voitures beaucoup plus rapides. Grosjean, qui connaissait ce type de manœuvre en F1 chez Haas, a découvert la difficulté des rythmes très différents.
"C’est la beauté de l’endurance, il y a beaucoup de catégories différentes. Donc oui, il y a des voitures qui sont 10 à 15 secondes plus rapides que nous par tour, et elles arrivent vite. Il faut aussi une capacité à ne pas perdre de temps en se faisant dépasser par une voiture plus rapide."
"Parce que c’est génial d’être un dixième plus rapide que les autres sur un tour. Cela signifie que vous gagnez une seconde sur 10 tours. Mais si vous perdez une seconde à chaque fois que vous êtes dépassé par une voiture, ça ne sert à rien."
"Il s’agit donc de trouver le bon équilibre entre les endroits où l’on peut être dépassé, comment ne pas perdre de temps, comment jouer cette carte du mieux que l’on peut. C’est un vrai défi, mais c’est aussi ce qui fait la beauté de la chose."
Grosjean "aime l’expérience" des 24 Heures du Mans
En 2024, Grosjean disputera les 24 Heures du Mans au volant du prototype LMDh de Lamborghini. Un retour dans la Sarthe, 14 ans après sa seule participation au volant d’une Ford GT de GT1. Il revient sur cette expérience difficile, marquée par un abandon inévitable.
"Nous savions que nous n’allions pas finir quand nous avons pris le départ. Nous avions deux moteurs : un pour toute la semaine et les qualifications, et un pour la course. Et quand ils ont monté le moteur pour la course, un gars a perdu un boulon dans le moteur."
"Ils ont démarré le nouveau moteur et l’ont fait sauter. On est donc revenu à celui des qualifications et des essais, et on savait qu’il n’irait pas jusqu’au bout. Heureusement, il a explosé quand j’étais dans la voie des stands, donc je n’ai pas eu à marcher trop loin."
"Mais je me souviens avoir abandonné la course, avoir pris mes vêtements habituels et être allé à la chicane Dunlop, le premier virage, juste pour regarder les voitures, parce que j’adore la course. J’aime l’expérience."
"C’est assez drôle. J’ai trouvé une interview que j’ai faite pour un journal français très célèbre à l’époque, disant ’ce n’est pas ma dernière fois.’ Maintenant, nous sommes 13 ans plus tard et je retourne au Mans. Donc c’est assez drôle."